Éclairage public : des communes de Wapi vont l’éteindre en semaine, et l’allumer le week-end
Fin 2022, des communes de Wallonie picarde décidaient de couper l’éclairage public entre minuit et 5h du matin en raison de la hausse des prix de l’énergie. Cette décision est d’application jusqu’au 31 mars. Les communes doivent donc à nouveau se pencher sur le sujet et prendre une nouvelle décision.
Publié le 24-03-2023 à 09h04
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En novembre dernier, le plan d’extinction de l’éclairage public entrait en application en Wallonie. Au vu de la flambée des factures énergétiques, il était proposé aux communes d’être plongées dans le noir, de minuit à 5h du matin. En Wallonie picarde, le “black-out” était loin d’être généralisé ; certaines communes ayant décliné l’offre. Pour les autres, la mesure était annoncée jusqu’au 31 mars. Le gestionnaire du réseau de distribution ORES est prêt à prolonger la mesure. Mais qu’en pensent les communes de Wallonie picarde ?
Pas de hausse des vols et des accidents
Les communes d’Antoing, de Brugelette, de Celles, de Chièvres, d’Estaimpuis, de Flobecq (avec “une demande d’extinction exceptionnelle pour certaines manifestations”), de Mont-de-l’Enclus, de Pecq et de Tournai ont ainsi décidé de maintenir l’extinction de l’éclairage public entre minuit et 5h du matin.
À noter la particularité pour la Ville de Tournai (comme pour Lessines) qui conserve son centre-ville allumé la nuit. “Pour des raisons de sécurité, mais surtout pour le bon fonctionnement des caméras de vidéosurveillance, précise le bourgmestre Paul-Olivier Delannois. Au niveau de l’économie financière, on peut l’évaluer à environ 800 000 euros sur une année, soit un peu plus de 65 000 euros.”
Des décisions qui ont été prises après avoir pris le pouls auprès des zones de police quant à l’impact de cette mesure sur la criminalité et les accidents. “Après quelques mois d’expérimentation, les retours négatifs sont presque inexistants, relève le bourgmestre de Celles, Michael Busine. Les faits de vol n’ont pas augmenté et aucun gros accident ne s’est produit dans l’obscurité. Tous les voyants sont au vert pour poursuivre cette mesure d’économie.” Un constat assez semblable dans les autres zones de police.
Une distinction entre la semaine et le week-end
Si elles poursuivent sur cette voie, dans un souci d’économie financière et de gain environnemental, d’autres communes ont néanmoins sollicité auprès d’Ores quelques adaptations, notamment par une distinction entre la semaine et le week-end.
Les communes d’Ath, de Brunehaut, d’Enghien, de Frasnes, de Lessines, de Leuze et de Silly prônent un compromis, en maintenant l’éclairage public allumé le week-end, soit pour les nuits du vendredi au samedi, et du samedi au dimanche ainsi que les jours fériés.
À Comines-Warneton, c’était déjà le cas, et cela le restera “pour des raisons de sécurité même si paradoxalement il y a eu moins de problèmes ces derniers mois…” “Nous allons par contre demander à Ores de modifier quelque peu l’heure, en passant de 6h à 5h pour l’allumage de l’éclairage public le matin”, ajoute Didier Soete, échevin de la Mobilité et de la Sécurité à Comines-Warneton.
” Pour cette option, ORES estime une économie de consommation (kWh) +/– 25% à 30 % d’économie en fonction du parc de luminaires”, signale le bourgmestre d’Ath Bruno Lefebvre
Le bourgmestre de Péruwelz souhaite quant à lui retarder quelque peu l’extinction de l’éclairage, à 1h du matin. “Nous sommes en train d’étudier la meilleure manière de procéder, explique Vincent Palermo. La solution d’éteindre constamment l’éclairage 7 jours sur 7 de minuit à 5 h, nous n’en sommes pas fans. C’est la solution hybride que nous privilégions, à savoir maintenir l’éclairage le week-end et les jours fériés. Nous allons demander à Ores s’il est possible que la mesure soit mise en place entre 1h et 5h parce que nous remarquons qu’à minuit, des gens peuvent encore avoir besoin de l’éclairage public.”
Sur Frasnes-lez-Anvaing, la situation restera différente d’une zone à l’autre de l’entité, soit de 23h à 6h pour la partie nord (réseau Fluvius), et de minuit à 5h pour la partie sud (Ores).
Petite adaptation également à Silly. “Suite à une demande de la commune d’Enghien après une série de vols dans des commerces, nous avions accepté de rallumer une partie de notre entité (Hoves, Graty et Bassilly) liée à la cabine électrique qui alimente aussi le territoire enghiennois, explique le bourgmestre Christian Leclercq. Cette mesure était d’application jusqu’au 31 mars, et les villages se retrouveront donc à nouveau dans le noir, durant la nuit, à partir d’avril.”
”Une cacophonie” et un problème de responsabilité
Quelques communes avaient décliné l’offre d’ORES de couper les lumières le long des voiries, comme Belœil, Bernissart, Ellezelles et Mouscron. Elles campent sur leurs positions et resteront éclairées. Si elles évoquent, comme le résume le bourgmestre de Bernissart, Roger Vanderstraeten, “la sécurité avant les économies”, elles pointent aussi du doigt “le flou législatif qui règne autour de la responsabilité éventuelle des bourgmestres en cas d’accident dans les lieux non éclairés.”
”En n’imposant pas la mesure à toutes les communes, la Région wallonne met la responsabilité entre les mains du bourgmestre qui prend la décision d’éteindre la lumière, acte qui peut amener à un accident ou un autre fait, ajoute le maïeur de Belœil, Luc Vansaingèle. Et puis, c’est une sacrée cacophonie… Chaque commune fait ce qu’elle veut ! On passe d’une route où tout est éteint, à une autre où tout est allumé… et même dans une même commune, la situation change en fonction du jour ou d’une rue à l’autre !”
Rumes, seule commune de Wallonie picarde à dépendre d’un autre gestionnaire du réseau de distribution d’électricité, l’AIEG, a aussi fait le choix de maintenir une certaine luminosité le long des routes et chemins sur l’ensemble de territoire. Grâce à la technologie LED, elle peut diminuer et adapter l’intensité de l’éclairage en fonction des tranches horaires et des secteurs.