Le peloton en pleine mutation: place à la jeunesse
Une grande page de l’histoire du cyclisme se tourne. Ce dimanche, Vincenzo Nibali et Alejandro Valverde ont dit au revoir aux courses de trois semaines alors que le podium de la Vuelta n’avait jamais été composé de coureurs aussi jeunes. Comme si une passation de pouvoirs avait eu lieu.
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- Publié le 12-09-2022 à 18h04
- Mis à jour le 13-09-2022 à 08h03
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Leur départ laissera un immense vide. Deux légendes du cyclisme quitteront le peloton à la fin de la saison. Ils ont fini leur dernier Grand Tour ce week-end. Un Italien et un Espagnol. Nibali et Valverde. 15 places sur le podium dont 5 victoires finales, leur héritage est indéniable. Sur la pente descendante, une conséquence logique au vu de leur âge, les deux champions ont déjà des héritiers dans le peloton, des héritiers de plus en plus jeunes.
Une Vuelta historique
22 ans, c’est l’âge du vainqueur de cette Vuelta : Remco Evenepoel. Une performance remarquable qui place le coureur de Schepdaal au pied du podium dans les anales de la Vuelta, devenant le quatrième plus jeune vainqueur de la course ibérique, le plus jeune depuis 1961.
Et ce n’est pas du tout. C’est même le début. À 19 ans, Juan Ayuso, peu connu du grand public avant le départ, a réalisé une performance épatante en montant sur la troisième marche du podium du classement final. Par cet exploit, l’Espagnol d'UAE est tout simplement devenu le deuxième plus jeune coureur sur un podium de Grand Tour. Pour trouver le premier de ce classement honorifique, il faut remonter à Henri Cornet, vainqueur du Tour de France en… 1904.
Ces deux éléments réunis, conjugués à la présence d’Enric Mas comme dauphin d’Evenepoel, font de ce podium, le sixième plus jeune de l’histoire d’un Grand Tour avec 23,43 ans de moyenne (Mas en a 27). Les podiums encore plus jeunes datent tous d’un autre temps, au plus tard de 1931.
Une habitude récente
Les chiffres sont là, cette Vuelta a marqué les esprits par la jeunesse de ses principaux animateurs comme Carlos Rodriguez (21 ans), quatrième du classement général avant sa chute qui l’a fortement handicapé lors des dernières étapes. Toutefois, penser que ce Tour d’Espagne est le commencement d’une nouvelle ère serait une erreur. C’est plutôt le prolongement voire l’accélération d’un phénomène observable depuis quelques années.
Le meilleur exemple est Tadej Pogacar. Véritable superstar du peloton, certains oublieraient presque que le Slovène n’a que 23 ans. En 2019, lors de son premier Grand Tour, Pogacar avait déjà fait forte impression en terminant la Vuelta à la troisième place. Étoile montante du cyclisme, il a directement confirmé en remportant les deux Tour de France suivants.
En 2020, Pogacar est même devenu le deuxième plus jeune vainqueur de la Grande Boucle, un an après la victoire d’Egan Bernal (22 ans à cette époque), quatrième de ce classement. Le doublé du Slovène l’an passé lui a de nouveau permis d’inscrire son nom parmi les vainqueurs les plus jeunes du Tour. Dix éditions ont été remportées par un vainqueur de moins de 23 ans, trois d’entre elles ont donc eu lieu dans les quatre dernières années. Les autres datent de 1983 ou avant.
En comparaison avec certains vainqueurs plutôt récents, le changement est marquant. Cadel Evans a, par exemple, dû attendre 30 ans pour avoir son premier podium sur un Grand Tour. D’autres grands champions ont dû aussi attendre pour connaître une telle joie. Christopher Froome, Alberto Contador ou Nibali ont dû attendre 26 ans pour monter sur un podium alors qu’ils comptent plusieurs victoires finales. Dans les années assez récentes, seuls Fabio Aru (24 ans) et Andy Schleck (23 ans) ont réalisé des performances impressionnantes si jeunes. Mais ce n’est toujours pas comparable à celles réalisées par Pogacar, Bernal, Evenepoel et autres Ayuso.
Bien sûr, rien ne dit que cela va durer et que ces jeunes coureurs sont là pour dominer le cyclisme durant de nombreuses années. Enric Mas a bien terminé deuxième de la Vuelta à 23 ans, sans transformer l’essai depuis même si sa régularité sur les courses de trois semaines est impressionnante. Toutefois, nous vivons désormais une époque où se confondent les maillots de leader et de meilleurs jeunes. C’est bien simple : en dehors de Primoz Roglic (32 ans), tous les plus grands favoris pour les prochaines courses de trois semaines sont des jeunes, ou presque, Jonas Vingegaard ayant bientôt 26 ans.
Il faudra désormais attendre plusieurs mois pour voir si cette tendance se confirme mais une chose est sûre, la relève est prête et n’a pas attendu qu’on lui donne la permission pour se montrer à la hauteur.