La chronique de Jean-Marc Ghéraille: le Bayern Munich belge ? Le FC Bruges s'est vu trop beau
Notre rédacteur en chef consacre sa chronique dominicale au Club de Bruges.
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Publié le 12-03-2023 à 09h33
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La raclée européenne encaissée mardi à Benfica par le Club Bruges en Ligue des champions a sonné la fin de la blague Scott Parker. Coach plus playboy que tacticien, plus sourire Pepsodent que sauveur de monument en péril, il n’aura duré que 67 jours. Avec un bilan comptable catastrophique qui plonge les Blauw en Zwart dans une crise existentielle. Ou plutôt une crise de croissance.
Car, quel que soit le résultat de ce dimanche face au Standard, la situation du champion de Belgique 2020-2021 et 2022 ne sera pas fondamentalement modifiée. Ni positivement ni négativement. Le malaise du club ne date pas d’hier mais il paie aujourd’hui cash les erreurs, les approximations de ces deux dernièes années. Sans doute aveuglée par les succès, même immérités, la direction a oublié de se remettre en question, a multiplié les erreurs de casting, les décisions curieuses pour souffrir désormais d’une réelle crise d’identité.
En effet, la saison dernière, n’ayons pas peur de le dire : le Club Bruges a eu une chance hallucinante de décrocher le titre. Grâce à des playoffs en mode remontada, grâce à un Simon Mignolet stratosphérique (devenu d'ailleurs Soulier d'Or), grâce (ou à cause) d’une Union Saint-Gilloise qui a craqué dans le money time. La sonnette d’alarme avait déjà solidement retenti mais les dirigeants ont fait semblant de ne pas l’entendre et ont mis cette saison cahotique sur le compte de l’accident de parcours. Grave erreur…

Quand on a le sentiment certes diffus mais bien réel d’être intouchable, que rien ou presque ne peut vous arriver, c’est le moment où le danger guette. Le Club Bruges est arrivé à un point où il doit se poser, se poser les bonnes questions, poser les bons choix pour repartir de l’avant.
Ces dernières années, il a connu une réussite insolente. Tant sportivement que financièrement. Trois titres d’affilée, des campagnes en Ligue des champions qui ont rempli les caisses et des transferts sortants qui ont rapporté plusieurs fois le jackpot comme, en vrac, Wesley, Diatta, Dennis, Okereke, Denswil ou encore Kossounou. Ce sont des dizaines de millions d’euros qui ont garni le compte-en-banque du club le plus riche du pays.

Question subsidiaire : a-t-il été bien utilisé et donc réinvesti ? Réponse actuelle : non. Comme si la cellule de scouting avait perdu la main quant au recrutement. Avec, en point d’orgue, le flop monumental Roman Yaremchuk acquis pour 16 millions d’euros et qui ne parvient pas à gratter une place de titulaire. C’est le premier point à régler du côté du Jan Breydelstadion : quel casting de joueurs pour quel projet sportif ?
Dans le même temps, comme dirait un président de la République française, la direction n’a sans doute pas suffisamment renouvelé ses cadres. En offrant de gros contrats à des cadors, en en retenant certains qui voulaient partir, elle les a installés dans un confort douillet. Celui duquel il est plus compliqué de sortir après des années de succès. Le Club Bruges doit refaire sienne son slogan : No Sweat, no Glory. Il faut le retour de la sueur.
Enfin, après des périodes de stabilité, synonymes de trophées, avec Michel Preud’homme puis Philippe Clément, parti au beau milieu d’un championnat (c’était déjà un signe…), le Club vient de consommer trois coaches en une seule saison. Le pauvre Carl Hoefkens, balancé au feu sans lance d’incendie et sacrifié sur le bûcher des résuats, avant l’erreur de casting Scott Parker. A qui le tour?

Une certitude : le Club Bruges ne remportera pas son quatrième titre consécutif, ni la coupe de Belgique. Il pourrait même être privé de compétition européenne la saison prochaine. C’est le moment où jamais pour tout remettre à plat. Pas remettre en question mais à plat. Pour (re)définir une ligne de conduite, un plan à trois ou cinq ans. Pour peut-être renouer avec cette image, un peu surfaite avouons-le, de Bayern Munich belge.