La procureure du roi fulmine contre l’avocat du prévenu qui "tire à boulet rouge sur n’importe quoi"
Me De Coster s’attire les foudres après avoir tiré à boulets rouges sur le système pénitentiaire belge et sur l’affabulation de la victime.
- Publié le 09-09-2023 à 06h00
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On a frôlé l’incident mercredi matin au tribunal correctionnel d’Arlon.
Un détenu qui purge une peine à la prison de Saint-Hubert pour une autre affaire ne sortira que courant 2024. Avant d’être transféré à Saint-Hubert, il était détenu à la prison d’Arlon où il s’en est pris à une agent pénitentiaire de manière si violente qu’elle est restée plus de quatre mois en arrêt de travail. C’est cette affaire qui a été abordée et qui risque de voir sa peine prolongée. Le ministère public, représenté par la procureure du roi Murielle Seret a requis deux ans de peine complémentaire et 1 600 d’€ d’amende. De son côté, le prévenu clame son innocence, reconnaissant cependant "qu’il a pété un plomb, qu’il a serré le poignet de la gardienne, mais qu’il n’y a pas eu d’autre conséquence que le bris de son bracelet".
Me Dimitri De Coster, à la défense du violent, s’est lancé dans une plaidoirie musclée: "Je suis en colère contre le système pénitentiaire belge. C’est un système pourri. Le jour des faits, on a averti mon client que la peine qui lui avait été infligée en première instance pour une affaire précédente, avait été non seulement confirmée, mais alourdie par la cour d’appel de Liège et qu’il allait devoir changer de prison. La manière dont on lui a présenté les choses a fait preuve d’un manque de psychologie incroyable. La direction de la prison m’a appelé pour le calmer. Mais je ne suis pas psychologue, moi. Ce qui s’est passé, c’est nul de la part de la prison."
Mme Seret écoute Me De Coster, se retient de bondir de sa chaise et montre des signes d’impatience et de colère.
"Quand on n’a pas d’arguments, on se rabat sur n’importe quoi"
Me De Coster poursuit: "Je n’ai pas peur d’affirmer que la gardienne a connu des problèmes psychologiques dans une autre prison. Elle a été écartée de son job, avant d’être réintégrée. Mon client a eu la malchance de tomber sur une affabulatrice. Je n’ai aucun droit de contester un certificat médical, mais je suis surpris de voir qu’un simple serrage de bras peut engendrer plus de quatre mois d’arrêt de travail. Se retrouver potentiellement avec deux années de prison supplémentaire dans ces conditions, c’est inacceptable".
Me De Coster a demandé au juge Jordant de prononcer une simple déclaration de culpabilité afin que le détenu puisse sortir de prison à la date actuellement prévue.
La procureure du roi a attendu que l’avocat en ait fini, pour répliquer avec un regard noir: "Votre plaidoirie me fait fulminer, Me De Coster. Quand on est en manque d’arguments pour la défense, on tire à boulet rouge sur n’importe quoi." L’avocate de la gardienne a rajouté qu’elle n’appréciait absolument pas que son confrère transforme l’audience en un procès de la victime.
Seul le prévenu, a apprécié quand le juge lui a donné la parole avant de clore les débats. "Je félicite mon avocat pour sa brillante plaidoirie", a-t-il conclu.