120 ans de majorité absolue à Marchin: un record sur l’arrondissement
La Commune de Marchin affiche 120 ans au compteur de la majorité absolue socialiste. Un record mais pas une fin en soi. Retour sur un passé teinté de rouge depuis 1903.
Publié le 11-02-2023 à 19h31
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Plongeons dans le passé à Marchin. En 2023, la Commune acte ses 120 ans de majorité absolue socialiste. À noter tout de même que Vyle-Tharoul, fusionnée avec Marchin en 1977, n’a pas connu que des bourgmestres socialistes. Rencontre avec l’histoire dans les locaux de l’ASBL Devenirs et avec quatre personnalités marchinoises (voir ci-dessous) qui vivent pour le rouge mais aussi et surtout pour le développement de leur Commune. Loin des habituelles poignées de main et de la bienséance formelle, Éric Lomba, Albert Deliège, Adrien Carlozzi et Michel Albert, claquent la bise. La chaleur marchinoise oblige. Ensemble, ils évoquent et racontent l’histoire et les souvenirs, même ceux qu’aucune mémoire d’homme n’a vécus.
Pour parler de Marchin, il faut donc parler de l’année 1903. Une époque que personne aujourd’hui n’a connue. Mais certains font perdurer l’histoire. Internet a Wikipédia, Larousse a son Robert et à Marchin, il y a Éric Lomba, bourgmestre de 2001 à 2020 et actuellement chef du groupe de la majorité. "Alfred Lion a été bourgmestre en 1903 dans une majorité socialiste. Mais avant 1921, le roi Léopold II ne nommait pas des bourgmestres socialistes. Il fallait que ce soient des notables, raconte le député socialiste. Dans les faits, il était premier échevin et faisait fonction de bourgmestre. C’était une anomalie anti-démocratique que le gouvernement n’a plus osé poursuivre après la guerre. Car qui s’est sacrifié à cette époque ? Les ouvriers, surtout. Alfred Lion a donc été désigné en 1921 comme bourgmestre socialiste", sur la liste POB (Parti Ouvrier Belge) devenue par la suite PSB (Parti Socialiste Belge) pour évoluer, in fine, vers le PS (Parti Socialiste). Depuis, il semblerait que les rouges qui se sont succédé à la tête de la Commune aient toujours réussi l’amalgame de l’autorité et du charme.
La carte du parti, un passage obligé
Mais évidemment, entre 1903 et aujourd’hui, la politique a évolué et le groupe socialiste a toujours su prendre la balle au bond. Michel Albert, le plus ancien militant socialiste, nous parle d’un temps que les moins de 60 ans n’ont pas pu connaître. "Je suis devenu instituteur à Marchin en 1959 et ma maman m’a dit que désormais je devais prendre ma carte de parti, se rappelle Michel Albert. On avait ainsi accès au syndicat, à la mutuelle, au magasin de la coopérative. C’était une autre époque. Je suis d’une famille qui était communiste mais j’ai choisi de prendre ma carte du parti socialiste. À l’époque, être affilié, c’était un passage obligé. Je pensais avoir plus de poids. Cependant je ne pouvais pas être inscrit sur les listes électorales car j’étais dans l’enseignement. Mais j’ai toujours milité et je me suis présenté au moment où j’ai été pensionné."
Le fil rouge de ces années de longévité ? "Quand on est socialiste, les valeurs primordiales sont la solidarité et la fraternité, répond Éric Lomba. À Marchin, c’est encore plus vrai. On a des paysans et des ouvriers qui se sont enrichis de leurs différences. Cette capacité à aller vers l’autre a enrichi notre projet politique. On a toujours travaillé avec les citoyens et dans la dynamique du partage et de la solidarité."
"C’est très mal vu une longévité politique"
Alors, fiers d’être socialiste aujourd’hui ? "Ce n’est pas un pin’s à mettre sur un costume, intervient Adrien Carlozzi. Je me dis juste que c’est qu’on est dans la bonne direction. Les Marchinois continuent de nous faire confiance et c’est ça la fierté. C’est une reconnaissance du travail accompli mais il faut continuellement se remettre en question. Rien n’est acquis." Et Éric Lomba d’ajouter: "On est presque gênés car à l’heure actuelle, c’est très mal vu une longévité politique. Avant c’était une fierté et ça le reste mais on se dit surtout que ce n’est pas une fin en soi."
Ce qui anime finalement les quatre hommes aujourd’hui c’est d’être rouges bien sûr mais surtout d’être Marchinois. Une fierté qui, elle, n’a pas de bouton d’arrêt. "Dans une société où le collectif est en déliquescence, on est forcément fiers d’être socialistes et de porter les valeurs d’entraide. Mais on est surtout des amoureux de Marchin. Est Marchinois celui qui aime Marchin", lance Albert Deliège. Que reste-t-il à souhaiter pour les 120 prochaines années ? "Que le groupe socialiste ne s’écroule pas pendant ma présidence", ironise le directeur de l’ASBL Devenirs.
Pour 2024, rien n’est encore décidé. Marchin essuie encore les revers de médaille des crises successives qui mettront les politiques locales à rude épreuve encore quelques années. Les défis à venir sont de taille. Mais même si les choses évoluent, le parti reste, lui, d’une remarquable constance.