Artlight: des lampes avec des matériaux de récupération au Collège Saint Henri Mouscron
Dix élèves de 7e professionnelle en gestion de très petites entreprises (Collège Technique Saint-Henri) s’éclatent dans leur nouvelle activité: la création de lampes en style industriel sur base de pièces mécaniques récupérées. Sitôt créées, sitôt vendues !
Publié le 11-02-2023 à 14h02
:focal(545x474.5:555x464.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/LYT22R7TLNA6TNCUF2VJOSJOZQ.jpg)
Ils ont obtenu leur diplôme de soudeur ou d’électricien l’an dernier et ont décidé de poursuivre une année d’étude afin d’obtenir un certificat de gestion au Collège Technique Saint-Henri. Dans le cadre de cette formation, leur professeure, Valérie Malempré, incite ses classes à participer à l’opération "Mini-entreprise" promue par l’ASBL LJE. L’enthousiasme affiché par le groupe des soudeurs auquel s’est joint un électricien méritait assurément notre passage dans l’école.
Comment est né votre projet ?
Lorsque Mme Malempré nous a expliqué toutes les composantes d’une mini-entreprise (organigramme, financement, choix d’un produit…), on a d’abord songé à la commercialisation d’allume-feu mais on s’est très vite dit qu’il serait plus judicieux d’utiliser nos compétences professionnelles. On a donc rapidement opté pour l’art mécanique. Dès le 13 octobre, on sortait un prototype qui s’est aussitôt vendu.
Vous avez alors investi les ateliers de l’école ?
Non, car on n’a plus d’heures d’atelier puisqu’on fait de la gestion. Les ateliers sont de toute façon tous occupés par d’autres sections et on ne pouvait pas y accéder en dehors du temps scolaire. On a opté pour le garage de Justin, l’un d’entre nous, qui l’a transformé en atelier. Ça pose un problème de déplacement pour certains, mais cela nous permet de nous retrouver chaque week-end entre copains: on travaille à notre rythme, on rigole bien: c’est notre sortie-détente à nous.
Et les affaires marchent bien, semble-t-il ?
Incroyable: on a déjà produit 42 lampes et 38 sont vendues. On a participé à un marché de Noël durant un week-end. On avait 15 lampes dans notre stand, on est revenu avec une seule. Des gens nous passent même des commandes personnalisées. Chaque lampe est différente car elle dépend des pièces que nous trouvons. C’est aussi beaucoup plus gai d’inventer chaque fois un modèle.
Vous travaillez chacun sur une lampe différente ?
Non, on est très complémentaires. On établit un programme à la semaine en fonction de ceux qui sont disponibles puis chacun participe dans son domaine de prédilection: le démontage, le tri, la recherche puis la gestion des pièces, le nettoyage, le fraisage, la soudure, les plans, le montage, la comptabilité, la vente, la tenue de nos sites, etc. Tout ça peut paraître complexe mais ça ne nous pose aucun problème.
Quelle est la plus grande difficulté ?
La matière première: il faut vraiment se démener pour obtenir des pièces. On sollicite des industries, des garages, des particuliers qui bricolent. Avec la crise, beaucoup de pièces sont réparées plutôt que jetées. Au prix du métal, les entreprises les revendent souvent au poids. Pas toujours facile non plus d’accorder nos points de vue mais, si le ton monte parfois, c’est très vite aplani. On comprend que chacun soit différent mais on est malgré tout très "soudés", c’est notre force.
Le prix de vos lampes oscille entre 60 et 120 €, déjà une belle somme…
Peut-être, mais lorsqu’on compare avec les prix pratiqués par les artistes amateurs ou professionnels, ce n’est pas cher. Nos clients nous le disent aussi. On passe des heures pour une réalisation. Outre les pièces de récupération, nous devons aussi acheter le matériel électrique, du vernis. Il nous a fallu un poste à souder.
Ce succès vous stresse ?
Que du contraire: on ne se met pas la pression. Tant qu’on y trouve du plaisir, on produit mais à notre rythme. On est par contre ambitieux et on voudrait être sélectionnés parmi les 20 finalistes. On se présente devant le jury à Bruxelles ce samedi 11 février. Huit élèves sur les dix feront le déplacement, c’est dire notre motivation. On y croit dur comme… fer !
L’enthousiasme de ces jeunes les amène même à rêver d’une victoire nationale qui leur ouvrirait les portes de la finale internationale qui se tiendra en Turquie. Même si on n’est pas superstitieux, on touche du bois pour eux, en l’occurrence ici plutôt du fer… à cheval !