Liège : Il se retrouve arrêté après avoir appelé pour signaler un vol…
Selon le parquet, les deux inspecteurs se sont rendus coupables d’une arrestation arbitraire et n’avaient pas de raison d’interpeller le requérant
Publié le 16-03-2023 à 08h48
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C’est une affaire hors du commun qui est actuellement jugée par le tribunal correctionnel de Liège. En effet, deux policiers sont poursuivis pour une prévention d’arrestation arbitraire ! Les faits se sont produits durant la nuit du 22 au 23 juillet 2021 à Liège. Au départ, un riverain appelle la police pour signaler qu’il pense qu’il vient d’être témoin d’un vol. Selon ses dires, il a interpellé l’homme et l’intéressé a pris la fuite en laissant la camionnette ouverte. Ce qui aurait dû être une banale intervention s’est terminé au cachot pour le requérant !
Les policiers, une dame et un homme, se sont rendus sur place. Rapidement, une certaine incompréhension a régné. Le policier a allumé sa caméra. Le tribunal a visionné les images. Une certaine tension est palpable. Le riverain qui a déclaré avoir bu de l’alcool explique que le suspect est un homme de type maghrébin et qu’il l’a vu en train de défoncer la porte d’un commerce avant de charger des sacs dans une camionnette. Voyant que les policiers n’allaient pas se lancer à la poursuite du fuyard, l’homme n’a pas apprécié. Il a déclaré aux policiers qu’il ne les trouvait pas professionnels. Le ton est monté. Les policiers lui ont déclaré qu’ils pouvaient l’embarquer pour “trouble à l’ordre public.”
Alors que le témoin fait un geste en montrant la camionnette litigieuse, le policier le repousse en lui disant : “Tais-toi !” L’homme répond qu’il va déposer plainte. Il part d’abord à pied puis se dirige vers son véhicule. Alors que la policière veut lui déconseiller de prendre sa voiture, son collègue masculin lui dit de le laisser faire… Mais le riverain comprend qu’étant donné qu’il a bu, il change d’avis. On entend le policier masculin dire “celui-là, il va finir au trou.”
Régler l’affaire d’une autre manière
Il contacte par radio l’officier de police administrative et lui explique sa vision de l’intervention. L’officier de police administrative l’autorise à priver de liberté le requérant. La discussion se poursuit et alors que l’homme se trouve sur le trottoir devant son domicile. Lorsqu’il fait un geste pour montrer la camionnette, le policier masculin lui fait une clé de bras en lui posant une menotte. Le policier le dirige menotté vers la camionnette de police. On entend l’homme crier. “Je suis un citoyen”, s’exclame-t-il. “Pourquoi vous avez cette fierté de m… Pourquoi vous ne faites pas correctement votre métier ?” L’homme a ensuite été conduit au commissariat.
Après avoir visionné les images, l’officier de police administrative a déclaré qu’elle n’aurait pas procédé à l’arrestation du requérant. Elle a estimé que “l’on aurait pu régler cette affaire d’une autre manière. Je ne l’aurais pas privé de liberté.” Une vision que le parquet partage. “Il était au milieu de la rue à hurler en pleine nuit”, a indiqué le policier. “Il était trois heures du matin. Il refusait de rentrer chez lui. Il traversait la rue. Il y avait un trouble à l’ordre. Il faut se rendre compte sur le terrain. Si on ne remet pas un peu les gens à leur place, nous ne sommes déjà plus respectés. L’intervention est très propre.” Quant à la policière, elle a confirmé la version de son collègue. Une autre audience est prévue pour entendre le réquisitoire et les plaidoiries.