Une méga-usine de biofuel à Saint-Ghislain sur le zoning d’Hautrage
Des investisseurs danois veulent créer une unité de biométhanisation à 150 millions d’euros pour créer du carburant renouvelable qui pourra alimenter l’équivalent annuel de 5 000 camions. Ils espèrent ouvrir fin 2025, mais il faut encore obtenir les autorisations.
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Publié le 31-03-2023 à 17h09 - Mis à jour le 31-03-2023 à 18h18
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Le fonds d’investissement danois CIP continue à croire en son projet de méga-usine de biofuels sur le zoning d’Hautrage à Tertre. Une délégation hennuyère de l’intercommunale CENEO, avec des représentants d’Igretec, Ideta et Idea, a rencontré mardi dernier Ole Fich, de CIP, à Copenhague dans le cadre d’un voyage d’études. Et les Danois croient dur comme fer au projet sur le sol belge, sur un grand terrain privé (7 hectares) le long de la Haine.
”Nous prévoyons 150 millions d’euros pour créer un projet circulaire en Wallonie, à partir de Saint-Ghislain”, détaille Ole Fich. “Il s’agit de prendre des déchets pour les biométhaniser, et produire du bioLNG (du gaz naturel liquéfié, NdlR) et des fertilisants à partir des résidus, via une seconde usine de post-traitement juste à côté. On mise sur une capacité de production de 20 000 tonnes de biofuels à partir de 900 000 tonnes annuelles de déchets agricoles.” Les déchets viendront des fermes belges, autant de Wallonie que de Flandre, et seront acheminés en bateau via la Haine, ajoute l’investisseur. Il s’agit notamment d’excréments d’animaux et de résidus d’exploitations agricoles.
”Nous sommes persuadés que les besoins européens vont augmenter pour le bioLNG, notamment pour les transports en camion. Depuis Saint-Ghislain, nous serons en mesure de produire suffisamment de carburants verts pour faire rouler 5 000 camions chaque année, afin de remplacer les énergies fossiles utilisées aujourd’hui”, ajoute le représentant danois de CIP. “On souhaite créer 50 emplois locaux pour opérer l’usine à Tertre, aider l’Europe à se passer de gaz russe, donner une opportunité aux fermiers en rachetant leurs déchets pour les valoriser en biocarburants, et faire en sorte que 250 000 tonnes de CO2 ne soient pas rejetées dans l’atmosphère en utilisant notamment la capture et le stockage de CO2 directement sur les cheminées de l’usine. C'est-à-dire liquéfier le CO2 et l’emmener, soit pour l'utiliser ailleurs comme matériau de base, soit pour l'enterrer dans les fonds marins et le stocker durablement plutôt que réchauffer la planète.”
Interrogé sur la raison du choix de la région boraine pour l’investissement, il précise : “l’avantage de Saint-Ghislain est sa proximité avec les autoroutes et le réseau fluvial pour le transport en bateaux. Puisqu’il s’agit d’un éco-zoning, nous pouvons aussi profiter de l’écosystème d’entreprises qui se crée sur place.”
Attention, rien n'est encore définitif : d’après CIP, la demande de permis devrait être entrée cette année, en 2023. En 2024, la décision finale d’investir devrait être prise par les partenaires (Copenhagen Infrastructure Partners et Lungby Renewable Solutions). L’entrée en service, elle, est espérée pour fin 2025. Les autorités publiques auront également leur mot à dire dans le dossier. "C'est un projet très impactant pour le territoire, il doit être analysé avec la plus grande attention pour valider l'acceptabilité locale. S'agissant d'un terrain privé, Idea devra se positionner sur ce projet dans le cadre de la demande de permis", indique Benoît Lefebvre, chef de projet pilote Energie chez Idea.