Vuelta 2023 : c’est déjà le Remco Evenepoel show !
Le champion de Belgique a fait coup double à Arinsal, avant de percuter de plein fouet la responsable de presse de la police catalane. Il devient l’homme à battre. Analyse.
- Publié le 28-08-2023 à 19h53
- Mis à jour le 28-08-2023 à 21h45
Décidément, il ne se passe pas un jour sans que Remco Evenepoel ne fasse l’actualité. Ce lundi midi, dans la chaleur de Suria (si si !), il avait dit qu’il se tiendrait sage, qu’il laisserait les autres, comme Ayuso et les Jumbo, passer à l’offensive. “Aujourd’hui, je dois juste défendre et veiller à rester sur mon vélo”, avait-il lancé.
"Avant la course, Louis Vervaeke a envoyé un message dans le groupe whatsapp en disant qu’il voulait que l’on gagne cette étape. J’ai fait ce qu’il a demandé."
Au final, il a fait mieux que ça. “Avant la course, Louis Vervaeke a envoyé un message dans le groupe WhatsApp en disant qu’il voulait que l’on gagne cette étape. J’ai fait ce qu’il a demandé”, dira-t-il, sur le ton de la boutade.
En signant sa douzième victoire en Espagne (sur 48 !) et sa onzième de l’année, il a marqué les esprits dès la première arrivée au sommet d’un col de première catégorie. “J’ai conclu le travail de mes équipiers, qui m’ont aidé à la perfection. Ils ont répondu aux critiques, comme ils le font depuis le départ de la course.”
Il a, donc, conclu avec brio et est devenu le premier tenant du titre belge à remporter une étape de la Vuelta depuis Freddy Maertens en 1977.
1. Et dire qu’il ne voulait pas le rouge trop tôt !
Cette performance fait de lui le nouveau maillot rouge avec 5 secondes d’avance sur Enric Mas et 11 sur Lenny Martinez. Ce, alors qu’il ne voulait pas se l’approprier avant le chrono d’Alicante (le mardi 5 septembre). “Je maintiens ce que j’ai dit. Prendre le leadership si tôt ne faisait pas partie de mon plan. Mais lorsque tu as l’opportunité de gagner une course, il faut la saisir. Et si ça s’accompagne du maillot rouge, eh bien ce n’est pas grave, assure-t-il, avant d’ajouter : On va quand même essayer de s’en débarrasser un peu, mais à condition de le faire intelligemment.”
Pour cela, il faudrait qu’un baroudeur résiste aux équipes de sprinter un des deux prochains jours. Parce que jeudi, le peloton arrivera au Pico del Buitre, dont le sommet se trouve à 1 950 mètres d’altitude et où l’on devrait, donc, assister à une nouvelle explication entre les gros bras.
2. Va-t-il enfoncer le clou dès jeudi ?
Sur ce qu’il a montré dans l’ascension du Coll d’Ordino (8,9 km à 5,1 % de moyenne) et, surtout, dans la montée finale vers Arinsal (8,2 km à 7,9 %), on est en droit de se demander si le champion de Belgique ne va pas avoir envie de remettre une couche et de grappiller, encore, des secondes de bonification sur la ligne d’arrivée – il en a pris dix en gagnant ce lundi.
3. A-t-il lancé la guerre psychologique ?
”J’étais prêt à ce qu’Ayuso attaque et j’avais les Jumbo-Visma à l’œil. Ils étaient trois et essayaient de montrer leur supériorité. C’est logique. Moi, je savais ce que j’avais à faire : les suivre. C’est un jeu stratégique.”
Dans quelle mesure Evenepoel n’a-t-il pas voulu asséner un petit coup sur la tête de ses rivaux en les laissant sur place lors de leur première vraie confrontation ? “Pas spécialement, je me sentais bien et quand j’ai estimé que c’était le moment, j’ai lancé mon sprint”, affirme-t-il.
En tout cas, il a déjà marqué son territoire à l’occasion du premier affrontement direct entre tous les favoris. Il a montré qu’il était bien au niveau quand ça montait, il a répondu aux attaques et a gagné du temps sur tout le monde. Il a encore pris cinq secondes à Vingegaard, sept à Ayuso, onze à Roglic, Mas, Almeida, ainsi que Vlasov, et 57 à Geraint Thomas. Désormais, Mas pointe à 5 secondes, le Danois à 31, le Russe à 33, le Slovène à 37, l’Espagnol à 38, le Portugais à 42 et le Britannique à 1:11.

4. Faut-il s’inquiéter pour sa blessure à la tête ?
Même s’il est bien placé pour savoir que rien n’est acquis, le chef de file de Soudal Quick-Step, qui s’attend à être attaqué tous les jours, a toutes les raisons d’afficher un large sourire. Espérons, toutefois, que des douleurs à la tête, voire des vomissements n’auront pas perturbé sa nuit. Cela arrive parfois après un choc à la tête. Or il a percuté de plein fouet la cheffe de presse de la police catalane qui se trouvait quelques mètres après la ligne d’arrivée. Il s’est relevé le visage en sang, avec l’arcade sourcilière bien ouverte. Mais quelques minutes après, il blaguait sur les rouleaux avant de se présenter face à la presse avec un pansement sous son bonnet. “C’était impressionnant mais ça va. J’ai juste perdu un peu de peau, de viande. Donc, j’ai quelques grammes en moins. Ça ne me fera pas de tort”, dit-il en guise de conclusion.