La fin des églises? Deux nouvelles menacées de disparition à Charleroi
Saint-Éloi, à Charleroi nord, et Saint-Basile, à Couillet, pourraient disparaître. Après Sainte-Marie à Lodelinsart. Le point sur ces dossiers sensibles.
Publié le 22-03-2023 à 14h38
:focal(1958.5x1477.5:1968.5x1467.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/RVJF43SWWRDC3MLRDXEMLKDHWQ.jpg)
Après Sainte-Marie à Lodelinsart, d’autres églises du culte catholique sont promises à la disparition à Charleroi. Et pour les mêmes raisons que sur la place Edmond Gilles, près de la Ruche Verrière: il s’agit de repenser l’espace public, d’en revoir les fonctionnalités avec la volonté de remettre de la nature au cœur des quartiers.
C’était un engagement que le bourgmestre Paul Magnette avait pris avec sa majorité PS-C +-Écolo en début de mandature: veiller à ce qu’un parc, un jardin, un espace public vert soit accessible à tous les habitants dans un rayon de 500 mètres de leur domicile.
Dans le cadre du plan Places dont il assure le pilotage, l’option retenue est de raser deux nouveaux édifices religieux.
Et c’est là que ça promet des tensions: sur la place Michel Levie à Charleroi Nord, il s’agit de l’église Saint-Éloi, construite par l’architecte Auguste Cador. À la fin du 19e siècle, de 1854 à 1873, Cador devient l’architecte de la ville. Et même un peu son bouwmeester: en 1862, il présente d’ailleurs un plan d’agrandissement de la cité en plein essor industriel. Son projet qui n’a pas reçu l’assentiment des gestionnaires publics donnera place à un autre, dix ans plus tard. Auguste Cador va travailler sur plusieurs lieux de culte: c’est lui qui restaure la façade de la "basilique" Saint-Christophe, sur la place Charles II, en 1863. Lui, encore, qui participe à la restauration de l’église Saint-Martin sur la place de Marcinelle-centre en 1874. Avant de bâtir Saint-Éloi, l’année suivante.
L’autre édifice menacé, c’est l’église Saint-Basile, à Couillet. Un saint Basile qui fait référence au mécène qui en a financé la construction de 1865 à 1868: Basile Parent. Ce dernier était un richissime industriel de Couillet, il avait fait fortune dans le secteur des chemins de fer. Là encore, le projet de démolition risque de faire jaser: le lieu de culte renferme des trésors, selon certains défenseurs du patrimoine, à commencer par les grandes orgues, classées par la Région wallonne en 2009. L’église n’accueille plus de service religieux depuis 25 ans. Elle figurait déjà sur la liste de celles que l’ancienne majorité PS de Charleroi, à l’initiative de l’échevin Claude Despiegeleer, voulait rayer de la carte pour ne plus devoir en assumer les lourdes charges d’entretien.
Selon le bourgmestre, l’intérêt architectural et historique de ces deux églises désaffectées, propriétés communales, reste très relatif. Leur maintien n’est pas essentiel. Et les finances communales sont, comme on le sait, fragiles.
Selon Paul Magnette, "nous avons bien avancé avec l’évêché". Si bien que celui-ci ne devrait pas faire obstacle à leur disparition. Les deux bâtiments sont imposants en volume et en superficie au sol. Leurs fondations pourraient être préservées.
Affaire pliée ? Pas sûr. Tout le monde ne verra en effet pas d’un bon œil la démolition de ces marqueurs urbains.