Celles : "Éloigner le spectre du désert médical"
Publié le 10-02-2020 à 08h12 - Mis à jour le 10-02-2020 à 08h13
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L’équipe de la maison médicale garantit la pérennité des soins dans l’entité de Celles. Le 1er octobre 2021 sonnera l’heure de la retraite pour le docteur Yves Dumonchaux. "Quand j’atteindrai l’âge de la pension, je décrocherai ma plaque de médecin, scellée sur la façade de la maison, sans remords, ni regret. Car, durant toute ma carrière, je me suis levé tous les matins de bonne heure et couché très tard le soir, avec une préoccupation qui confinait parfois à l’angoisse", explique aujourd’hui avec apaisement le patron de la maison médicale de Celles.
Cette inquiétude, c’est de voir s’installer, sur ses terres, un désert médical. "Avec les mesures prises par le gouvernement, les politiques ont réduit drastiquement le nombre de médecins à la sortie de l’université. Et, aujourd’hui, avec la progression de l’espérance de vie, mes confrères, prêts à raccrocher le stéthoscope, peinent à trouver un successeur", s’inquiète Yves Dumonchaux.
L’union fait la force
"La médecine générale est sans doute la plus difficile des disciplines, car le praticien est toujours seul face au patient et à sa pathologie. Et l’aura, autrefois conférée au titre de docteur, dans le village, ne suffit plus à convaincre les jeunes médecins. Ces universitaires préfèrent décrocher une spécialisation ou travailler, comme salariés, en milieu hospitalier", constate, à regret, celui qui a voué sa carrière à ses patients, dans la campagne de Celles et au-delà.
Yves Dumonchaux n’a jamais occulté le problème et a même trouvé la solution.
"Grâce à la maison médicale, nous travaillons en équipe depuis deux ans. Et ce n’est pas le tumulte de l’actualité qui aura raison de notre projet communautaire", poursuit-il avec un brin d’agacement, mais toujours plus de détermination dans la voix.
La maison médicale de Celles est désormais installée, pour de bon, à la rue de l’Église, dans les anciens bâtiments d’une institution bancaire. "Médi Celles regroupe une quinzaine d’intervenants et offre à la population la garantie que jamais ne s’installera de désert médical dans cette entité rurale", tape du poing sur la table le docteur qui crèche à l’étable quand il consulte à domicile.
La relève est assurée
"Aujourd’hui, en entrant dans nos nouveaux locaux, nous achevons un chantier semé d’embûches, pour mettre désormais sur les voies une très belle aventure humaine. Avec le docteur Virginie Guemjom, présidente de l’ASBL Médi Celles, nous sommes deux médecins aguerris au service de la patientèle. Mais ma plus grande satisfaction est d’avoir accompagné la période d’assistanat de deux confrères frais émoulus, Mathilde Laureyns et Matthieu Tanis. Car, à l’issue de ce compagnonnage, ces deux jeunes médecins m’ont fait connaître leur volonté de poursuivre à nos côtés. La preuve, si besoin en est, qu’une structure comme celle de la maison médicale peut encore attirer la relève vers la médecine générale", conclut Yves Dumonchaux qui a le droit de se montrer fier du travail accompli.
Mais si du sang neuf coule dans les veines de Médi Celles, le vieux sage n’estime pas pour autant pouvoir tirer un trait sur sa vocation . "Il est évident que je vais me retirer sur la pointe des pieds et confier ma patientèle aux bons soins de la relève. Mais je ne pourrai m’empêcher, chaque matin, de passer par la maison médicale pour m’assurer que tout le monde est en bonne santé."