Retour sur le destin tragique de Jempi Monseré, le vainqueur belge du premier Mondial couru en Grande-Bretagne, il y a près d'un demi-siècle.
Les Mondiaux mis sur pied cette semaine au Yorkshire ne sont que les troisièmes à être organisés en Grande-Bretagne depuis la création de l'épreuve arc-en-ciel en 1927. En 1970, le Royaume Uni avait déjà accueilli une première fois la course suprême. C'était en août, à Leicester, une ville du centre de l'Angleterre, située dans les Midlands. A l'époque, les épreuves sur piste précédaient de quelques jours les quatre rendez-vous routiers, pour les pros, dames et amateurs, lesquels disputaient également un contre-la-montre par équipes de quatre sur 100 km. Dans ce temps-là, à l'exclusion de cette terrible épreuve, il n'y avait pas d'autre contre-la-montre et les juniors n'avaient pas encore de Mondial.
Le dimanche 16 août 1970, la 37e édition du championnat du monde sur route des professionnels clôturait cette quinzaine arc-en-ciel. La veille, les dix Belges discutaient de la prime que certains d'entre eux pourraient offrir aux autres en cas de victoire le lendemain. "Moi, j'offre 50.000 francs à chacun", lance Roger De Vlaeminck, tandis qu'Eddy Merckx avoue être prêt à donner la même somme mais "uniquement à ceux qui (l)'aideront à gagner".
La rivalité qui existe entre certains chefs de file, d'une équipe comptant également dans ses rangs Walter Godefroot, Herman Vanspringel, Frans Verbeeck ou Georges Pintens, est terrible. L'ambiance est électrique. Alors, ont rapporté plusieurs témoins, Jempi Monseré a annoncé : "Moi, si je suis champion du monde, je vous paie à tous une Rodenbach !"
Les neuf autres sélectionnés belges ont tous éclaté de rire. Il paraît que le futur champion a honoré sa promesse, une fois sa victoire acquise, mais il n'est pas certain que ses partenaires d'un jour riaient toujours autant. Ni au soir de sa victoire ni d'ailleurs sept mois plus tard, lorsque le champion du monde se tuait dans des conditions tragiques.
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