"Un gros scandale", "besoin de transparence": la VAR est critiquée comme jamais en Belgique

Il y a le feu dans la cabine du VAR. Lorin Parys, le président de la Pro League, veut plus de clarté.

Illustration picture shows the VAR (Video Assistance Referee) system during a meeting of the referee department of the URBSFA/KBVB in Tubize, Monday 17 July 2017. BELGA PHOTO ERIC LALMAND
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Depuis toujours, les décisions arbitrales font naître beaucoup de débat au sein du football. Avec la VAR, on pensait que les erreurs d'arbitrages seraient en nettes diminution. Et c'est le cas !

Dans une interview pour le Sport Foot Magazine, Stephanie Forde, la directrice du département des arbitres, donnait les chiffres de l'assistance vidéo: "Durant la première partie de la saison, on a déjà eu 87 interventions de la VAR en 153 matches", commence-t-elle. "87,35% d’entre elles étaient correctes. En moyenne, ces trois dernières saisons, environ 85% des décisions prises sur le terrain, avant intervention de la VAR, étaient correctes. Si vous cumulez ces deux chiffres, vous obtenez une marge d’erreur d’environ 2%."

Pour autant, tout n'est pas parfait. Cette marge d'erreur frustre énormément les acteurs en Belgique. À commencer par la Gantoise. Ce mercredi, le club a écrit un communiqué de presse cinglant. "Est-ce de l'incompétence ou de la mauvaise volonté ?", se questionnent les Buffalos. Lors du derby des Flandres, Buchanan avait envoyé un sacré coup de coude à Orban. La VAR avait ignoré ce fait de jeu ce qui avait fait bondir Vanhaezebrouck. "C'est absolument inacceptable et inexplicable. Si un seul journaliste ici pense que ce n'était pas rouge, qu'il quitte son poste tout de suite. C'est un pur scandale et l'échec de la VAR !", avait-t-il lancé.

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La Pro League réplique

Ce mardi n'a pas permis de calmer les tensions. En Croky Cup, Alessandro Ciranni a d'abord écopé d'une jaune pour une faute à la demi-heure de jeu. Quelques instants plus tard, la VAR est intervenue pour lui adresser une carte rouge. Une action qui a beaucoup fait parler d'elle. "C’est un très gros scandale", a déclaré Mbaye Leye après la défaite de son équipe. "Après le week-end dernier et le match du Club de Bruges contre Gand, Hein Vanhaezebrouck a tapé sur la table. Il a parlé de la faillite du VAR et je ne peux pas le dire autrement. Il y a des règles et elles doivent être suivies. C’est en tout cas ce que je pensais."

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Une nouvelle polémique qui a obligé Lorin Parys à prendre la parole. De toute évidence, les clubs désirent que les communications entre les arbitres soient publiques. De cette façon, cela permettrait au public comme aux protagonistes de mieux comprendre les décisions arbitrales.

Le président de la Pro League exige que cette proposition soit étudiée par la Fédération. "Nous devons répondre aux questions des fans et des clubs", a-t-il commencé, repris par les médias flamands. "C'est pourquoi j'ai eu des contacts répétés avec Peter Bossaert (CEO de l'URBSFA) ces derniers jours."

L'objectif est d'améliorer la VAR sur plusieurs points. "A l'avenir, les fans et les joueurs devraient comprendre pour quelle raison la VAR intervient. Souvent, les joueurs ne savent pas pourquoi il y a une intervention ce qui créé de l'incompréhension. Le jeu doit bénéficier de la clarté. De plus, nous voulons entendre la communication entre l'arbitre et les personnes en charge à Tubize. Un maximum de transparence sur la communication de la VAR le plus rapidement possible est indispensable."

En revanche, il n'est pas question pour la Fédération de donner les enregistrements après les rencontres. Il s'agissait d'une demande de Gand après le match contre Bruges. Le protocole VAR de l'IFAB (International Football Association Board) stipule que ces vidéos ne peuvent être utilisées qu'en interne à des fins éducatives ou en cas de sérieux doutes. Ce qui est le cas en théorie. Sauf qu'en pratique, les images ne sont utilisées qu'en cas de grosse suspicion de trucage.

Le hockey comme exemple

Lorin Parys voit en tout cas d'un très mauvais œil toutes les polémiques. "Nous nous demandons parfois comment cela peut-il arriver", a-t-il ajouté. D'autant plus que c'est la Pro League qui supporter les coûts de cette technologie.

Entrée en vigueur en 2017, la VAR continue d'alimenter la frustration des entraîneurs. La question est de savoir comment l'améliorer? Pour l'ancien homme politique, un sport est à prendre en exemple: le hockey. Là, la communication est une partie essentielle du jeu. Lorin Parys réfléchit à un projet pilote. "J'en ai déjà parlé à Lukas Brud, le grand patron de l'IFAB." L'IFAB a la lourde responsabilité de décider des lois du football. "Pour moi, il faut soumettre une idée à cette organisation. Nous pensons que cela conduira à une meilleure compréhension des décisions parfois difficiles que prennent les arbitres et le VAR."

Au hockey, toutes les décisions sont effectivement prises à une vitesse VV'. Ce qui n'est pas le cas du football. "La communication est complètement blindée dans le football. Vous ne savez pas ce qui se passe, ce qui est dit et ce qu'ils prennent en compte pour prendre une décision. Pour le moment, les règles de l'IFAB ne permettent pas de diffuser cette communication en direct. Pour moi, s'ils restent 20 secondes entre eux, c'est possible. Pour le moment, le temps d'attente est beaucoup trop long."

Pour autant, Lorin Parys sait que les erreurs sont humaines et qu'elles feront toujours parties du jeu. "Ce qui est important pour la Pro League est que les clubs obtiennent des réponses", coupe-t-il. "Je comprends l'émotion des supporters. Bien évidemment, l'erreur est humaine. Mais le moins que vous puissiez faire est d'expliquer pourquoi elles se produisent et comment faire pour les éviter. Les joueurs, les clubs et les fans y ont droit."

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