"Les mots de la fin", un film poignant sur l’euthanasie
Alors que se profilent les 20 ans de la promulgation de la loi « euthanasie » (le 28 mai prochain), sort en salle « Les Mots de la fin », un documentaire réalisé par Agnès Hardy et Gaëlle Lejeune, qui relate le quotidien des consultations du Dr François Damas (hôpital de la Citadelle), devenu un référent en la matière.
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Publié le 30-03-2022 à 13h10 - Mis à jour le 30-03-2022 à 11h30
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C’est un sujet sensible, parfois tabou, mais grandement sociétal : la mort par euthanasie est un acte longuement réfléchi, accompagné par le corps médical. A l’hôpital de la Citadelle, le Dr François Damas est reconnu jusqu’au-delà des frontières, puisque plus de 20% des patients qui lui rendent visite viennent de France.
Les réalisatrices du film, Agnès Lejeune et Gaëlle Hardy, avaient déjà collaboré par le passé avec le Dr Damas. Mais pour mener à bien ce film documentaire, il a fallu convaincre les patients de témoigner. Et beaucoup ont accepté, ce qui n'étonne pas le médecin : « La consultation est un véritable enjeu personnel, mais ils savent aussi que cela peut être utile pour autrui. Il ne s'agit pas de « militer » pour la loi, mais plutôt de permettre que le débat sur la fin de vie puisse se faire. Globalement, deux patients sur dix qui viennent me voir sont Français, un pays où la pratique est interdite. Donc, parler de ce qui se fait chez nous peut faire évoluer les mentalités ».
On pourrait appréhender ces 72 minutes qui parlent de cette « mort choisie », mais le film est empreint d'énormément d'émotions positives, comme l'explique le Dr Damas : « Les longs débats que nous avons, avec les patients et leurs proches, se font dans la « vraie vie ». On cherche à préparer au mieux le moment et que cela reste un souvenir apaisant. Ce qui peut être insupportable, ce n'est pas l'acte en soi de l'euthanasie, mais bien la fin de vie d'une personne quand elle se passe dans de mauvaises conditions ».
Au gré des entretiens filmés, on se rend compte à quel point la loi euthanasie a fait évoluer les mentalités. D'autant qu'en 2000, deux médecins de la Citadelle avaient été soupçonnés d'avoir pratiqué une euthanasie, et l'un d'entre eux avait fait plusieurs jours de prison. Pour le Dr Damas, la promulgation de la loi est donc bénéfique : « Ce n'est pas du tout un texte technocratique, mais bien une liste des bonnes pratiques cliniques qui supposent et imposent de nombreuses consultations avec le patient, les proches, le médecin généraliste, des confrères… Si vous avez un doute, vous refuserez de pratiquer l'acte. Tout est humainement encadré ».