Tour de France Femmes: la haute montagne attendra encore
Le Tour féminin se termine dans les Vosges ce week-end et n’aura pas grimpé de col dans les Alpes ni les Pyrénées. Voici pourquoi.
Publié le 29-07-2022 à 23h43 - Mis à jour le 30-07-2022 à 22h05
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Treize côtes de 4e catégorie, quatre côtes de 3e catégorie et des chemins de terre (lors de l’étape de mercredi). Les six premières étapes du Tour féminin n’ont pas fait la part belle aux grimpeuses. Depuis dimanche dernier, le profil est relativement peu vallonné.
Mais cela va changer. Ce week-end, on entre dans le vif du sujet avec trois cols de première catégorie (le Petit Ballon, le col de Platzerwasel et le Grand Ballon), ce samedi, et un col de deuxième catégorie (la côte d’Esmoulières) et deux cols de première catégorie (le Ballon d’Alsace et la Super Planche des Belles Filles), dimanche, pour l’arrivée finale.
Sur les huit étapes de cette première édition du Tour de France Femmes, seules deux peuvent donc être classées comme des étapes "de montagne". Chez les hommes, on dirait même "de moyenne montagne". Cette année, les organisateurs du Tour féminin ont volontairement décidé de se passer des cols des Alpes et des Pyrénées. Et ce n’est pas uniquement pour des raisons logistiques.
La raison principale est tout simplement sportive. On le sait : les différences de niveau au sein même du peloton sont bien plus importantes chez les femmes que chez les hommes. Elles sont d’ailleurs l’une des causes principales des nombreuses chutes. Mais cette disparité s’exprime surtout dans les reliefs.
Si, sur le plat, il est souvent possible de tenir les roues du peloton principal même quand on est un niveau en dessous des meilleurs, c'est beaucoup plus compliqué une fois que la route s'élève."Avec des étapes de haute montagne, la moitié du peloton arriverait hors délai", explique même une coureuse du peloton féminin.
Ces écarts de niveau s’expliquent par le fait que la professionnalisation du cyclisme chez les femmes est un processus en cours. Seules quatorze équipes possèdent une licence World Tour et sont donc professionnelles. Pour la plupart des autres équipes, la pratique du cyclisme à haut niveau se combine avec une autre activité professionnelle. Ce qui laisse, forcément, moins de temps pour s’entraîner. Mais entre une coureuse qui s’entraîne 20 heures par semaine et une autre qui passe 10 heures de manière hebdomadaire sur son vélo, la différence est évidemment énorme.
À titre de comparaison, c’est comme si des joueurs de Nationale 1 étaient amenés à se confronter à des joueurs de Jupiler Pro League dans des matchs officiels. L’issue des résultats ne ferait que peu de doute.
Verra-t-on le Tour féminin franchir le cap de la haute montagne à l’avenir ? Plus que probablement. L’essor actuel du cyclisme chez les femmes va de pair avec sa professionnalisation. Les méthodes d’entraînement et de récupération sont donc plus pointues. Un exemple parmi d’autres peut en témoigner : il y a quelques années, une seule équipe possédait un bus d’équipe. Désormais, toutes les équipes en ont un. Et c’est ce genre de détail qui fait les grosses différences dans la performance.