Mons demande officiellement la régularisation des sans-papiers
La Cité du Doudou s'ajoute à d'autres villes wallonnes pour demander un geste des autorités fédérales.
Publié le 20-05-2020 à 17h55 - Mis à jour le 21-05-2020 à 15h40
:focal(1275x859:1285x849)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/VWQMO2NQY5A7TOCXAZEJCGTWCU.jpg)
La Cité du Doudou s'ajoute à d'autres villes wallonnes pour demander un geste des autorités fédérales.
Deux motions pour le prix d'une. Mardi soir, lors du conseil communal, Lucie Giunta pour le PTB et Jean-Pierre Viseur pour Ecolo ont chacun déposé une motion demandant la régularisation des sans-papiers. Seule différence entre les deux textes, la motion des Verts invite les autorités fédérales à régulariser sans indiquer comme s'y prendre, là où la motion du PTB demandait la création d'une commission indépendante de l'Office des Étrangers. Un détail qui n'a pas empêché le texte d'Ecolo d'être approuvé par les différents partis, à l'exception de Mons en Mieux.
En effet, la motion est loin d'être passée comme une lettre à la poste et a fait l'objet de débats tendus. À commencer par celui sur la question de la recevabilité de la motion. Georges-Louis Bouchez a rappelé qu'en 2013, lorsque des réfugiés afghans étaient venus à Mons pour interpeller Elio Di Rupo, alors Premier ministre, les partis montois étaient d'accord pour ne pas débattre de sujets qui ne relevaient pas de l'intérêt communal. "Si on rompt cette jurisprudence, je vous promets pour les prochains conseils des débats passionnés sur les relations avec la Chine, la recherche spatiale ou les résidences secondaires", a lancé le chef de file de MEM.
La recevabilité de la motion ayant tout de même été approuvée par une majorité de conseillers, estimant qu'elle relevait bien de l'intérêt communal, Georges-Louis Bouchez s'est attaqué aux questions de fond. "Si on régularise les sans-papiers tous les dix ans, c'est une invitation à rester en Belgique même lorsqu'on a reçu un ordre de quitter le territoire", pointe le libéral. "Il y a des critères pour être admis. Soit on renvoie le plus vite possible ceux qui ne respectent pas ces critères pour ne pas que s'installe une situation d'illégalité. Soit on pousse votre logique jusqu'au bout, on supprime ces critères et on accueille tout le monde. La Belgique serait bien le premier pays occidental à le faire et il y aura un appel d'air. Il y a beaucoup d'immigration vers l'Europe et c'est compréhensible. Mais un territoire de moins de 450 millions d'habitants ne peut pas accueillir 7 milliards de personnes qui vivent plus mal que nous."
Lucie Giunta a dénoncé un discours "digne de Théo Francken" et a répliqué que la régularisation des sans-papiers présentait un intérêt communal, particulièrement durant cette crise du coronavirus. Elle estime en effet qu'en n'ayant pas accès aux aides et aux soins nécessaires comme tout citoyen, les sans-papiers pouvaient favoriser la transmission du virus. Elle a en outre rappelé que l'Europe n'était pas assiégée par les réfugiés, les voisins des pays en crise accueillant le plus grand nombre de migrants. "Les personnes qui s'installent ici ne demandent qu'à être régularisées pour travailler et contribuer au financement de la sécurité sociale. Si on arrêtait de bombarder leurs pays et de piller leurs richesses, il y aurait moins de gens qui viendraient par ici", a ajouté la conseillère du PTB.
Jean-Pierre Viseur a estimé de son côté que la motion permettra de clarifier les choses. "On ne peut pas être pour la mondialisation et en même temps fermer ses frontières à ceux qui viennent de l'extérieur quand on ne les aime pas", a d'abord souligné le conseiller Ecolo. "Par ailleurs, il ne s'agit pas de supprimer tous les critères d'admission. Il s'agit au contraire de les renforcer sur base des engagements pris par la Belgique."
Après des débats tendus, la motion a finalement été adoptée. Après Liège ou Charleroi, Mons demande donc officiellement la régularisation des sans-papiers.