Naninne: une forêt nourricière poussera dans les jardins D'ici
Les jardins d’Ici à Naninne vont se transformer en un écrin de biodiversité le long de la nationale 4: forêt nourricière de Semisto, terrain de jeu de la locale de Natagora et un potager témoin. Et ce, accessible à tout un chacun.
Publié le 17-03-2023 à 07h02
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Depuis dix ans, le magasin D’ici à Naninne tente de cultiver une vitrine du maraîchage en lieu et place du terrain vague qui entoure ses installations. Cinq maraîchers se sont succédé en une décennie, semant courges et laitues, mais aucun n’a véritablement pris racine.
face à ce manque de régularité, le fondateur de D’ici, Frank Mestdagh, change de recette et créée "les jardins D’ici". Il s’agit du développement d’un espace public naturel, récréatif et pédagogique axé autour de la biodiversité.
Qu’est ce qu’on trouvera dans ce presque hectare de terrain ? Trois espaces délimités et gérés par autant de partenaires: D’ici, Natagora et Semisto.
Le premier, D’ici, montera une plaine de jeux et un potager témoin auxquels auront accès les clients de chez d’Ici (et les autres). Il s’agira de sensibiliser à l’intérêt de creuser un potager à domicile. "On n’exclut pas l’idée d’avoir quelques animaux aussi. À voir." souligne Franck Mestdagh, fondateur des magasins d’Ici.
Amender la friche
Le second partenaire, la locale namuroise de Natagora, a fait la demande d’obtention d’un permis d’urbanisme pour installer un chalet dans les jardins précités. Les bénévoles de l’association de défense de la biodiversité cherchent un nid depuis plusieurs années pour développer des ateliers de sensibilisation. Jusqu’ici, ils organisent leurs animations dans des jardins privés, accessibles à des créneaux horaires contraignants. "Nous faisons connaissance avec le terrain, qui n’est pas inintéressant. Il s’agit d’une friche, mais avec certaines bases. Il y a de nombreux oiseaux, des passereaux et aussi des rapaces diurnes, comme le faucon crécerelle et la buse" décrit Philippe Bourgeon, membre de la locale namuroise de Natagora.
Le terrain potentiel dédié à Natagora est de près de 1 ha, dont un verger à l’abandon et à la recherche de mains bienveillantes. "Ce projet est aussi la preuve qu’on peut stimuler la biodiversité, nourrir la faune et la flore à deux pas d’un grand axe routier et sur une friche."
La forêt qui nourrit
Semisto, troisième larron du triumvirat des "Jardins D’ici", développera la forêt nourricière. Soit un écosystème forestier d’arbres et de plantes comestibles: poiriers, pommiers, bien sûr, mais aussi des argousiers, des cornouillers et autres exclus des vergers classiques.
La forêt nourricière sera probablement le plus exigeant des chantiers à venir, avec la plantation le 2 avril de 1 400 arbres pionniers sur… 16 ares. Soit, un arbre par mètre carré. "Ces arbres sont pionniers et auxiliaires. Ils vont aérer et travailler le sol avant l’arrivée des arbres dits comestibles, ceux q ui composeront la véritable forêt nourricière" décrit Michaël Hulet, fondateur de l’association namuroise Semisto, orientée vers les forêts nourricières.
Les 1 400 arbres vont offrir nutriments, ombres et abris contre le vent aux futurs piliers de la forêt nourricière. Ces arbres auxiliaires sont des noisetiers, du robinier, du bouleau, du charme, soit des espèces indigènes. "Nous planterons les arbres comestibles que l’année prochaine, dès que les arbres auxiliaires feront un mètre de haut. Ils sont l’infanterie avant les comestibles, ceux qui vont créer un écosystème de forêt. Grâce à eux, on va gagner des années" conclut Michael Hulet. Cette première ligne d’arbres va être ensuite enlevée et valorisée en tuteurs et broyat pour les futures stars de la forêt nourricière, les comestibles.
Une forêt nourricière, quésaco ?
L’évocation du terme forêt nourricière fait songer aux centaines de millions d’hectares de l’Amazonie, jardin exotique des tribus indigènes. La référence est à propos, car l’usage de la forêt comme d’un jardin inspire le terme de forêt nourricière. Il s’agit d’un écosystème bienveillant qui agit comme source de nourriture pour ses visiteurs (humains ou pas). "C’est un jardin-forêt composé d’arbres, de plantes grimpantes et d’herbacées exclusivement comestibles." précise Michaël Hulet.
Les pruniers et pommiers en feront partie, mais aussi des arbouses, abricotiers, cornouillers, tilleuls, etc. Seuls les herbacées et quelques arbustes donneront leurs fruits d’ici deux ans à Naninne. Pour le reste, il faudra attendre quelques années avant de pouvoir goûter les fruits de la forêt en devenir.