"T'as vu comme il me nargue...": une audience sous haute tension d'un des auteurs du cambriolage du pompiste de Comblain
Un des prévenus a décidé de faire opposition au jugement qui l’a condamné par défaut
Publié le 29-03-2023 à 15h36 - Mis à jour le 29-03-2023 à 16h38
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Alpay, 26 ans, encourt deux ans de prison ferme devant le tribunal correctionnel de Liège pour avoir participé à des vols dont le cambriolage de la station-service de Comblain-au-Pont lors duquel un des voleurs a été abattu par le pompiste. Pour rappel, dans la nuit du 3 au 4 octobre 2018, cinq hommes encagoulés se sont rendus à la station-service de Comblain-au-Pont. Ils circulaient dans une Golf volée et s’étaient munis d’un pied-de-biche. Ils se sont introduits dans la station-service. Mais le propriétaire des lieux dormait sur place. Il était armé. Après avoir entendu que des gens s’introduisaient une fois encore dans son commerce, le gérant, un septuagénaire, est sorti et a tiré à plusieurs reprises en direction du véhicule des cambrioleurs.
Mohamed, 19 ans, a été traversé par une balle qui lui a perforé le poumon. Il est décédé peu après. En juin 2021, les suspects ont été condamnés à des peines allant jusqu’à deux ans de prison ferme. Alpay a été condamné par défaut. Depuis, il a écopé de 4 ans de prison pour avoir prostitué des mineures. Il a fait appel de cette condamnation. Cette fois, il a comparu pour avoir participé à toute une série de vols, notamment le cambriolage de la station-service.
Tensions à l’audience
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’audience était tendue. Le détenu a adopté un comportement semblant particulièrement non-chaland, ce qui a fortement déplu au juge. Interrogé sur chacune des préventions, Alpay semblait peu concerné. “J’ai avoué parce que mon pote était mort”, a-t-il indiqué sur un ton de défi. “J’ai dit, mettez-moi en prison. C’est mon pote qui est mort à côté de moi. C’est dramatique, j’étais un gamin de merde. Depuis, je n’ai plus commis aucun vol. Le fait d’en parler après 4 ans, ça me met dans une position que je n’aime pas.” Le juge lui a alors rappelé que s’il ne souhaitait pas parler des faits, il lui suffisait de ne pas comparaître pour contester sa condamnation. “Ce n’est pas parce que vous avez un statut”, s’est emporté le prévenu qui a été sommé de se calmer pour éviter une prévention supplémentaire d’outrage à magistrat. “La manière dont vous me parlez, ça ne me donne pas envie de parler.. T’as vu comme il me nargue”, a-t-il demandé à son avocate, bien embarrassée…
Le prévenu a ensuite décidé de ne plus parler. Me Émeline Thone, l’avocate du prévenu a remis un peu de sérénité dans le débat. “C’est très difficile pour lui”, a-t-elle expliqué. “Il n’adopte pas l’attitude qu’il faudrait devant vous. Il a une manière de parler qui est certes très déplaisante. Je ne vous cache pas que je suis à deux doigts de partir. Il faut souligner qu’il est particulièrement traumatisé par le décès de son ami. C’est le remords qui parle.” L’avocate a plaidé une peine de travail ou un sursis pour son client qui, à l’époque des faits, y avait encore droit. Le détenu a fini par présenter ses excuses au tribunal. Le tribunal rendra sa décision en avril prochain.