La place Hergé de Tournai, un espace public un peu trop privatisé ? (vidéo)
Inaugurée en 2007, un an après la galerie Casterman qui la jouxte, la place Hergé devrait en principe être accessible au public, du moins à certaines heures imposées par la Ville. Ce n’est cependant pas souvent le cas.
Publié le 15-03-2023 à 12h02
On a récemment beaucoup évoqué le nom d’Hergé à l’occasion du 40e anniversaire de son décès.
Certains l’ignorent peut-être tant l’endroit se veut discret, mais Tournai possède une place portant le nom du célèbre dessinateur sur le site de l’ancienne imprimerie Casterman.
Lequel a été transformé en un vaste complexe immobilier (l’îlot Artevie) accueillant, au rez-de-chaussée, une galerie muséale abritant d’anciennes machines de cette imprimerie qui fit jadis la gloire de la cité des cinq clochers. Lors de l’inauguration de la place en mai 2007 (à l’occasion du centenaire de la naissance d’Hergé), il avait été dit que cet espace réalisé avec l’aide de subventions publiques, resterait accessible… au public.
Bien qu’enclavée dans une copropriété, la place est en effet communale et est, à ce titre, entretenue par la Ville de Tournai.
Force est toutefois de constater que son accessibilité est trop souvent limitée, voire impossible ; d’autant que les deux entrées – que ce soit via la rue des Sœurs noires ou depuis la rue Claquedent – sont barrées par des grillages régulièrement fermés.
Plusieurs lecteurs nous l’ont signalé, de même que des guides de Tournai et nous avons également pu le constater de visu à plusieurs reprises.
Des nuisances dénoncées par les propriétaires et riverains
Ce n’est pas la première fois que le constat du manque d’accessibilité du site est dressé. Le problème est par ailleurs évoqué dans une délibération du Collège communal datant du 14 juillet 2017.
Celle-ci faisait suite à une demande de la copropriété d’Artévie qui avait exprimé le souhait de rehausser les grilles placées à l’entrée du site pour lutter contre certaines nuisances dénoncées dans un courrier adressé à la Ville quelques mois auparavant.
Lesquelles avaient notamment trait à des jeunes qui se rassemblaient dans la galerie pour consommer de l’alcool et/ou de la drogue, mais aussi à des dépôts de déchets abandonnés par des étudiants (cannettes, mégots de cigarettes, emballages…) venus prendre leur collation sur le temps de midi sur cette place, ou encore à la présence de déjections canines, de tags, et/ou à des vols et dégradations diverses.
Par cette même délibération collégiale, la copropriété avait bien reçu l’autorisation de rehausser les grilles à ses propres frais et sous certaines conditions (dont celle d’utiliser des métaux traités contre la rouille pour la transformation des grilles).
Une injonction communale rappelant le caractère public de la place
Dans cette même délibération, le Collège tenait également à rappeler le “strict caractère public du passage ainsi que celui des horaires d’ouverture des grilles du site fixés précédemment par le collège communal”.
Un rappel qui, à l’époque, s’imposait suite aux doléances (déjà) formulées par des promeneurs qui souhaitaient voir la galerie mais qui se retrouvaient face à des grilles fermées, comme c’est encore trop souvent le cas aujourd’hui. L’injonction communale rappelle cependant que le site doit être publiquement accessible : les lundis, mardis, mercredis, jeudis et vendredis, de 9 h à 11 h 30 et de 13 h 30 à 17 h ainsi que les samedis et dimanches, de 9 h à 17 h sans interruption.
Si l’on peut comprendre le souhait de riverains de vouloir se protéger de nuisances extérieures et d’aspirer à une certaine quiétude, on peut difficilement admettre que les moyens mis en œuvre pour y parvenir aillent à l’encontre du caractère public du site.
Car, partant de ce principe, pas mal d’espaces pourraient alors être purement et simplement interdits d’accès en permanence, à commencer par certains parcs communaux…
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