Envirolead : une rencontre avec la ministre jugée “décevante” par les riverains
Ils estiment que la ministre n’a pas répondu à leurs questions et inquiétudes.
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Publié le 17-03-2023 à 17h00
Une rencontre “décevante”, c’est comme cela que les riverains opposés à Envirolead et à son projet de construction d’une usine de recyclage de plomb dans le zoning de Ghlin-Baudour, ont qualité leur entrevue avec la ministre de l’environnement, Céline Tellier (Ecolo). La rencontre était pourtant très attendue. Le comité espérait faire valoir ses inquiétudes et pousser l’Écologiste à la plus grande prudence.
On rappellera qu’à ce stade, la ministre a déjà pris position dans ce dossier puisqu’elle a octroyé le permis à l’usine. Du côté des riverains, des démarches ont été entreprises auprès du Conseil d’État, dont la réponse reste attendue. “Une toute petite délégation du comité a été reçue par Céline Tellier à Namur. Étaient également présents Manu Disabato, Parlementaire wallon écolo, un fonctionnaire technique, un fonctionnaire “santé” et la porte-parole de la Ministre”, explique le comité.
”Nous sommes très déçus de l’entrevue. Nos inquiétudes sur les impacts sur la santé ont été balayées sous prétexte de respect des normes de pollution et nos demandes répétées de revoir les calculs du rapport d’incidences sont restées lettres mortes. C’est pourtant l’entreprise elle-même qui a donné les chiffres permettant les calculs respectant les normes (sic). Nous avons aussi mis en avant certains manquements auxquels nous n’avons pas eu de réponse actuellement mais que la ministre s’est engagée à nous fournir rapidement.”
"Nous ne sommes toujours pas plus avancés"
Toujours selon les riverains, la ministre a principalement insisté sur la nécessité d’être représenté au sein du comité d’accompagnement, justement constitué pour suivre l’avancement du dossier et, si l’usine est construite, surveiller son exploitation. “Elle a axé la quasi-totalité de son discours sur cet aspect. Elle nous invite à nous inscrire pour y participer, tout en insistant pour que les candidats soient des personnes calmes et posées.”
Ledit comité d’accompagnement est constitué de deux représentants de la Ville de Mons dont l’un assure la présidence, d’un représentant de la Ville de Saint-Ghislain, de quatre représentants de la population locale et de deux représentants de l’exploitant. Les communes de Quaregnon et Jurbise peuvent participer au comité d’accompagnement si elles le jugent utile. Les conseillers en environnement de la Ville de Mons et de Saint-Ghislain seront membres de plein droit du comité d’accompagnement.
”Malgré le fait que la réunion se soit passé de la meilleure des façons, nous ne sommes toujours pas plus avancés. La ministre n’a pas pu répondre à nos questions techniques mais s’est engagée à nous faire parvenir les réponses dès que son équipe les aura examinées et résumées, n’a pas donné de réponse à notre demande de revoir les calculs du rapport d’incidences, n’a pas communiqué quant à l’impact des éoliennes sur la dispersion des polluants.”
Une présence au conseil communal de Mons
Les riverains notent malgré tout qu’elle a bien pris connaissance “des informations que nous lui avons transmises et s’est engagée à nous répondre sous les meilleurs délais, a bien compris nos inquiétudes concernant l’opportunité de construire une usine de recyclage aux dimensions disproportionnées pour la Belgique ou même de l’U.E et a été informée de la présence de cinq écoles dans un rayon proche de l’usine, ainsi que de la lettre ouverte de médecins de la région s’inquiétant pour la santé des habitants de la région suite à l’exposition aux métaux lourds.”
La procédure va désormais suivre son cours, notamment au niveau du conseil d’État. Ce mardi, le comité invite les riverains à accueillir les élus du conseil communal de Mons. Le rendez-vous est donné au Palais des Congrès à 15h45.
La discussion est-elle souhaitée avec les élus locaux ? Ceux-ci ne ferment en tout cas pas la porte. "Bien entendu nous sommes toujours disponibles pour discuter et échanger avec eux", explique Maxime Pourtois (PS), échevin de l'urbanisme. "Ma collègue Catherine Marneffe les a d'ailleurs reçu. Donc s'ils souhaitent échanger avec moi, ou un de mes collègues, on le fera évidement. Pour le reste, il y a une procédure qui existe, et le conseil d'Etat est saisi suite à la décision des ministres d'octroyer le permis."
Et de poursuivre: "On vit dans un monde avec des règles ; on ne fait pas n'importe quoi ou on ne dit pas n'importe quoi pour essayer de séduire des opposants inquiets. La Ville n'a pas à "retirer" son avis ou le modifier puisque ça n'est d'abord pas son pouvoir, et ensuite pas sa décision. Notre avis préalable favorable se base sur une analyse étayée par un bureau d'étude indépendant et des recommandations qu'il a émises, de l'avis de 25 instances wallonnes expertes sur ces éléments, de conditions extrêmement strictes sur l'exploitation et le contrôle (d'ailleurs plus strictes que les normes européennes). Un comité d'accompagnement a également été imposé, dossier sécurité, etc.. Bref, la ville n'est pas l'autorité compétente et elle a pleinement joué son rôle en remettant un avis objectif et complet, qui repose sur ces éléments concrets. Je ne me substitue pas au conseil d'état."