Projet social à Moignelée (Sambreville) : "Pas un ghetto de 30 SDF !"
Une quinzaine de riverains a pris part à la réunion de présentation du projet de construction de 30 habitats légers à Moignelée. Il ne fait pas que des heureux.
Publié le 17-03-2023 à 08h52
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Entre la rue de la Closière et la rue Émile Vandervelde à Moignelée, l’ASBL "Un toit vers l’Avenir" souhaite construire 30 logements de type habitat léger et une maison communautaire avec trois logements traditionnels à l’étage dédiés à celles et ceux dans le besoin. L’idée, pour l’équipe de bénévoles, est entrée dans sa phase de concrétisation puisque le dossier est à l’enquête publique jusqu’au 5 avril. "Et pour être totalement transparent avec vous, je vous ai convié à cette réunion d’information", commentait, mercredi soir, Dominique Bigneron, tête pensante du projet social.
Une quinzaine d’habitants de Moignelée, essentiellement voisins du projet, a pris connaissance en long et en large des volontés tant de l’ASBL que du bureau d’architecture CM2 Architectes. L’occasion de poser des questions avant de remettre son avis à la Commune et au fonctionnaire délégué de la Région.
La crainte: le profil des locataires
Plus que l’idée en tant que telle, ce qui effraie les habitants, c’est le profil des futurs locataires. "Je tiens à souligner que ce projet prône la mixité sociale, commente Dominique Bigneron. Je vous avoue qu’à la base, mon rêve était d’offrir un toit à 30 SDF. Mais la Commune, via Jean-Charles Luperto, a tout de suite refusé. Les logements devront être occupés par n’importe qui dans le besoin et, exclusivement, des Sambrevillois: un étudiant, une femme seule au foyer, un retraité, une personne sans abri… Cette mixité a été inscrite dans une convention. Il ne s’agira donc pas d’un ghetto de 30 SDF ni d’un camping pour des gens dans la précarité !"
Pour d’autres, ce qui inquiète, c’est la pérennité du projet. Un riverain a voulu savoir d’où venait "Le million généreusement offert par le Père Noël." L’ASBL, via Dominique Bigneron, recevra cette importante somme du père fondateur du fonds Lokumo, aujourd’hui décédé. L’argent ne sera débloqué que lorsque l’ASBL en fera la demande via des factures. "Comment pouvez-vous vous assurer que vous tiendrez sur le long terme et que vous ne vivrez pas la même histoire que l’Espace Dignité à Namur dont les caisses sont vides ? Nous ne voulons pas que ces maisons deviennent des chancres et qu’elles soient squattées !" Les représentants de l’ASBL ont réfléchi le projet pour faire rentrer de l’argent et survivre. "Le fil rouge du montage est le suivant: le donateur n’intervient qu’une fois et puis nous devons être capables de financer le projet. Nous demanderons un loyer à chaque bénéficiaire. Celui-ci sera calculé en fonction de leurs revenus."
Autre inquiétude, l’entretien des différents espaces verts. "Je travaillerai à temps plein sur le projet avec ma compagne, ajoute Dominique Bigneron. Nous bénéficierons de l’aide d’autres personnes de l’ASBL et j’espère pouvoir, par exemple, lancer un partenariat avec des écoles de jardinerie pour proposer des stages."
Ce qui fait également l’originalité de ce projet, et qui a séduit le donateur, c’est l’accompagnement. Par son expérience auprès des personnes sans domicile fixe, il n’est pas rare de voir une personne dans la précarité replonger dans ses travers alors qu’elle a trouvé un toit. "J’ajouterai que cet accompagnement ne concernera que celles et ceux qui le demandent ! Le but, c’est que ces personnes retrouvent leur réflexe de la vie en communauté. Nous ne serons pas là pour leur tenir le pantalon."
Dans l’ensemble, plusieurs riverains se sont montrés sceptiques voire contre ce projet, Pour Dominique Bigneron, cette initiative sociale permettra d’offrir une solution de logement à de nombreux Sambrevillois mais aussi d’animer le village. "Avec, pourquoi pas, la création d’un marché de Noël ou même une fête des voisins dans notre maison communautaire ?" Après l’enquête publique, l’ASBL et les riverains devront attendre quelques mois pour obtenir la décision finale de la Commune.
VITE DIT
La Ville de Namur était intéressée
Avant de se projeter à Sambreville, Dominique Bigneron et son équipe étaient, il y a trois ans, en pourparlers avec la Ville de Namur. "Malheureusement, les terrains proposés étaient trop petits pour notre projet."
30 logements ou moins
"Aurez-vous assez avec le million ?", demandait un habitant. Le projet a été réfléchi il y a trois ans. En raison de la hausse du coût des matériaux, Dominique Bigneron s’attend à une augmentation de 200 000 €. "Si nous n’obtenons pas de soutien financier de la Région, nous construirons moins de logements."
Avec des riverains
L’ASBL invitera un riverain des rues avoisinantes lors des conseils d’administration.
Au bois
Des habitants ont demandé s’il n’était pas envisageable que les locataires se chauffent avec autre chose qu’un poêle à bois. "Car nous craignons qu’ils brûlent tout et n’importe quoi." Dominique Bigneron n’est pas fermé sur le sujet mais rappelle que c’est le système de chauffage le plus économique.