Van der Poel avant la Primavera : “Il ne faut pas être le plus fort pour gagner à Sanremo”
Troisième l’année dernière sur la Via Roma, Mathieu van der Poel semble peiner à cerner le niveau précis de sa condition.
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Publié le 17-03-2023 à 10h07 - Mis à jour le 17-03-2023 à 15h03
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On peut évidemment faire dire aux chiffres ce que l’on souhaite, mais il existe certaines tendances qu’appuient les statistiques. Depuis sa première participation à Milan-Sanremo en 2020, Mathieu van der Poel a fait chaque année un petit mieux au moment de franchir la ligne d’arrivée de la via Roma. Treizième pour ses débuts, cinquième l’année suivante, le champion du monde de cyclo-cross était monté pour la première fois sur le podium (troisième) l’année dernière. L’indice d’un sacre programmé ce samedi ?
Mathieu, certains coureurs considèrent qu’il n’est pas nécessaire d’être au sommet de sa condition pour remporter Milan-Sanremo. Partagez-vous cette analyse ?
”D’une certaine manière, oui. C’est évidemment mieux d’être en forme, mais cela ne vous offre aucune garantie. On a pu voir ces dernières années à quel point il était difficile d’opérer une décision sur les pentes du Poggio. Si vous y parvenez, vous n’êtes ensuite pas à l’abri du retour d’un petit peloton qui se joue alors la victoire au sprint. Il ne faut pas nécessairement être le plus fort pour gagner la Primavera. L’année dernière, j’ai terminé troisième alors que ce monument constituait ma première course de la saison. C’est le genre de truc qui serait impossible sur les Strade Bianche par exemple et cela résume tout…”
Le Mathieu Van der Poel actuel est-il justement capable d’opérer ce type de décision sur le Poggio ?
”Pas celui de la dernière étape de Tirreno-Adriatico, mais peut-être bien celui de ce samedi (rires). J’avais vraiment besoin de la semaine de compétition que m’a offert la Course des Deux Mers car il est impossible de s’entraîner comme cela à la maison. J’ai alterné le bon et le moins bon en Italie et m’attendais à autre chose car j’ai vraiment dû m’accrocher certains jours. Je ne suis pas du genre à facilement m’inquiéter quant à ma condition et sais le pas en avant que va me permettre de réaliser Tirreno. Ma préparation pour ma saison sur route a été assez courte après le Mondial de cyclo-cross.”
"Il y a une différence entre être un bon descendeur et être fou."
Ces dernières années, la descente du Poggio s’est souvent révélée déterminante. Quels sont les meilleurs descendeurs du peloton selon vous ?
”Il y a une différence entre être un bon descendeur et être fou (rires)… Je pense bien me débrouiller dans ce domaine, mais je ne vais pas prendre de risques inutiles. L’année dernière, Mohoric a fait une super descente, mais pour le même prix il quitte la course dans une ambulance. Il est à la fois bon et fou (rires).”
Vous avez déjà dit plusieurs fois que vous considériez Milan-Sanremo comme la course la plus ennuyeuse de la saison. Comment parvenez-vous à rester concentré dans le début de course ?
”Il n’est pas réellement nécessaire d’être pleinement concentré durant les 200 premiers kilomètres, il faut juste en sortir indemne. C’est une fois que l’on entre dans la zone des Capi qu’il convient d’être vigilant.”
Que peut vous apporter l’arrivée de Kragh Andersen dans votre équipe, qui a été proche de la victoire en 2021 ?
”Si vous regardez le scénario de l’année dernière, c’est bien d’avoir quelqu’un capable de faire le travail après la descente. C’est un atout pour l’un comme pour l’autre. Mais pour cela, il faut que nous passions tous les deux le Poggio avec les meilleurs.”
Vos problèmes de dos vous gênent-ils encore ?
”Non, cela se passe plutôt bien. Mais je dois continuer à faire des exercices de stabilisation et d’étirement qui durent 15 à 20 minutes le matin et qu’il ne m’est pas possible de réaliser sur des courses par étapes comme Tirreno-Adriatico. Mais j’ai pu les mettre à nouveau en place lors de cette semaine. C’est important de ne pas perdre cela de vue trop longtemps.”
Vous vous êtes mué en un formidable poisson-pilote à deux reprises pour Jasper Philipsen la semaine dernière que vous avez catapulté vers deux succès. Comment envisagez-vous votre collaboration ?
”S’il passe le Poggio avec moi et qu’il se sent bien, je crois qu’il a alors davantage de chances de gagner au sprint. On s’entend bien avec Jasper et, en course, nous n’avons pas besoin de beaucoup nous parler pour nous comprendre. Attaquer dans le Poggio ? Si ce n’est pas moi qui tente le coup, ce sera assurément quelqu’un d’autre. Jasper, lui, devra tenter de survivre à la Cipressa et au Poggio. ”
Considérez-vous qu’il est plus difficile pour vous de gagner la Primavera que le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix ?
”Oui, tout à fait. La Cipressa, c’est dix minutes à bloc et le Poggio un peu plus de la moitié. Il y a pas mal de coureurs dans le peloton qui sont capables de faire cela.”