Après l'exotisme et les rondeurs de Fernand Botero, le BAM (Beaux-Arts Mons) retrouve des couleurs locales à Mons avec une exposition consacrée à Anto-Carte, qui a ouvert samedi dernier. Antoine Victor Carte de son vrai nom est né à Mons en 1886 et est un des peintres les plus célèbres que la cité du Doudou a engendré. Fils d’ébéniste,et petit-fils de sculpteur, il est plongé dès son enfance dans le milieu de l’artisanat.
Anto-Carte commence son cursus à l’Académie des Beaux-Arts de Mons et le poursuit à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Les œuvres qu’il réalise durant les années 1910 s’inscrivent dans la continuité du symbolisme des maîtres qui l’ont formé. En 1918, il réalise La Pietà, initialement intitulée Mater Dolorosa, qui marque le tournant antimoderne donné à sa carrière. Il enchaîne alors les expositions aux Etats-Unis, au Mexique, en Italie, où il participe à plusieurs reprises à la Biennale de Venise. Aux côtés de ses amis Louis Buisseret et Léon Eeckman, il fonde en 1928 le groupe Nervia, un collectif qui valorise les jeunes artistes wallons. En 1933, il devient professeur de dessin à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles.
L'exposition "De terre et de ciel" est la troisième que le BAM consacre à l'artiste, la dernière datant de 1995. Cette nouvelle monographie propose, en 80 oeuvres, d’offrir un nouveau regard sur la manière dont cet artiste de premier plan articule la puissance de thèmes universels à son enracinement territorial. "L’ambition du BAM est de montrer à quel point l’art peut, à la fois, être ancré géographiquement et se faire universel", explique Xavier Roland, directeur du BAM.
Dans cet état d’esprit, le parcours de l’exposition est conçu comme une invitation au lâcher-prise et à la méditation, valorisant de la sorte la dimension immatérielle et sacrée qui se dégage derrière chacune de ses toiles. Anto-Carte est un maillon dans l’histoire de l’art. Quand elle est inspirée par la culture chrétienne, sa peinture renoue le fil des siècles par le dialogue qu’elle installe avec les maîtres de l’art ancien. Enraciné dans le Borinage, il peint autant les mineurs et les gens ordinaires que le Christ et des saints.