La nouvelle vie de Daniel Van Buyten, notre invité du week-end : “Quand on est patron, c’est mieux”
Sa nouvelle vie, ses expériences passées et à venir : Daniel Van Buyten se livre.
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- Publié le 03-06-2023 à 07h08
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À plusieurs reprises, les échanges s’étaient conclus par cette petite phrase : “Je n’ai jamais été aussi occupé ! ”
Daniel Van Buyten est un retraité aussi discret médiatiquement qu’actif, dans plusieurs œuvres caritatives comme la Fondation Papillon et l’ASBL Le Charnoy ou encore dans l’immobilier ; auprès de sa famille bien sûr, mais aussi dans le football, lui qui avoue qu’il n’y” a pas un jour” où il ne regarde pas un match. Toujours aussi affûté grâce au VTT et aux petits matchs joués avec son fils parce qu’il avoue “avoir besoin de sport pour son bien-être”, l’ancien Diable (45 ans) a accepté de nous ouvrir les portes de son nouveau quotidien qui est pour lui “un retour aux sources” tout en n’en fermant aucune pour la suite.
Daniel, ce retour aux sources est aussi un retour à la vie normale…
“Tout à fait. Tout en restant dans le foot. Joueur, tu es dans une bulle. Tu en sors, tu reviens dans la vraie vie. C’est un métier particulier qui permet de bien vivre, de voyager, de découvrir, mais où tu es cajolé, placé dans un cocon. Ce n’est pas la vraie vie. Cela me manque car c’est toujours beau de vivre des moments exceptionnels. J’y ai pensé en regardant le sacre du Bayern le week-end dernier : être sur le terrain, vivre ces moments-là… Mais je peux revivre ces moments autrement, au travers de mon fils en U11 à Charleroi. Je vis d’autres moments, comme papa avec mes filles à l’équitation, comme supporter. Mais cette adrénaline manque. Je n’ai jamais vraiment fait le deuil du football. Cela fait partie de ma vie. Je suis fier de dire que j’étais encore au Bayern à 37 ans parce que je n’ai jamais rien lâché. Je ne pouvais pas être sur un terrain et faire semblant. Voir certains joueurs terminer leur carrière un peu en dilettante, c’est inconcevable pour moi. ”
Cette saison, au crépuscule de leur carrière, Toby Alderweireld et Jan Vertonghen sont revenus en Belgique, ce que vous aviez failli faire après la Coupe du monde 2014. Vous regrettez de ne pas avoir fait ce choix ?
”Non, j’ai fait un choix de cœur aussi. J’ai eu l’opportunité de signer en Belgique. L’argent n’est pas la pièce maîtresse de cette équation, même si c’est facile de parler quand on n’a pas ce problème-là. La santé est la vraie richesse de la vie. Tu relativises. J’ai vécu difficilement les dernières années de mon papa et depuis qu’il n’est plus là, je me rends compte à quel point il me manque. J’aime le foot mais j’aime encore plus mes parents.”
Cette adrénaline manque. Je n’ai jamais vraiment fait le deuil du football.
Concrètement, comment êtes-vous actif dans le football ?
“J’ai continué mon activité comme conseiller. Je n’aime pas parler d’agent me concernant, j’ai toujours considéré ce métier comme un autre métier. Il y a des gens qui négocient les contrats, d’autres qui entourent, qui conseillent. Il y a un travail parfois plus en profondeur. Pour pouvoir continuer à partager mes connaissances, à aider certains à se développer, à trouver le chemin, car je sais que ce n’est pas toujours évident. Il y a aussi des joueurs qui sont déjà plus établis. Là, j’apporterai des conseils quand ils sont dans le doute. Il n’y a rien à faire, le mental joue un grand rôle. Cela peut être un recadrage sur ce qui les a rendus fort ou sur le football quand certains se sont dispersés. Si tu veux rester bon, tu ne peux pas te permettre de faire 36 000 choses à la fois. Enfin, je suis aussi ambassadeur de certains clubs. ”
Du Bayern ?
”En l’occurrence le Bayern avec qui je garde beaucoup d’attaches, où je joue avec les légendes comme avec celles de Marseille.”
Ils ne vous ont pas appelé pour prendre la suite d’Hasan Salihamidzic ?
”Il y a des choses que je ne peux pas dire (sourires).”
Avant de conseiller des joueurs et des clubs, vous avez conseillé un président, celui du Standard, Bruno Venanzi. Est-ce que ce travail au quotidien dans un club vous manque ? Est-ce que vous pourriez le refaire ?
”(Sourire) C’était une expérience enrichissante. Mais avec le recul, je me rends compte au travers de ma société que quand on est son patron, c’est mieux. Tu t’épargnes des discussions qui n’aboutissent pas et du temps à essayer de réparer les erreurs des autres. ”
Depuis votre départ du Standard en 2017, avez-vous été sollicité par des clubs ?
“Oui. Principalement à l’étranger. Mais on a fait un choix de vie avec ma femme qui m’a suivi durant ma carrière, qui ne s’est jamais opposée à mes choix. On avait prévu que par après, on se posait en Belgique. Avec les enfants à l’école et leurs activités, ce n’est pas toujours facile de partir. Je suis aussi casanier, j’aime l’esprit de famille, la camaraderie. C’est un choix de vie. Mais être ambassadeur de clubs, conseiller de joueurs et de clubs me permet de voyager aussi. ”
Concrètement, que signifie être conseiller de club ? Recommander un joueur au Bayern par exemple ?
”Je n’ai pas précisé de quel club il s’agissait (sourires). Certains clubs ont parfois besoin d’un œil bien aiguisé pour avoir certaines informations. Mes contacts me permettent de mettre en relation certaines personnes pour créer des deals. C’est une façon différente de faire. Tout au long de ma carrière, j’ai véhiculé les valeurs du respect et du travail ; aujourd’hui, on revient vers moi pour ces raisons et pour pouvoir s’appuyer dessus. ”
Donc vous mettez en relation des clubs ?
”Des clubs, des directeurs sportifs, des gens que j’apprécie. Je mets en relation et j’explique la plus-value que pourrait faire un club avec l’un ou l’autre joueur. Et si ça se fait, c’est gagnant-gagnant.”
Vous êtes dans l’ombre…
”Mon père m’a toujours dit : pour vivre heureux, vivons caché. Je n’ai pas de problème d’ego. Ma vie se construit sur l’éducation que j’ai reçue, avec les difficultés qu’on peut rencontrer. Prendre une claque te rend plus fort, il faut essayer d’en prendre le moins possible et d’apprendre de ses erreurs.”
Le Standard? Déjà, à l’époque, ce n’était pas prévu que j’y aille.
Pour en revenir à votre passage au Standard, si c’était à refaire, vous referiez la même chose ?
”Déjà, à l’époque, ce n’était pas prévu que j’y aille. Je m’étais dit que j’allais me laisser le temps. Parce qu’être joueur est un métier, être dirigeant en est un autre. Il faut du temps, de l’expérience. Comment l’acquérir ? En la vivant. Aujourd’hui, à refaire cette expérience, je la ferai différemment.”
Comment ?
”(Sourires) On verra si je retente l’expérience.”
Vous laissez donc encore la porte ouverte pour travailler au quotidien dans un club…
”Je n’ai jamais fermé de porte. Je l’ai toujours dit : elles sont ouvertes.”
Qu’est-ce qui vous ferait replonger ? Le projet ? Les hommes ?
”Le poste. À responsabilité. L’envergure. Le projet. La vision.”
Ce qu’aucun club belge ne vous a proposé ?
”Joker (rires).”