Les Jumbo-Visma en nouveaux maîtres du jeu sur les classiques flandriennes
Entre le doublé Benoot-Van Hooydonck sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne et la victoire de van Baarle sur le Nieuwsblad, la formation néerlandaise a vécu un week-end d’ouverture absolument parfait !
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Publié le 26-02-2023 à 19h02 - Mis à jour le 27-02-2023 à 08h44
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”Je n’avais encore jamais vu un plan tactique théorique être aussi bien appliqué en course !” Derrière la ligne d’arrivée du Circuit Het Nieuwsblad, samedi à Ninove, Tiesj Benoot avait le regard étoilé d’une rock star à sa sortie de scène. C’est que d’un bout à l’autre de l’Omloop, l’équipe Jumbo-Visma aura livré un authentique récital ponctué par le solo victorieux de Dylan Van Baarle, semblant maîtriser chacune des situations de course et même décider de l’essentiel de son scénario. Une mainmise qui a rappelé à beaucoup d’observateurs l’hégémonie avec laquelle la formation Quick Step manœuvrait autrefois et dont les troupes du manager général Richard Plugge semblent être devenues, un petit peu plus encore qu’au printemps dernier, les dignes héritières… avant même que Wout van Aert n’ai donné son premier coup de pédale en compétition cette saison.
Dimanche, sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, les jaune et noir ont remis le couvert en s’offrant un doublé Benoot-Van Hooydonck au bout d’une nouvelle démonstration de force initiée sur les pentes du Bourliquet, à plus de 80 kilomètres de l’arrivée, et poursuivie sur le Mont Saint-Laurent en compagnie de Tim Wellens, l’un des autres hommes forts du week-end.
”Somme-nous la nouvelle Quick Step ?, souriait Arthur van Dongen, le directeur sportif de l’équipe néerlandaise. Je vous laisse le soin de la comparaison, la seule chose qui m’importe est que ce soit un de nos coureurs qui lève les bras à la fin de la course.”
Analyse d’une domination qui a parfois rimé avec leçon.
1. Une préparation définitivement validée
Comme Wout van Aert l’année dernière, Dylan van Baarle s’est imposé sur le Circuit Het Nieuwsblad dès son premier jour de course de la saison après avoir passé près de trois semaines en altitude sur les pentes du volcan Teide (Ténérife). Un doublé qui valide définitivement une méthode à laquelle de plus en plus de spécialistes des classiques emboîtent doucement le pas mais sans le même résultat jusqu’ici.
”Cet hiver, j’avoue avoir été nerveux par moments, commentait van Baarle arrivé de chez Ineos. Changer d’équipe, c’est accepter de s’adapter à un nouveau matériel, un nouvel environnement mais aussi une nouvelle méthodologie d’entraînement. Lors de mes premières semaines de préparation, j’avais le sentiment de ne pas en faire assez, l’essentiel de mes sorties était plus courtes de près d’une heure. Mais mon entraîneur Mathieu Heijboer, que j’avais connu à mes débuts dans l’équipe de développement de Rabobank, m’a répété d’y aller en douceur et de ne pas m’en faire. Et voyez ce que cela donne…”
Avant ce week-end d’ouverture, Benoot n’avait pour sa part plus épinglé un dossard depuis près de… sept mois, victime d’une très grave chute à l’entraînement à Livigno début août. “On ne m’a jamais mis la pression quant à mon retour, j’ai peu faire les choses à mon rythme. Je sentais que j’étais bien à l’entraînement et la course me l’a confirmé. Notre staff a un vrai ‘know how’, un savoir faire dans la préparation. Pendant notre stage en altitude, j’ai bu pendant trois semaines de la soupe au potiron et mangé de la salade mixte (rires)…”
2. Des nouvelles recrues déjà parfaitement intégrées
En alignant Tratnik et Van Baarle au départ de l’ouverture de la saison belge, Jumbo-Visma avait choisi de sélectionner sur les pavés flandriens deux de ses nouvelles recrues hivernales. Comme souvent, les Néerlandais ne se sont pas trompés dans leur casting. Tratnik s’est en effet révélé précieux dans la puissance de feu du collectif jaune et noir samedi sur l’Omloop comme dimanche à Kuurne alors que van Baarle a fait mouche dès sa première course sous ses nouvelles couleurs en allant au bout d’une échappée de plus de quarante kilomètres conclue par un solo dont il est devenu un spécialiste, lui qui s’était déjà imposé de cette manière sur Paris-Roubaix (2022) ou À Travers la Flandre (2021).
