Assises du Luxembourg : Mélissa Sauvage, la fille de Tarzan, voulait que son père "se tape la gêne"
Mélissa Sauvage a évoqué, au premier jour de son procès, les confidences reçues de sa jeune sœur au sujet d’abus sexuels.
Publié le 14-03-2023 à 08h06 - Mis à jour le 14-03-2023 à 08h07
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Une seule et même constante. Interrogée longuement au premier jour de son procès, lundi, devant la cour d’assises du Luxembourg, à Arlon, Mélissa Sauvage a évoqué à plusieurs reprises des faits de mœurs dont elle aurait victime de la part de son père, Antoine Marchal, dont elle doit répondre du meurtre.
Des abus dont aurait aussi été victime sa jeune sœur, âgée alors de 13 ans. Et c’est un message reçu de cette jeune adolescente qui aurait justifié la virée chez Antoine Marchal, surnommé Tarzan, le 31 août 2020 à Bomal. Mélissa Sauvage s’y est rendue avec Renaud Dessart et Fabrice Duchesne, le premier ayant été son compagnon et le second étant un copain.
Tous trois, originaire de la région liégeoise sont accusés du meurtre de Tarzan dont le corps sans vie a été retrouvé chez lui, le 9 septembre 2020, à Bomal.
Trois jours avant la virée, Mélissa Sauvage aurait reçu un message de sa jeune sœur, née d’une autre liaison de son père. "Elle m’a expliqué qu’elle devait me dire un secret, a détaillé Mélissa Sauvage à l’ouverture de son procès. Elle me dit"Papa me viole". Je m’effondre. Je ne peux pas ne pas la croire."
Mélissa Sauvage affirme aussi avoir été abusée par son propre père alors qu’elle était enfant. Mais une plainte avait alors été classée sans suite. La fille d’Antoine Marchal dit avoir subi des sévices "entre ses 5 et 8 ans". Mais ceci n’a jamais été prouvé, Mélissa Sauvage dit aussi avoir été victime d’abus de la part d’un oncle, de son grand-père maternel ou encore lors d’un bal. Les contacts père/fille seront rompus. Mais devenue adulte, Mélissa sauvage a repris le contact . "Il était fier de moi et parfois on se téléphonait durant des heures" dit Mélissa à propos de son père. Jusqu’aux confidences qu’elle affirme avoir reçues de sa jeune sœur. Jugeant aussi l’attitude de la mère de l’adolescente "honteuse" car elle ne semblait pas la croire.
Des messages à la place de Tarzan
Après s’être déjà rendue chez son père, le 30 août, elle y est retournée le 31 août avec Renaud Dessart et Fabrice Duchesne. "Je voulais faire cela toute seule, et je ne voulais pas que Renaud vienne mais il se tracassait, affirme Mélissa Sauvage. "Je voulais voler les clefs de voiture et le GSM de mon père pour qu’il se retrouve à pied." Et selon elle, le plan était de soutirer des aveux à son père. "Tout ce qui m’importait, c’est qu’il aille en en prison. La meilleure vengeance était que mon père soit vu comme un pédophile en prison et qu’il se tape la gêne".
Mais le 31 août 2020, une altercation éclate à Bomal "Renaud a pensé que cela tournait mal et est rentré dans la maison, avance Mélissa Sauvage. Il s’est empoigné avec mon père." Fabrice Duchesne aurait été mêlé également à cette scène.
"Mais je ne sais pas qui a donné quoi comme coups" maintient l’accusée.
Le trio est reparti vers Liège en emportant des effets de la victime, dont sa voiture et son GSM. Mélissa Sauvage utilisera le téléphone de Tarzan pour répondre à sa place. "J’ai répondu ça va à sa place, car je ne voulais laisser quelqu’un dans le vide" se justifie la fille de la victime. Les protagonistes reviendront sur place le lendemain pour ramener des objets volés. Mais selon les accusés, Antoine Marchal dormait.
"Je ne pensais pas que cela prendrait des proportions pareilles"
Renaud Dessart, entendu à son tour, explique qu’il n’avait au départ aucun ressentiment envers Antoine Marchal. "Je ne pensais pas que cela prendrait des proportions pareilles" glisse-t-il au président.
Selon lui, Fabrice Duchesne les avait accompagnés car il voulait profiter du voyage pour se rendre dans une pharmacie. Toujours d’après Renaud Dessart, Mélissa Sauvage devait aussi récupérer sa propre voiture chez son père car elle lui avait laissé pour une réparation.
Renaud Dessart admet qu’une bagarre a éclaté et que des coups ont été portés à Tarzan. "Je l’ai tenu pour qu’il ne se relève pas sinon c’était foutu pour moi" confie-t-il désormais. Et la décision d’attacher Antoine Marchal a été prise pour être "en sécurité". Encore selon Renaud Dessart, Fabrice Duchesne aurait alors "pété les plombs ".
En pleurs, Renaud Dessart dit regretter aujourd’hui ce qu’il s’est passé. "Je n’ai pas été là avec l’intention de tuer qui que ce soit" laisse-t-il échapper. Avec le recul, il affirme qu’il ne sait toujours pas quand Mélissa Sauvage leur a demandé d’arrêter de frapper son père.
L’interrogatoire de Fabrice Duchesne est, lui, prévu ce mardi. Le troisième accusé devrait donner à son tour sa version des faits.