Mons : elles quittent le restaurant sans payer et une photo d’elles est diffusée sur les réseaux sociaux
Pour les avocats des deux femmes, l’assistant manager de l’hôtel-restaurant a commis une faute en diffusant une photo des suspectes sur les réseaux sociaux.
Publié le 30-03-2023 à 14h00
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Sonia est née un 1er janvier. Le premier jour de l’année 2019, sa copine Nadia l’invite au restaurant de l’hôtel Van der Valk à Mons. Les deux femmes mangent, discutent… et partent sans payer la note de 140,50 euros ! Un jeune serveur craint de devoir payer la note lui-même.
Un assistant manager de l’hôtel-restaurant prend les choses en mains et diffuse une photo des deux femmes sur les réseaux sociaux. Elles ont été filmées quittant les lieux. L’info est reprise par deux médias. Sur la toile, les internautes se déchaînent, demandant d’envoyer les deux femmes au pilori ou de leur couper les mains, comme au Moyen-Âge.
Les deux femmes, dont les visages ne sont pas floutés, sont rapidement identifiées. Elles sont poursuivies devant le tribunal correctionnel pour grivèlerie, et se constituent partie civile contre l’hôtel et son assistant manager pour infraction à la loi sur les caméras et l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme.
Un simple oubli
L’avocat de Nadia plaide l’acquittement au motif que l’intention morale n’existe pas pour la grivèlerie. “Elle avait bu et a tout simplement oublié de payer. Elle avait son portefeuille et une application bancaire sur son téléphone”, dit-il. Elle avait l’intention de payer le lendemain, mais la vidéo l’a prise de court.
L’avocat de Sonia estime qu’elle est innocente, car elle était invitée et que ce n’était donc pas à elle de payer. Toutefois, le ministère public estime qu’elle est coauteure en raison des SMS échangés. Les deux femmes auraient fomenté un plan pour échapper à la note, en rapprochant leur voiture de la porte d’entrée au moment d’aller fumer dehors… Comme elles n’ont aucun antécédent judiciaire, le parquet ne s’oppose pas à une mesure de faveur.
En échange d’une nuit à l’hôtel
Reste la question de la diffusion des images sur les réseaux sociaux. L’assistant manager diffuse un message sur les réseaux sociaux à deux heures du matin. “Aidez-nous à les identifier en échange d’une nuitée” est-il écrit. Son avocate estime que c’est maladroit.
Quelques heures plus tard, deux médias reprennent l’information et diffuse les images “en floutant les images”, précise l’avocate de l’assistant manager. “L’hôtel a supprimé cette vidéo à 11h30, le 2 janvier. Mon client a posté un message d’apaisement et est allé dénoncer les faits à la police. C’est maladroit, mais il n’a pas voulu rendre justice lui-même”.
L’avocate pense, comme le ministère public, que cette grivèlerie a été orchestrée dès le départ. Nadia avait indiqué dans un SMS qu’elle invitait Sonia, mais qu’elle n’avait pas beaucoup de sous. Toutefois, entre deux restaurants, elle a choisi le moins bon marché et ne s’est pas gênée pour vider quelques bouteilles de vin…
Phénomène en pleine expansion
Enfin, l’avocate estime que l’hôtel était en droit de se plaindre de grivèlerie, en raison de ce phénomène qui explose depuis la réouverture de l’Horeca post-pandémie. “Une publication sur Facebook est considérée comme un délit de presse, elle est justifiée par un intérêt d’information”.
Elle ajoute qu’il y existe, aujourd’hui dans le restaurant, un pictogramme annonçant la présence de caméras de vidéosurveillance. “À cette époque, l’hôtel était en chantier. Nous n’avons pas pu avoir eu les photos de la réception mais le manager affirme que ce pictogramme était présent. La loi n’est donc pas bafouée. Et puis, c’est la société qui gère les caméras, pas l’assistant manager”. Un acquittement est plaidé.
Jugement dans un mois.