Boucle du Hainaut : l’enfouissement est-il vraiment une option pour le politique ?

Pour la ministre Tine Van der Straeten (Écolo/Groen), la question de l’enfouissement semble réglée. Et loin de ses préoccupations.

F.H.
 "Une vraie dépréciation immobilière a déjà cours aujourd’hui" note Patrick Prévot (PS).
"Une vraie dépréciation immobilière a déjà cours aujourd’hui" note Patrick Prévot (PS). ©L'Avenir - F.H. 

La ministre de l’Énergie, Tine Van der Straeten (Écolo/Groen) a été interrogée à propos de la Boucle du Hainaut, ce mardi en commission de l’Énergie, de l’Environnement et du Climat, à la Chambre, par Catherine Fonck (Les Engagés) et Patrick Prévot (PS).

La ministre a notamment précisé le caractère tardif (deux jours avant !) de la demande du Gouvernement wallon de discuter de la Boucle du Hainaut et des éventuelles alternatives technologiques lors du récent Codeco (Comité de Concertation). Elle répète que la question (technologique) est définitivement tranchée en Flandre… et que la Wallonie peut solliciter du gouvernement flamand les données utilisées pour prendre sa décision (une ligne électrique aérienne à très haute tension, en courant alternatif). Le débat technologique ne relève pas de la compétence du gouvernement fédéral.

Catherine Fonck rappelle que le gouvernement wallon n’a pas intégré “le projet alternatif porté par les citoyens via Revolht” (ligne souterraine en courant continu). “Il a affirmé que cette option pourrait être étudiée ; en coulisses, la confusion continue puisque certains disent qu’il s’agit juste d’une posture de communication du gouvernement qui, de toute façon, considère que ce projet alternatif porté par les citoyens serait en fait refusé” souligne Mme Fonck qui insiste aussi sur le soutien des bourgmestres à l’alternative souterraine.

Une Boucle “seulement” pour le Hainaut ?

En réponse préalable à la députée centriste, la ministre Van der Straeten note que le dossier du nucléaire n’a aucune influence sur les projets Ventilus (en Flandre) et Boucle du hainaut.

”Ce qui a un impact, c’est le transport d’une énergie verte et bon marché vers la Wallonie car nous pensons que les citoyens wallons doivent aussi avoir accès à cette énergie verte bon marché, ce qui réduira aussi la facture énergétique en Wallonie. Mais pour y avoir accès, il faut qu’il y ait une connexion. Ce qui a également un impact, c’est la capacité de raccordement supplémentaire dans le Hainaut car, aujourd’hui, il n’est déjà plus possible pour de nombreuses entreprises du Hainaut de s’agrandir ou de s’électrifier davantage, et encore moins pour de nouvelles entreprises de se lancer. L’industrie wallonne est mise en veilleuse par les atermoiements du gouvernement wallon. Pas de nouvelles entreprises, pas de nouveaux emplois ! Et, pour cela aussi, la Boucle du Hainaut est nécessaire et urgente.”

Ce qui s’est vraiment dit au Codeco

Quant au récent Codeco (15 février), elle précise qu’il a été convoqué par la Région flamande, “à sa demande d’avoir une discussion entre entités concernant la compensation”.

”Le gouvernement wallon a alors voulu discuter de la Boucle du Hainaut et des éventuelles alternatives. Cette question du gouvernement wallon n’a été transmise au Comité de concertation que deux jours à l’avance. Elle a été brièvement évoquée pendant la réunion.”

La ministre Écolo insiste aussi sur le fait que le “gestionnaire du réseau étudie évidemment le réseau de transport belge dans son ensemble”. “La seule raison pour laquelle cela a été traduit dans deux projets résulte du fait que deux Régions différentes sont responsables de l’octroi des permis de construire. Le point de départ de toutes ces analyses est bien entendu le pays dans son ensemble.”

Tine Van der Straeten rappelle que des études ont (déjà) été effectuées, en Flandre et en Wallonie à propos de la technologie. “Toutes sont arrivées à la même conclusion, à savoir que Ventilus doit être réalisé en courant alternatif. […] Deux experts indépendants sont arrivés à la même conclusion pour la Boucle du Hainaut.”

Jan Jambon, lors du Codeco, a donc expliqué à Willy Borsus que la question était tranchée en Flandre. “Il lui a également fait savoir qu’elle était prête à partager toutes les données dont elle dispose…” Et quant au pouvoir fédéral, il s’en lave les mains : “les permis ne relevant pas de sa responsabilité, il ne peut avoir un rôle actif en la matière”.

Enfouissement : des exemples ailleurs

Catherine Fonck insiste sur le fait que les “besoins” de la Boucle débordent du Hainaut.

”Vous amenez directement cette conclusion qui voudrait que seul le courant alternatif soit retenu. Pour moi, c’est totalement inacceptable. Ce n’est d’ailleurs, à ce stade, pas du tout une conclusion qui s’impose. Il suffit de regarder ce qui se fait dans d’autres pays. Je pourrais citer l’Allemagne, mais aussi le projet mené sur l’interconnexion transpyrénéenne entre l’Espagne et la France.” Pour la députée, il doit être possible de concilier les besoins énergétiques et la préservation de la santé, de l’environnement, du cadre de vie.

La dépréciation immobilière est déjà réalité

”Je sais pertinemment que la balle est dans le camp du gouvernement wallon” note de son côté Patrick Prévot.

”Ce n’est pas parce qu’on a trouvé une solution pour Ventilus qu’elle doit nécessairement être dupliquée pour la Boucle du Hainaut” remarque-t-il avant d’insister sur les conséquences négatives du projet déjà observées sur le terrain. “Une vraie dépréciation immobilière a déjà cours aujourd’hui. […] Aujourd’hui, il y a déjà des gens qui se trouvent dans ce fameux couloir réservé et dont le bien est déjà déprécié. Quelqu’un qui souhaiterait vendre sa maison demain trouvera évidemment beaucoup moins d’acquéreurs, en tout cas au prix normal du marché, si on sait qu’une autoroute électrique traversera le fond du jardin ou surplombera la maison. “

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