Vingegaard menace le leadership de Roglic... et le maillot vert de van Aert

Primoz Roglic a remporté le Critérium du Dauphiné mais semble moins dominateur que sur la dernière Vuelta.

Il a beau avoir dominé le Critérium du Dauphiné en reléguant toute concurrence à plus de 1'41", Primoz Roglic doit s'être réveillé avec des sentiments mitigés, ce lundi matin. Car le deuxième du Tour de France 2020 a été mis en difficulté par le deuxième du Tour 2021, ce dimanche, sur les pentes du Plateau de Salaison. Et il se trouve que c'est son équipier, le Danois Jonas Vingegaard, deuxième du classement final à 40 secondes du Slovène.

Au moment de se présenter main dans la main sur la ligne d'arrivée, le langage corporel des deux hommes était révélateur. Vingegaard, le gregario, tapotait l'épaule d'un Roglic qui était allé plus loin que lui dans la douleur. Prenant lui-même l'initiative de tendre la main à son leader pour immortaliser ce joli doublé et félicitant celui qui est de sept ans son aîné comme on félicite un enfant qui vient de ramener un 9/10 d'un contrôle de mathématique. Le problème, c'est que Roglic a vu deux coureurs de sa propre équipe décrocher une note au moins aussi bonne que lui sur ce Dauphiné: Wout van Aert, double vainqueur d'étape et maillot vert, et donc Jonas Vingegaard, vainqueur d'étape et brillant deuxième du classement général.

Le Belge, qui a joué l'équipier modèle dimanche, aurait pu revendiquer la note maximale s'il n'avait pas commis l'erreur de fêter trop tôt une victoire offerte sur un plateau à David Gaudu dans la troisième étape. Et le Danois se contentera aussi d'un 9/10 après un chrono, certes correct, mais pas suffisamment bon pour titiller le leadership de Roglic en montagne.

Voilà tout le problème de l'ancien sauteur à ski: il n'a pas encore réussi à se positionner comme premier de classe chez Jumbo-Visma cette saison, ce qui semble être un minimum quand on revendique une victoire finale au Tour de France. Wout van Aert lui a sauvé la mise dans la dernière étape de Paris-Nice remportée par Simon Yates. Au Pays basque, il a terminé à une décevante huitième place, avançant des douleurs au genou comme excuse. Et sur ce Dauphiné, on a donc vu Vingegaard se comporter avec lui comme Froome le faisait avec Wiggins sur le Tour 2012.

Dans ce contexte, il serait très surprenant de voir Jonas Vingegaard ne pas obtenir, a minima, un statut de leader de rechange sur le prochain Tour de France, qui débutera sur ses terres. Roglic lui-même faisait d'ailleurs preuve d'une grande lucidité à ce sujet, une fois la ligne d'arrivée franchie: "On ira au Tour de France dans l'espoir que l'un de nous deux l'emporte."

Ajoutez-y les prétentions de Wout van Aert, qui rêve de victoires d'étape et de maillot vert, et vous avez trois coureurs protégés sur huit. Si l'identité des cinq équipiers n'est pas encore connue (Kruijswijk, Dennis et Kuss sont prévus, Benoot, Laporte, Teunissen et Van Hooydonck devraient se disputer les deux dernières places), on sait déjà qu'ils auront beaucoup de travail. Trop, sans doute, dans une course qui offrira une première semaine truffée de pièges et encore plus nerveuse que lors des précédentes éditions.

A tel point que si Vingegaard et Roglic franchissent cette première semaine sans encombre, on serait très surpris de voir Wout van Aert obtenir la liberté de partir à la chasse aux points dans les Alpes et dans les Pyrénées. Mais on espère se tromper...

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