Gillet: "Je dors souvent très mal avant une finale"
Habitué des finales, Pierre-Antoine Gillet appréhende pourtant toujours ce genre de rendez-vous.
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Publié le 11-03-2023 à 16h56
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La salle de Forest National n’a plus aucun secret pour lui. Dimanche, sur le coup de 15h30, Pierre-Antoine Gillet y disputera sa septième finale de Coupe de Belgique en sept saisons sous la vareuse ostendaise (2013 à 2017 et 2020 à 2023). À 31 ans, l’international belge a l’occasion ce week-end d’encore gonfler son riche palmarès (6 titres nationaux et 5 Coupes).
Ce rendez-vous pourrait aussi servir à lui faire oublier le mauvais souvenir de son dernier passage par Forest, l'an dernier. "Cette défaite face à Limburg United me reste encore en travers de la gorge", indique le Liégeois dont ce fut le seul échec dans une finale avec le BCO. Le Liégeois a donc hâte d'en découdre face à Anvers pour soulever, il l'espère, une sixième fois le trophée de la Coupe de Belgique.
Pierre-Antoine, après avoir récolté autant de titres dans une carrière, la saveur reste-t-elle la même au moment d’aborder cette nouvelle finale ?
"Oui, car des finales de Coupe restent des moments forts, avec une grosse ambiance dans la salle. Ces dernières années, les sacres ont même plus de valeur pour moi, car j’ai un rôle différent désormais en tant que cadre de l’équipe, avec plus de responsabilités. D’un point de vue personnel, c’est donc encore plus grisant. Chaque année l’équipe est de plus en plus jeune et la tâche devient plus compliquée. L’écart de niveau avec nos concurrents n’est plus aussi prononcé. Lors de mes quatre premières années à Ostende, je ne dirais pas que c’était plus facile, mais on s’y attendait plus, car on dominait plus largement. On sentait que même dans un mauvais match, on était capable de faire la différence à tout moment en appuyant sur l’accélérateur."
Vous ressentez encore de la pression à l’aube d’un tel rendez-vous ?
"Je dirais plutôt qu’il s’agit d’excitation. Lorsque j’étais plus jeune, j’avais d’ailleurs du mal à canaliser cette sensation. Dans une finale de Coupe, on sait que chaque détail compte, car il n’y aura pas de rattrapage possible après comme dans une série de playoffs. J’ai appris avec le temps à prendre plus de plaisir en jouant ce genre de match, mais ce n’est toujours pas ce que je préfère. Je dors souvent très mal la nuit avant une finale."
Quel est votre ressenti avant cet affrontement face à Anvers ?
"Sur papier, c’est une très belle affiche pour laquelle je dirais que c’est du 50-50. En championnat, on s’était imposé à deux reprises contre les Giants, mais il ne faut pas se dire que ce sera facile. S’ils sont dans un bon jour au niveau de leur réussite, ils peuvent être très dangereux, car ils possèdent des armes offensives incroyables au périmètre. Le danger peut venir de partout. Et je sais que Jean-Marc Mwema sera ultra-motivé, on s’est un peu chambré durant la semaine (sourire)."
La culture de la gagne, elle se développe naturellement lorsqu’on est joueur à Ostende ?
"Quand on arrive dans ce club, on la ressent directement. C’est évidemment dû à son impressionnant palmarès. L’objectif ici est de gagner des trophées chaque saison. C’est attractif et les joueurs qui débarquent ne veulent pas faire partie de ceux qui vivront la fin de la longue série de titres en cours (11 consécutifs). Je peux comprendre que pour certains, cela peut devenir ennuyeux de voir Ostende dominer la compétition depuis plus de 10 ans. Mais ce n’est pas un hasard, c’est dû au professionnalisme et à la philosophie mis en place depuis l’arrivée de Dario Gjergja en tant que coach. Il n’y a pas que le budget qui explique cette réussite."
En parlant de Dario Gjergja, un lien particulier vous unit comme vous en êtes à votre 9e saison sous ses ordres ?
