Tour de France femmes: encore un écart financier avec les hommes… mais plus petit
Les cyclistes féminines gagnent toujours moins que les hommes mais on constate une réelle amélioration ces derniers mois.
Publié le 29-07-2022 à 06h51 - Mis à jour le 30-07-2022 à 12h41
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Le Tour de France Femmes bat son plein et propose un spectacle à la hauteur de l’évènement. Pour sa première édition, la Grande Boucle féminine a tous les contours d’une réussite. Si on en est arrivé là, c’est aussi parce que le cyclisme féminin a connu un véritable essor ces derniers mois. Un essor qui se traduit notamment au niveau des salaires.
Un salaire minimum instauré en début de saison
La polémique avait longuement fait réagir. L’an dernier, Lizzie Deignan avait remporté un évènement historique : le premier Paris-Roubaix féminin, en 2021. Mais le chèque qui avait suivi cette victoire était tout simplement ridicule : 1 535 euros ! Alors qu’on se souvient que la course avait été disputée dans des conditions dantesques. La comparaison avec le cachet du vainqueur masculin, Sonny Colbrelli, avait également de quoi surprendre : l’Italien avait touché 30 000 euros, soit près de vingt fois plus !
Mais depuis lors, l’énorme fossé entre les hommes et les femmes s’est réduit. Au travers de l’augmentation des primes pour les coureuses (voir plus loin) mais aussi et surtout des salaires. Jusqu’à il y a peu, certains d’entre eux étaient tout simplement ridicules. Il y a quelques années, Marion Rousse, actuelle directrice du Tour de France Femmes, ne gagnait que 300 euros par mois en courant sur les couleurs de Lotto Belisol. Mais ce temps est révolu.
Depuis 2022, l’UCI a instauré un salaire minimum pour les équipes du World Tour (quatorze formations). Ce montant a été fixé à 27 500 euros par an et il sera de 32 100 euros par an en 2023. Il s’agit du même salaire que celui des hommes qui évoluent en division continentale, la division 2 du cyclisme professionnel.
Le pas est donc important et est une boule d'oxygène pour les coureuses. "On a l'impression que le train est en marche, que le cyclisme féminin se dirige vers une professionnalisation" , indiquait Alana Castrique (Cofidis) avant le départ du Tour de France, qu'elle a malheureusement abandonné sur chute dès la première étape. "Je ne sais pas si on parviendra un jour à l'égalité salariale, car les épreuves sont différentes (le Tour masculin dure trois semaines, le Tour féminin dure une semaine) mais je pense justement que le spectacle est au rendez-vous car les épreuves sont plus courtes. Si on avait des étapes de plus de 200 kilomètres, comme les hommes, on s'inscrirait dans le scénario ennuyant d'une longue échappée. Seule la dernière heure de course serait intéressante."
Celle qui possède un contrat semi-professionnel, tout en combinant des études de kiné, espère bientôt pouvoir vivre de sa passion. "J'aimerais terminer mes études sans pression et voir où je peux aller, par la suite. S'il y a possibilité de vivre du cyclisme dans les prochaines années, je saisirai l'occasion. "
50 000 euros pour la gagnante du Tour
En attendant, ce sont également les primes qui remplissent le portefeuille des coureuses. Là encore, l'écart avec les hommes tend à se réduire. Paris-Roubaix a augmenté les siennes (désormais 20 000 euros) et l'Amstel Gold Race a franchi un sacré cap en offrant les mêmes primes de victoire aux hommes et aux femmes (16 000 euros). "Cela va vers le bon sens car cela a souvent été source de frustration", rappelle Castrique.
Sur le Tour de France, les primes ne sont pas (encore ?) à la hauteur de celles des hommes. Mais elles ne sont pas ridicules. Si la gagnante de la première Grand Boucle féminine gagnera dix fois moins que Jonas Vingegaard (50 000 euros contre 500 000 euros pour le Danois), le prize-money total de la course française est de 247 500 euros. Là encore, la différence avec les hommes est énorme (2,3 millions d’euros au total chez les hommes) mais l’évolution est notable. Une victoire d’étape chez les femmes rapporte 4 000 euros et la victoire dans le classement final d’un maillot distinctif (vert, à pois ou blanc) rapporte 3 000 euros. Le prix de super-combative du Tour permet d’encaisser un chèque de 2 000 euros et la victoire dans le classement par équipe s’élève à 6 000 euros.
Rappelons que ces primes sont distribuées sur base des classements individuels. Mais que les gains sont partagés entre tous les membres d’une même équipe.
Le Tour, un boom énorme pour l’avenir
Et à l'avenir ? On peut légitiment penser que le premier Tour de France Femmes va avoir un impact économique considérable sur le développement d'une discipline qui ne cesse de grimper depuis plusieurs mois (spectacle sur la route, arrivée des sponsors masculins, meilleure mise en valeur dans les médias, retransmissions télévisuelles). "Le Tour, ça passe ou ça casse", admet Alana Castrique pour terminer. "Soit ça explose dans le bon sens, les sponsors vont venir en nombre et le vélo féminin va massivement grandir. Soit ça ne fonctionne pas et on réessayera peut-être dans quelques années."
Mais après cinq étapes, on peut dire que le spectacle est au rendez-vous et que l’avenir s’annonce radieux. Sportivement comme financièrement.
