Fauché, le couple libertin athois s’est lancé dans la prostitution
En raison de fins de mois difficiles, les prévenus ont entamé un business qui les a menés devant le tribunal.
Publié le 23-03-2023 à 09h04
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Ils ressemblent à monsieur et madame Tout-le-Monde. Amélie et Richard (prénoms d’emprunt), 45 et 51 ans, sont poursuivis pour avoir organisé depuis leur domicile d’Ath et une autre habitation de la cité de Gouyasse une activité liée à la prostitution. Depuis le 1er juin 2022, le code pénal sexuel a été modifié et la prostitution décriminalisée. Mais dans cette affaire, les faits se déroulent avant cette date.
À la base, ils fréquentaient les clubs échangistes. Ensuite, les événements ont pris une autre tournure. "Les fins de mois étaient très difficiles, explique Richard. Sur des sites libertins, j’ai vu que des gens faisaient ça chez eux. Nous avons fait pareil. On s’amusait ensemble et ça a eu beaucoup de succès."
Une amie, selon Richard, leur a alors parlé d’un autre projet. "Elle savait que nous avions du mal financièrement et a demandé à ma femme pourquoi elle ne se prostituait pas, lui proposant même de faire ça avec elle. Voilà comment ça a débuté."
Pour attirer des clients et recruter des filles, il fallait faire de la pub et Richard a alors mis des annonces sur un site spécialisé. "À notre domicile, nous avons aménagé un local. Quelques filles ont commencé à travailler chez nous. Le client se garait un peu plus loin. On lui téléphonait et il arrivait à pied. Il payait à la fille. Nous, nous prenions une commission en accord avec la fille. Sur 70 €, on en prenait 20 pour les charges. Si la prestation était plus chère, la commission augmentait aussi en fonction. On s’amusait entre nous et on n’a pas eu conscience de la gravité de la chose."
La présidente lui fait remarquer que quand on commence à gagner de l’argent, ce n’est plus du libertinage.
Problèmes de dos… mais pas pour tout…
Diminuée tant physiquement que psychologiquement, Amélie n’a pas nié les faits. "J’ai presté comme les autres avant de tomber malade. C’est là aussi qu’on a mis des annonces pour recruter parce que moi, je ne savais plus prester. J’étais à la mutuelle, mon mari au chômage. Il l’est depuis longtemps."
La présidente demande à Richard pourquoi il ne travaillait pas. "J’ai des problèmes de dos."
La présidente ne le loupe pas. "Excusez-moi, mais vous n’aviez pas de problèmes de dos pour faire vos exercices de libertinage." Le public sourit. Le prévenu acquiesce. "C’est pas faux."
Le ministère public explique que c’est une prostituée, sans doute en désaccord, qui a dénoncé les faits. "La perquisition a permis de mettre la main sur un carnet de comptes, du matériel à caractère sexuel et un GSM. La prostitution était organisée depuis 2018. L’organisation de cette prostitution a duré plus de quatre ans. Monsieur gérait les rendez-vous et avait même créé un site. Madame, elle, répondait parfois au téléphone. Monsieur a indiqué que les revenus perçus étaient de l’ordre de 1.000€ par mois."
Le ministère public se fait encore plus grave quand il rappelle la présence d’enfants dans la maison. "Quand la police est arrivée, un gosse de 4-5 ans était en train de jouer avec un godemiché."
Il réclame 18 mois avec sursis contre Richard et un an avec sursis contre Amélie ainsi qu’une amende de 25.000€ pour chacun.
La défense indique que le couple n’a forcé personne dans ce dossier, que les filles étaient d’accord. "Elles n’ont jamais été obligées de faire quoi que ce soit et n’ont pas subi de violences. Quant aux enfants, tout se passait quand ils n’étaient pas là. Leur situation financière s’est améliorée et ils ont livré des aveux spontanés. L’amende est trop lourde. Pour la peine, nous sollicitons la suspension simple ou un sursis."
Jugement le 18 avril.