"C’est plus qu’un coach pour moi, je le considère comme un membre de la famille. C’est lui qui m’a lancé à Liège quand j’avais 18 ans et qui m’a fait grandir pour devenir le joueur que je suis maintenant. On a une telle relation que je me permets parfois des choses que je n’aurais jamais faites avec d’autres coachs. Je sais comment lui dire certaines choses même si ça peut paraître choquant de l’extérieur. On connaît son caractère parfois excessif en bord de terrain et j’essaie de tempérer ça. J’ai encore parfois du mal à voir certaines de ses réactions et je sais que pour des jeunes ça peut être dur à supporter. Mais ce n’est jamais irrespectueux. Il a le souci du détail et veut juste pousser ses joueurs à faire mieux à chaque instant. En dehors du terrain, c’est une personne tout à fait différente et on peut se rendre compte à quel point il veut notre bien. Si on a le moindre souci, même d’ordre privé, il est toujours à l’écoute."
Vous en êtes à votre 7e saison à Ostende. Comptez-vous finir votre carrière à la Côte ?
"Je me sens comme chez moi à Ostende. J’y ai gagné tant de trophées, en plus d’un titre de rookie et de joueur belge de l’année. Ma première fille est née ici, mes enfants vont à l’école ici. Ma vie est ici. Il me manque juste encore un peu de pratique en néerlandais pour dire que je suis devenu un vrai Ostendais (rires). Je devrais plus faire l’effort, je suis parfois un peu gêné de parler français. J’espère encore jouer au moins 4 ans. Rester à Ostende est évidemment une option. Mais cela dépendra aussi de comment les choses évoluent au sein du club à l’avenir. Et d’éventuelles propositions extérieures."
Quel bilan tirez-vous de vos trois saisons à l’étranger, de 2017 à 2020 ?
"L’étranger a été une bonne expérience globalement même si c’était mitigé lors de ma première année en France du côté de Chalon. Il m’a fallu un certain temps d’adaptation. Ma saison à Tenerife était pour moi la meilleure de ma carrière. J’ai pu côtoyer le haut niveau européen avec une finale en Champions League et une demi-finale en Coupe du Roi. Lors de ma troisième année, à Fuenlabrada, il y a eu le Covid donc je suis resté un peu sur ma faim et j’aurais voulu terminer mon aventure à l’étranger d’une autre façon. Mais je ne regrette pas d’avoir tenté l’expérience. J’aurais pu repartir vers l’Allemagne ensuite, mais j’ai fait le choix de revenir en Belgique pour des raisons familiales principalement et pour retrouver du plaisir sur le terrain car les derniers mois à Fuenlabrada ont été difficiles."
En tant que spécialiste du shoot à trois points, et avec votre mobilité, n’auriez-vous pas pu faire une plus belle carrière encore en tant qu’ailier ?
"C’est vrai que j’aurais sans doute pu faire une tout autre carrière à ce poste. Mais il m’aurait fallu un jeu plus complet. Or, moins j’ai le ballon en main, mieux je me sens. Je n’apprécie pas forcément que l’attention soit portée sur moi. Je préfère rester dans l’ombre, c’est dans mon caractère. J’adore marquer des shoots, mais je prends parfois plus de plaisir en défense en parvenant à bloquer mes adversaires. Mon rôle me convient très bien, et, heureusement, le tir à trois points est devenu de plus en plus important dans le basket moderne."
Vous continuez à exercer votre tir quotidiennement ?
"Oui, mais moins qu’avant, car je consacre un peu plus de temps à prendre soin de mon physique et à ma famille. Je prends encore environ 150 à 200 shoots par jour. Il n’y a pas de secret, c’est un travail indispensable même s’il ne garantit pas toujours la réussite. Cette saison, j’ai le moins bon pourcentage de ma carrière. Et cela a tendance à me trotter dans la tête. Malgré mon expérience, je dois encore faire un travail sur moi-même pour gérer cette frustration mentale et parvenir plus facilement à trouver le déclic dans une telle situation."