Le grand entretien de la semaine avec la famille Delvallée (Sud Radio): "Comment quelqu’un d’autre pourrait reprendre le concert du Doudou si près de l’échéance ?"
Sud Radio a répondu à l’appel d’offres pour le concert qu’elle organise depuis 30 ans.
Publié le 01-04-2019 à 08h56 - Mis à jour le 01-04-2019 à 09h17
:focal(1016.5x515.5:1026.5x505.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DSCAUHMP55AARDWLHQXGDG47FQ.jpg)
Sud Radio a répondu à l’appel d’offres pour le concert qu’elle organise depuis 30 ans. Voilà 30 ans que la famille Delvallée, d’abord à travers Radio Contact puis Sud Radio, organise le concert du Doudou, renouvelant chaque année la convention qui la lie à la Ville de Mons. Mais il pourrait y avoir du changement pour la prochaine édition qui se tiendra le 14 juin. Le bourgmestre Nicolas Martin a en effet annoncé le mois dernier qu’un appel d’offres était lancé pour élargir les possibilités d’organisation à d’autres médias. Nous avons rencontré Natacha et Emmanuelle Delvallée, responsables de Sud Radio.
L’appel d’offres se terminait fin mars. Vous avez remis la vôtre ?
"Oui, c’est une nouvelle donne à laquelle nous avons répondu. Nous sommes respectueux des démarches relatives aux marchés publics. Nous espérons que nos droits seront également respectés. Nous avons inventé le concept de ce concert. Notre père avait soumis l’idée au bourgmestre Maurice Lafosse à l’époque. Depuis, le projet s’est développé et nous avons toujours travaillé en bonne collaboration avec les différents collèges communaux. Nous espérons que cela va continuer."
Cet appel d’offres, c’était une surprise pour vous ?
"Nous sommes tombés des nues. Nous venions de lancer notre communication sur le prochain concert en annonçant un projet caritatif. Chaque année, 30 000 personnes assistent au concert gratuitement. Nous voulions trouver un moyen d’en faire profiter une bonne œuvre. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de SMS pour faire des dons au projet de la Maison du bien-être d’Ambroise-Paré qui accompagnera les patients atteints du cancer."
Vous étiez donc déjà prêts à rempiler, comme tous les ans depuis 30 ans ?
"Évidemment. Le concert du Doudou se prépare dès le mois de septembre. Si près de l’échéance, nous avons déjà des engagements qui sont pris auprès de nos prestataires, de nos partenaires, des sponsors et des artistes qui sont déjà bookés. Nous préparions d’ailleurs une belle surprise pour la tête d’affiche. Et puis il y a eu cet appel d’offres qui est tombé. Nous avons été étonnés de ne pas avoir été prévenus à l’avance."
Nicolas Martin a justifié l’appel d’offres en expliquant que la Grand-Place était un espace public. Sud Radio aurait le monopole selon vous ?
"Nous entendons difficilement cet argument. Nous avons créé l’événement, nous prenons en charge toute l’organisation et son coût. Nous offrons aussi une grande campagne de communication sur toute la Ducasse, pas seulement sur le concert du vendredi. Notre expérience est reconnue, d’autres villes nous demandent d’organiser des concerts. À Mons, nous avons toujours travaillé main dans la main avec les différents services de la Ville dont la police pour qui nous avons aménagé une structure particulière lorsque la menace terroriste a été relevée. Nous avons développé un événement festif dans une ambiance familiale. La Grand-Place ne pourrait pas accueillir plus de 30 000 personnes. C’est donc un événement qui fonctionne et que nous partageons avec tous les Montois. Imaginez si, à Braine-le-Comte, le bourgmestre décidait soudainement de remettre en question l’organisation du Ronquières Festival en lançant un appel d’offres car l’événement se déroule sur un site public. Ce serait tout de même surprenant !"
Vous avez remis une offre. Vous êtes confiants pour la suite des événements ?
"Tout d’abord, pour bien connaître l’organisation que représente un tel événement, nous ne voyons pas trop comment quelqu’un d’autre pourrait reprendre le concert si près de l’échéance. Cela demande énormément de préparations. Par ailleurs, nous espérons pouvoir rétablir le dialogue avec le nouveau collège et ouvrir un large débat, en toute transparence. Nous espérons que cette belle aventure pourra continuer. Sud Radio est implantée au cœur de Mons, la plupart de nos prestataires sont montois ou hainuyers. Sur nos ondes ou lors des concerts, nous mettons nos artistes locaux à l’honneur. Enfin, il y a cette unité avec les Montois. Quand 30 000 personnes forment une farandole sur la Grand-Place, c’est quelque chose !"
Les politique s'en mêlent
Il n’y a pas que les responsables de Sud Radio qui ont été surpris par l’appel d’offres. Lors du dernier conseil communal, Savine Moucheron (CDH) s’est également étonnée de la chose. "Des groupes médiatiques nous ont contactés en demandant pourquoi ils ne pourraient pas organiser le concert du Doudou, a expliqué le bourgmestre Nicolas Martin. La Grand-Place est un espace public qui n’est pas l’exclusivité d’un groupe médiatique. Nous avons donc lancé un appel d’offres et le collège examinera les différentes propositions."
Richard Miller de Mons en Mieux a dit comprendre l’argument sur l’espace public, mais il a aussi rappelé que la famille Delvalée avait des droits sur ce concept qu’elle avait développé. "À leur place, je trouverai ça assez saumâtre", a estimé le conseiller d’opposition. "Votre décision fait du tort à un investisseur montois, et ce n’est pas gagné d’avance."
L’argument sur l’espace public, Georges-Louis Bouchez le comprend mais s’en étonne. "C’est très bien de vouloir faire jouer la concurrence pour avoir la meilleure qualité de services", a relevé le chef de fil de Mons en Mieux. "Mais avec Mons Cœur en Neige, une personne privée est incontournable dans l’organisation d’un événement public, dont la promotion est financée par de l’argent public et qui se déroule aussi sur la Grand-Place. Il y a une différence de traitement dans ces deux dossiers."