Les Diables rouges sont-ils vraiment “trop vieux” pour performer ?
L’âge, une excuse suffisante pour expliquer les mauvaises performances de la sélection belge dans cette Coupe du monde 2022 ?
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Publié le 01-12-2022 à 10h55 - Mis à jour le 01-12-2022 à 11h42
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Les joueurs comme la presse mettent souvent un élément en avant pour expliquer la mauvaise performance des Diables rouges depuis le lancement de ce mondial de football qatari : l’âge de notre sélection nationale, jugée “trop vieille” pour espérer obtenir un résultat digne de ce nom. Cet argument est pourtant discutable.
Les 32 équipes participantes au Mondial 2022 affichent une moyenne d’âge oscillant entre 24 et 28 ans. La Belgique n’est pas la doyenne de l’ensemble. En tête du classement, on retrouve l’Iran (28,9 ans en moyenne), le Mexique (28,5 ans), l’Argentine (27,9 ans) et le Brésil (27,9 ans). Les Diables rouges, eux, occupent la cinquième place, avec une moyenne d’âge de 27,8 ans.
Le Brésil et l’Argentine performent mieux
Si l’on se penche sur les résultats obtenus par les cinq équipes les plus âgées du tournoi, on constate que l’âge n’est pas déterminant : après deux matches, le Brésil et l’Argentine – plus âgés en moyenne – ont mieux performé que les Diables.
En remportant tous ses matchs joués jusqu’à présent lors de cette phase de poules, la Seleção brésilienne a collecté six points. C’est l’une des trois équipes participant au Mondial, aux côtés de la France et du Portugal, à afficher ce résultat après deux matchs.
Après deux matchs, l’Argentine affichait le même nombre de points que les Diables rouges, avec une victoire et une défaite sur ses deux matchs joués. L’équipe avait encaissé deux buts, mais en avait marqué trois, soit deux de plus que nos Diables. En gagnant ce mercredi soir son troisième match l’opposant à la Pologne, l’Argentine s’est qualifiée pour la suite de la compétition.
Attaque et défense vieillissantes ?
Au sein même de notre sélection nationale, attaque et défense se sont mutuellement accusées d’être “trop vieilles” pour être efficaces. Les défenseurs seraient trop âgés et donc trop lents, les attaquants, trop vieux pour concrétiser et marquer. Nous avons donc comparé l’âge moyen de l’attaque et de la défense des Diables à celles de neuf autres équipes considérées comme des favorites pour ce Mondial.
L’âge moyen de la défense belge est de 26,6 ans. Il s’agit de la cinquième défense la plus âgée des 10 pays analysés, à égalité avec le Portugal. Elle est devancée par le Brésil (30,6 ans), l’Angleterre (28,2), l’Argentine (27,4) et l’Espagne (27,3). Notons toutefois qu’elle se situe juste en dessous de la moyenne générale, de 26,9 ans.
Les défenseurs les plus âgés parmi ces dix équipes sont Dani Alves (Brésil) et Pepe (Portugal), avec 39 années au compteur, loin devant Jan Vertonghen (35 ans) et Toby Alderweireld (33 ans). A contrario, c’est au sein de la sélection belge que l’on trouve l’un des plus jeunes défenseurs : