Fin de saison, Ligue des Champions, transfert,... Timothy Castagne se dévoile : "Tu peux difficilement refuser Tottenham ou le PSG"
Timothy Castagne a retrouvé le chemin du terrain pour une fin de saison entre Calcio, Ligue des champions et transfert.
Publié le 26-06-2020 à 23h42 - Mis à jour le 27-06-2020 à 12h14
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Timothy Castagne a retrouvé le chemin du terrain pour une fin de saison entre Calcio, Ligue des champions et transfert.
Bergame revit. Épicentre italien de l’épidémie de Covid-19, la ville lombarde a été durement touchée par les événements. Lockdown complet, nombre incalculable de décès, la cité italienne a vécu des mois d’horreur.
Et, au milieu de tout cela, un Belge : Timothy Castagne. "Nous ne nous rendions pas bien compte de la gravité de la situation. C’est en voyant un reportage sur les hôpitaux de la ville à la télévision belge que nous avons saisi l’ampleur de ce qui se passait. Nous entendions juste les sirènes des ambulances depuis notre appartement. C’est d’ailleurs après ce documentaire que nous avons reçu le plus de messages pour savoir si tout allait bien chez nous."
Le football a repris dans la Botte . À Bergame notamment. Et avec un entrain inimaginable. "J’ai cette impression que les gens veulent revivre les grandes émotions qu’on leur a procurées en Ligue des champions. Je ne dis pas qu’ils souhaitent oublier le Covid-19, car il est encore présent dans les esprits et le quotidien, mais ils veulent tourner la page vers des jours meilleurs."
Cela vous fait-il du bien de retrouver la compétition ?
"Oui. Surtout après cinq semaines d’entraînement où, au début, on ne savait même pas si nous pourrions rejouer."
Comment tenez-vous le coup physiquement ?
"Deux semaines avant la reprise en groupe, nous avons augmenté le rythme avec de grosses séances sur tapis. Puis, dès les premiers entraînements, nous étions à bloc. Nous étions parmi les premiers à reprendre et, si ça ne tenait qu’au coach, nous n’aurions pas stoppé malgré le confinement (rires)."
En Italie, on dit qu’aucun club n’a autant travaillé que l’Atalanta…
"C’est toujours comme ça avec le coach Gasperini. Déjà durant la saison, nous sommes à fond à chaque entraînement. Tous ceux qui quittent la Dea nous disent que c’est moins intense ailleurs."
Quel a été votre premier sentiment au moment de retoucher le cuir ?
"J’avais l’impression de ne plus avoir joué au foot depuis deux ans (rires). Heureusement, les sensations reviennent vite. J’ai la chance d’avoir un bon cardio, donc je n’ai pas trop souffert."
Cela vous plaît cette hype autour de votre club ?
"Elle est logique. Nous avons proposé un beau jeu tout au long de l’année et le fait d’être en Ligue des champions offre une vitrine. On presse haut et on joue au ballon. C’est ce que les gens veulent voir."
Êtes-vous l’équipe qui propose le plus beau football d’Europe ?
"Non, non. Prenez une équipe comme Manchester City, ce n’est pas comparable. Nous n’avons pas les mêmes armes."
Justement, vous arrivez à allier spectacle et résultats avec des noms moins ronflants…
"Il est peut-être plus simple de pouvoir proposer du bon foot quand on a un gros budget, oui. Nous devons être au top physiquement, tactiquement et dans nos automatismes. Nous n’avons pas le droit à l’erreur avec notre style de jeu."
La cohésion d’équipe est-elle importante et peut-elle servir d’exemple à d’autres clubs ?
"La plupart des joueurs du groupe sont là depuis trois ans. On se connaît par cœur. Je sais que si Pasalic est sur le terrain, il sera toujours au point de penalty quand je centre. Si c’est Papu Gomez, je vais combiner autrement. Tout fonctionne tout seul."
Quel mérite a Gian Piero Gasperini, votre entraîneur, dans cette réussite ?
"Une grosse partie des lauriers doit lui revenir. Il a tout mis en place. Il a créé les automatismes. La direction le comprend et cible très bien ses joueurs. Si tu ne suis pas tactiquement, le coach t’envoie aux oubliettes. C’est très simple."
Il y a parfois de quoi devenir fou avec lui…
"Beaucoup de joueurs ont déjà pété des câbles. Vraiment. Gasperini a déjà dit à des joueurs qui ne travaillaient pas assez à son goût qu’il pouvait casser leur contrat et qu’ils pourraient aller voir ailleurs. Il ne s’énerve pas mais dit que s’ils ne sont pas prêts à faire les efforts, il n’a pas besoin d’eux. C’est un entraîneur particulier et pas toujours simple à cerner mais il a ses idées et n’en dévie pas."
Est-ce vrai qu’il vous a écarté du groupe car il a mal pris le fait que vous aviez refusé de jouer à cause de vos douleurs au genou ?
"Non, non. En janvier, j’ai eu de grosses douleurs au genou. Je prenais des antidouleurs, des anti-inflammatoires. À un moment donné, j’avais encore mal malgré cela. Je ne parvenais plus à m’entraîner. Le médecin du club m’a dit de prendre du repos. Le coach s’est un peu énervé car il ne savait pas que j’avais de grosses douleurs. Il était plus fâché sur le médecin, qui ne lui avait rien dit, que sur moi. Avec lui, le schéma est habituel : il s’énerve dix minutes puis oublie. À un point tel qu’il m’a proposé de retourner en Belgique pour mes soins avant de, le lendemain, me demander de m’entraîner (rires)."
Vous n’avez donc pas de problème avec lui ?
"Non. La preuve, j’ai rejoué directement à mon retour de blessure."
Mais là, vous êtes sur le banc…
"Nous tournons beaucoup en ce moment. Il y a une quinzaine de cadres et tout le monde va jouer. Je suis d’ailleurs monté au jeu et j’ai failli être décisif. Pasalic s’est excusé de ne pas avoir conclu mon centre. Ce sera pour la prochaine fois."
Râlez-vous encore quand vous n’êtes pas titulaire ?
"Bien sûr. Je suis davantage capable de prendre du recul au fil des années mais j’ai envie de tout jouer. En équipe nationale aussi, mais j’ai plus facile à accepter le banc car je n’ai pas encore autant prouvé qu’à l’Atalanta."
Devez-vous encore ménager votre genou ?
"Plus du tout. J’ai bien travaillé dessus durant le confinement. Je l’ai encore senti une ou deux fois mais plus comme avant. Il m’était arrivé d’en baver après une grosse séance. Ce n’est plus du tout le cas."
Cet été doit être celui de votre grand transfert. Y pensez-vous ?
"Pas du tout. Beaucoup de choses ont été bouleversées et j’avoue avoir la tête au championnat. Je sais qu’en jouant bien les moins à venir je facilite mon futur transfert. Je suis prêt à passer un cap et je pense que le moment est venu. Je ne suis pas stressé pour autant, ni forcé de quitter Bergame."
Être sur la liste du PSG et de Tottenham, cela vous rend fier ?
"Bien sûr. C’est la preuve que le travail paie. Je ne veux pas m’arrêter à un simple intérêt. J’en veux plus."
Un fan d’Arsenal comme vous pourrait jouer à Tottenham ?
"J’étais surtout fan à l’époque de Thierry Henry, etc. J’ai un peu décroché. Puis, soyons honnêtes, tu ne peux pas dire non à Tottenham ou au PSG."
"Content pour Romelu, il fait taire les critiques"
La prolongation et le record de Dries Mertens ont fait plaisir à Castagne.
Quand je suis arrivé, personne ne regardait le championnat d’Italie." Timothy Castagne sourit. Depuis quelques mois, l’Italie s’est repositionnée sur la carte du football et dans le cœur des fans belges. "On est nettement plus suivis qu’avant, affirme-t-il. En même temps, ça tourne bien pour les Diables qui jouent ici."
La prolongation de Dries Mertens est-elle une bonne nouvelle pour vous ? Cela veut dire qu’il sera encore là pour marquer des buts la saison prochaine…
"Non, je suis vraiment content pour Dries. Je m’entends très bien avec lui et je sais qu’il avait vraiment envie de rester à Naples. Avec son nouveau record, il est encore davantage une légende là-bas. Cela se sent à Naples. Les supporters sont dingues de lui et il est heureux au club et dans la ville. Dries, c’est le roi là-bas."
L’autre Diable qui cartonne, c’est Romelu Lukaku…
"Je l’ai eu au téléphone durant le confinement. Il s’adapte vraiment bien au championnat. Déjà, il est trop fort en langues étrangères. Ça aide. Il a aussi pu compter sur Conte, avec qui il s’entend très bien et qui le connaît par cœur."
Vous vous attentiez à ce qu’il soit aussi fort ?
"Oui. Je suis content pour lui car il fait taire les critiques. Il loupe un contrôle, la vidéo devient virale et les gens tirent de bêtes conclusions du genre ‘il n’a pas de technique’. Il faut voir à quel point il pèse sur le jeu. Romelu, c’est bien plus qu’un simple buteur. Vous avez vu son but le week-end dernier ? C’est une belle combinaison en mouvement. Et derrière il est à la base du deuxième but."
Vous avez dit que votre adversaire le plus difficile de la saison était Kevin De Bruyne, que vous avez croisé en Ligue des champions. Vous maintenez ?
"Je donne toujours deux noms : Kevin De Bruyne et Eden Hazard. Après, je n’ai joué qu’à l’entraînement face à Eden. Face à Manchester City, j’avais prévenu mes équipiers qu’avec Kevin il fallait se méfier des centres dans le dos. Il nous en a passé plusieurs… Avec lui, chaque ballon peut se transformer en assist."
“La Champions League ? Sur un match, nous avons nos chances”
Timothy Castagne et l’Atalanta Bergame vont participer au fameux Final 8 de la Ligue des champions. Un rendez-vous qu’il attend avec impatience. “J’espère juste que le championnat ne nous tuera pas trop”, sourit-il.
L’Atalanta Bergame est la bonne surprise de la C1 et espère ne pas s’arrêter en quarts. “Nous allons arriver avec du rythme et nous avons notre chance sur un match. On pourrait se louper sur un aller-retour, mais sur une rencontre on a prouvé qu’on pouvait même bousculer Manchester City.”
De là à penser à la victoire finale ? “N’exagérons pas. Notre but prioritaire est d’assurer la qualification en C1 l’année prochaine en restant dans le top 4 du Calcio. Les sept autres équipes seront très costaudes, donc on ne va pas commencer à rêver. Nous arrivons en outsiders, sans pression.”