Erwan (Comines-Warneton), 6 ans, n’a pas retrouvé d’école: "Que la société donne une chance à notre enfant"
Exclu pour un comportement parfois violent, Erwan n’a pu s’inscrire dans un autre établissement. Les parents déplorent un système défaillant.
Publié le 19-03-2023 à 14h04
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Résidant dans la rue de la Chapelle Rompue (Le Bizet), à la frontière française, Erwan aura 7 ans le 25 mars. Depuis fin janvier, il n’est plus scolarisé parce qu’il a été viré de son école ! Une situation qui désespère la famille, d’autant plus que son père, Justin, est lui-même éducateur spécialisé à Froyennes, dans le service de l’aide à la jeunesse.
Des problèmes d’élocution qui se transforment en colère
"Tout a commencé en deuxième maternelle, explique le papa. Nous avions remarqué qu’il avait des problèmes d’élocution et que, quand il ne savait pas s’exprimer, il faisait des crises de colère. Nous l’avons donc fait suivre par une logopède, une psychomotricienne et un pédopsychiatre. En troisième maternelle, les crises se sont accentuées, mais tout était ok au niveau des apprentissages. Il reste donc dans la même école et intègre le circuit primaire. Une semaine et demie après la rentrée, il est exclu trois jours pour des faits de violence. Nous prenons alors rendez-vous chez le pédopsychiatre pour modifier son traitement."
Les semaines se suivent jusqu’au 20 janvier où le directeur de l’école le renvoie définitivement, suite à de nouveaux faits.
"Nous avons alors cherché une autre école, mais toutes ont répondu négativement, affirmant n’avoir plus de place ou ne disposant pas de la section qui correspond au cas de notre fils, détecté type 3 et type 8."
Traumatisme pour l’enfant
Erwan ne voit plus ses copains. "Il voudrait tant aller à l’école et, comme on lui interdit, il se sent différent, diminué, avec un impact psychologique négatif ! Il a l’impression d’être un bon à rien ! Cette situation engendre chez lui une forme de traumatisme ! Un exemple: il nous demande de ne plus passer en voiture devant son ancienne école !"
Ce qui révolte encore plus les parents, c’est que l’on a pris leur enfant pour un jouet. "Il a été viré sans qu’on nous laisse le temps de se retourner, de demander l’intervention du pédopsychiatre. Je me dis parfois qu’il faudrait que l’on se rende en Ukraine et que l’on revienne pour avoir directement une place ! En hauts lieux, on parle de plus en plus d’inclusion, mais quand on est soi-même confronté au cas, on se rend compte que l’école ne fait rien pour les enfants à problèmes !"
Dans l’attente, les parents ont téléphoné à toutes les écoles, remué le PMS et les services diocésains.
Quid de l’obligation scolaire ?
"Qu’il aille dans un enseignement spécialisé ne nous dérange absolument pas, si c’est pour son bien, mais qu’il ne reste pas à la maison toute la journée ! Je veux que la société donne une chance à notre enfant."
Par chance, Erwan a un petit frère avec qui il s’entend très bien, de même que des cousins.
"Le pire dans l’histoire, c’est que nous pourrions être sanctionnés parce que nous ne respectons pas l’obligation scolaire ! Ce n’est pas que nous ne voulons pas le scolariser, mais bien qu’aucune école ne l’accepte !"
Rappelons qu’en Belgique l’école est obligatoire "dans l’année civile durant l’enfant atteint l’âge de 5 ans et se termine à la fin de l’année civile au cours de laquelle il atteint l’âge de 18 ans."