”L’équipe m’a fait confiance dans la finale en me disant de suivre mon instinct si je sentais qu’une opportunité s’offrait à moi”, commentait celui qui est depuis peu le nouveau compagnon de la championne du monde VTT Pauline Ferrand-Prévot.
”Dylan ne constituait pas notre leader absolu au départ de cette course pour la bonne et simple raison que nous ne fonctionnions pas selon ce schéma tactique”, soufflait son directeur sportif Arthur van Dongen.
3. Un plan tactique appliqué à la lettre, des responsabilités assumées
En lançant une grande manœuvre sur le Lange Munte samedi, à un peu plus de 100 kilomètres de l’arrivée, qui catapulta six de ses sept coureurs dans un groupe de quatorze hommes, Jumbo-Visma envoya un message clair a ses adversaires : elle était bien décidée à assumer ses responsabilités. “Heureusement que nous avons agi de la sorte, soufflait Nathan Van Hooydonck. Car en début de course, Lotto-Dstny a longtemps refusé de rouler en tête de peloton alors qu’elle possédait un favori et que l’avantage des échappés oscillait autour des 9 minutes. Si nous n’avions pas mis en marche, ce sont les fuyards qui se seraient joué la victoire…”
”C’était le plan de durcir autant que possible la course afin de faire souffrir les sprinters, confiait pour sa part Benoot. Accélérer sur le Lange Munt, c’était programmé.” Tout comme le forcing au pied du Molenberg qui profita quelques kilomètres plus loin à Van Baarle.
Dimanche à l’ombre du podium où il venait de signer la feuille de départ, ‘Tiesjke’avait glissé dans un sourire que son équipe était bien décidée à “rendre à nouveau la vie difficile aux sprinters”. Quelques heures plus tard, celui qui a déjà promis l’âne en peluche récompensant le vainqueur à sa petite fille Roos étayait son propos. “Nous avions échafaudé une stratégie ambitieuse visant à durcir à nouveau loin de l’arrivée car c’est dans cette partie du parcours que les difficultés étaient le plus concentrées. Il fallait d’une certaine manière oser, mais c’était aussi le meilleur moyen de distancer De Lie et Jakobsen…”
4. Une vraie culture des classiques.
Pour mieux épauler son leader Wout van Aert dans la conquête d’un premier monument pavé après lequel il continue de courir, la direction de la structure néerlandaise n’a pas hésité à délier les cordons de sa course pour attirer, en deux mercatos, Benoot, Laporte, Van der Sande, van Baarle et Tratnik au sein d’un collectif désormais habité par une réelle culture des classiques.
”En novembre déjà nous avons réuni ce groupe durant trois jours en Belgique, confiait van Dongen. Nous avons testé du matériel, effectué certains repérages, parlé programmes mais aussi déjà discuté tactique en analysant les images de certaines courses. Dans le sport de haut niveau, rien n’arrive par hasard vous savez…”
5. Une exploitation intelligente du surnombre
Comme samedi après le Molenberg, Jumbo-Visma a su une nouvelle fois exploiter intelligemment son surnombre dimanche à Kuurne lorsque Benoot et Van Hooydonck se sont retrouvés isolés en tête de course en compagnie de Wellens, Mohoric et van der Hoorn.
”Je marquais Wellens alors que Nathan se concentrait davantage sur Mohoric, expliquait Benoot. C’est évidemment un luxe de se retrouver dans une telle position et de pouvoir attaquer à tour de rôle.”