Faillite virtuelle de TéléMB: "Les télévisions locales continuent à fonctionner comme en 1982 !" selon Georges-Louis Bouchez
La situation a une nouvelle fois été évoquée au parlement ce mercredi matin.
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Publié le 14-03-2023 à 17h01
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Une fois de plus, la situation financière de la téléMB inquiète et divise. La hausse des coûts structurels a poussé la direction de la chaîne a sollicité une nouvelle fois les communes afin que celles-ci augmentent leur participation. Une demande justifiée, par la direction, par les disparités existantes entre médias locaux. Alors que le financement de TéléMB ne coûte “que” 1,81 euro par habitant à Mons-Borinage, il coûte quelque 3,50 euros par habitant dans le Tournaisis (NoTélé) ou dans la région du Centre (Antenne Centre).
En 2015 déjà, les difficultés financières de la chaîne montoise avaient été mises au jour sur base d’un audit financier. Les communes avaient alors accepté de mettre la main au portefeuille et un refinancement à hauteur d’un million d’euros avait été accepté. Aujourd’hui, sans nouvelle intervention communale, la télévision estime qu’elle sera en faillite comptable en 2024.
"Une télévision qui ne se réinvente pas."
Une position qui n’étonne pas vraiment Georges-Louis Bouchez, qui l’avait prédit il y a déjà quelques années. “Ils nous rejouent le même sketch car depuis le dernier refinancement, rien n’a changé”, peste le conseiller communal et président du MR. “On est sur une télévision qui ne se réinvente pas et qui n’a pas misé sur sa digitalisation. On peut par ailleurs se questionner sur la couverture d’événement proposée par la chaîne…”
Et de poursuivre : “Je peux en témoigner en tant qu’élu mais aussi en tant que président des francs borains. On a droit, au niveau du conseil communal, à un demi-reportage une fois par an et en tant que président d’un club de football, à un résumé de match d’une minute. On est en droit d’en attendre plus. Le sentiment que l’on peut avoir, aujourd’hui, c’est que la chaîne se gère avec des élus socialistes.”
Pour Georges-Louis Bouchez, c’est tout le modèle des télévisions locales qui doit évoluer. “Partons sur une chaîne commune, avec un journal commun et wallon proposant des décrochages régionaux, ou sur la création d’une plateforme commune. L’impact médiatique serait plus fort et les gens auraient davantage envie de s’installer devant leur télévision ou leur écran d’ordinateur.”
Et de conclure : “Il est tout de même surprenant de constater qu’alors que le paysage audiovisuel est en pleine mutation, les télévisions locales fonctionnent toujours comme en 1982.” Des propos rudes, globalement validés par Jacqueline Galant qui estime qu’un refinancement ne doit pas être la réponse apportée à une problématique plus vaste. Elle interpellait d’ailleurs la ministre des médias, Bénédicte Linard (Ecolo), à ce propos ce mercredi matin.
"Outil de proximité indispensable."
”Nous remboursons toujours le refinancement de 2015. On peut augmenter la participation des communes, si aucune mesure drastique n’est prise, on se retrouvera encore et toujours dans la même situation dans quelques années”, estime la députée jurbisienne. “Oui, les télévisions locales sont un outil de proximité indispensable dans nos régions mais elles doivent évoluer.”
Pour cette dernière, la mutualisation des moyens est indispensable. “Que TéléMB et ACTV travaillent ensemble serait probablement bénéfique pour nos deux régions et permettrait de limiter les coûts. Le nouveau directeur général a beaucoup d’idées et de projets mais ne pourra pas les mener à bien s’il n’en a pas les moyens. Un refinancement de la télévision n’est pas ce qui lui permettra de tenir définitivement la tête hors de l’eau.”
La ministre Bénédicte Linard (Ecolo) a quant à elle globalement botté en touche. “La situation semble moins alarmiste qu’annoncée, la direction travaillant à des solutions”, a-t-elle avancé. “Notamment en sollicitant les communes dont la participation n’est pas indexée, ce qui s’apparente à un définancement. D’autres pistes peuvent être envisagées, par exemple un travail pour réduire la dépendance aux énergies fossiles ou la mutualisation avec d’autres médias locaux.”
Bref, rien de neuf sous les tropiques, la ministre rappelant encore que la Fédération Wallonie-Bruxelles soutient les médias locaux via l’octroi de diverses subventions de fonctionnement. Notons encore que si tous les bourgmestres ne se sont pas encore prononcés sur un éventuel refinancement, à Mons, les socialistes ont déjà soutenu l’idée. Joëlle Kapompole (PS), a par exemple estimé qu’il était “hors de question de laisser s’éteindre nos médias de proximité.”
Et de conclure : “Les chaînes locales comme TéléMB sont connues et appréciées de l’ensemble de la population. Dans notre région, elle s’est imposée en tant qu’actrice incontournable de l’information, de son rayonnement ainsi que de la valorisation de ses ressources et habitants.” À n’en pas douter, le sujet devrait encore revenir sur la table des discussions, au niveau local ou régional.