Wout van Aert met tout le monde KO à Coxyde : “Ce geste à l’arrivée, c’est pour le show”

Laurens Sweeck, le seul qui avait pu accompagner van Aert et van der poel pendant trois boucles, lâcha prise mais le Néerlandais plia aussi. Au passage sur la ligne, van Aert possédait déjà 18 secondes d’avantage sur son rival manifestement en délicatesse avec son dos. Un tour plus tard, l’affaire était définitivement entendue, van Aert ayant triplé son avantage (52 secondes) qu’il augmenta encore à deux tours de l’arrivée (1:15).

Tel un métronome, le champion de Belgique poursuivit son effort, bien appliqué à franchir les dunes sans mettre pied à terre ou à garder la bonne trace dans les passages compliqués. À l’arrivée, Wout van Aert se glissa dans la peau d’un boxeur mettant KO son adversaire d’un crochet du gauche suivi d’une frappe du droit et d’un uppercut.

”Ce geste, c’était pour le show”, expliqua le Belge. “J’étais motivé à essayer de gagner mais cela n’avait pas de rapport avec ma défaite sur crevaison à Herentals, mardi. Je n’étais animé par aucun esprit de revanche mais gagner à Coxyde est toujours important. Je n’ai pas souvent couru ici, en raison de blessure (après sa chute au Tour 2019) ou parce que mon programme débutait plus tard (en 2021).”

Pour des problèmes d’organisation aussi car en 2016, à cause du vent, et en 2020, pour le coronavirus, l’épreuve n’eut pas lieu. Cette saison, elle a été repoussée de décembre à janvier cette saison.

Jusqu’à ce jeudi, Wout van Aert ne s’y était imposé qu’une fois, le 22 novembre 2014. Deux mois après avoir fêté son 20e anniversaire, il y avait enlevé un premier cross en Coupe du Monde. Un peu moins de deux ans plus tôt, fin janvier 2012, c’est aussi à Coxyde qu’il avait livré à Mathieu van der Poel un duel prémonitoire de ce que serait ensuite leur carrière respective. Le Belge rendait alors quinze centimètres à son rival, mais il avait fallu au Néerlandais se battre jusqu’au bout pour faire plier le Campinois.

”C’est toujours gai de gagner ici”, poursuivit van Aert. “Je me sentais fort aujourd’hui. Dans la deuxième partie de la course, j’ai pu montrer ma condition. J’ai pu récupérer entre les passages dans le sable et je n’ai pas commis de faute technique.”

Voilà comment, en cinq éditions chez les pros, van Aert en a enlevé deux et complété son bilan avec deux 2es places et une 3e. Sans parler du titre national 2018 conquis dans les dunes de Coyxde. L’Anversois est bel et bien un spécialiste du sable.

”Je ne crois pas être le meilleur dans le sable”, se défend-il, “mais la forme était bonne et ça paie. J’ai aussi bien fait de changer de pneus. J’étais parti avec des pneus sable (plus lisses) mais comme la pluie redoublait, je ne voulais pas prendre de risque et glisser dans la boue pour un petit bénéfice dans le sable.”

Tandis qu’Eli Iserbyt, 4e à quelques dizaines de mètres de Laurens Sweeck malgré une chaussure endommagée, a ajouté sept secondes à l’avantage qu’il possédait sur Lars van der Haar, distancé désormais de 1:35, Mathieu van der Poel repart de Coxyde avec des soucis et des interrogations. Le champion néerlandais se refusait pourtant à dramatiser sa large défaite et ses douleurs aux dos.

”Je les ai ressenties assez rapidement”, disait MVDP, lequel avait dû interrompre sa saison hivernale pour cette raison, il y a un an. “C’est dommage mais il n’y a rien à faire. J’attendais avec impatience ce cross, je me sentais bien, mes jambes aussi. Malheureusement, je n’ai pu me donner à fond. C'est préoccupant car je ne sais pas d’où ça vient, je n’avais rien ressenti lors des courses précédentes et je fais des exercices. Maintenant, je dois me soigner, récupérer vendredi et samedi.”

Car dimanche, van der Poel retrouvera van Aert dans le sable, campinois celui-là, de Zonhoven, en Coupe du Monde. La veille, en l’absence de son adversaire, le Belge aura disputé l’épreuve de Gullegem (Superprestige).