Le Team SD Worx, quand la meilleure équipe féminine n’a pas de penchant masculin: “On a toujours refusé de s’associer avec une équipe masculine”
Structure 100 % féminine, le Team SD Worx est la formation numéro un du peloton. Explication d’un modèle qui fonctionne.
Publié le 27-07-2022 à 11h13 - Mis à jour le 27-07-2022 à 11h14
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Jumbo-Visma, Team DSM, Cofidis, Arkéa, Movistar, Trek-Segafredo, EF, FDJ… Nombreuses sont les équipes masculines du peloton professionnel qui se déclinent au féminin ces derniers mois. Pourtant, l’équipe numéro un du peloton est une formation 100 % féminine : le Team SD Worx.
Elle compte dans ses rangs des coureuses reconnues comme la Néerlandaise Demi Vollering (l’une des favorites du Tour féminin) ou la Belge Lotte Kopecky, autour d’un modèle qui fonctionne. Explication.
"L'équipe a été formée en 2010 sous le nom de Dolmans Landscaping et nous étions juste une petite formation avec des talents néerlandais, explique fièrement Erwin Janssen, le directeur général de l'équipe. On voulait juste faire grandir ces talents et on ne gagnait jamais une course. Puis nous avons trouvé Boels comme sponsor et l'équipe a grandi, petit à petit, pour devenir la plus grande équipe du monde."
Depuis le début de la saison 2021, c'est la société néerlandaise SD Worx qui donne son nom à la formation. "La relation s'est faite naturellement, sans difficulté. Il a été rapidement clair qu'ils voulaient uniquement se diriger vers le cyclisme féminin car 60 % de leurs employés sont des femmes, tout comme la plupart de leurs clients."
Kobe Verdonck, le CEO de SD Worx, développe : "Le cyclisme féminin colle aux valeurs de notre entreprise. Le collectif et la diversité sont importants pour nous, c'est pourquoi nous avons voulu y aller à fond en soutenant un sport en plein développement."
Avec Van der Breggen et Lars Boom dans le staff
Il y avait pourtant un risque. Surtout en termes de timing. "On a signé notre premier accord avec l'équipe début 2020, juste avant la pandémie. On s'est dit : 'On fait quoi ?' Mais rapidement, on a constaté l'essor de ce sport. On a donc fait le bon choix."
Il ne faut pas le cacher : le prix a joué aussi. "Bien sûr, admet Erwin Janssen. Un sponsor principal chez les hommes coûte dix fois plus cher que chez les femmes."
Le risque était donc plus limité. mais il fallait tout de même savoir le prendre. "Le budget est forcément différent pour sponsoriser une équipe femmes qu'une équipe hommes, reprend Kobe Verdonck. Mais ce n'est pas la raison principale pour laquelle nous avons tout de suite décidé de nous concentrer sur le cyclisme féminin. D'ailleurs, nous avons, par la suite, eu des contacts avec des équipes masculines. Elles ont proposé qu'on se réunisse pour agrandir la structure. Mais on a toujours dit non. Et on a même renforcé notre impact dans le cyclisme féminin en prolongeant le contrat avec le Team SD Worx jusqu'en 2026. On a continué à investir, le budget a augmenté. Dans un seul et unique but : rester au top."
Et on peut dire cela fonctionne. Nombre des meilleures coureuses du peloton rejoignent les rangs de la formation néerlandaise, qui a aussi recruté de grands noms comme Anna van der Breggen (l'une des cyclistes sur route les plus titrées de l'histoire) et l'ancien cycliste pro Lars Boom comme directeurs sportifs. "Nous avons 14 filles qui sont professionnelles au sein de l'équipe et tout le staff est également professionnel. Nous sommes une petite PME qui tourne très bien", sourit Kobe Verdonck.
Et qui grandit, saison après saison. "Il y a quelques années, on était les seuls à avoir de grands bus. Désormais, tout le monde en a un", ajoute Erwin Janssen.
Le Tour, une retombée historique
Le Tour de France Femmes devrait, lui aussi, avoir un impact énorme sur la professionnalisation du cyclisme féminin, à tous les niveaux. "On va pouvoir bénéficier de l'aura du Tour, termine Kobe Verdonck. Aucune course n'a un tel effet et cela va être un boom incroyable. Une victoire et/ou un maillot jaune seraient assurément la plus grande retombée médiatique de l'histoire de notre entreprise."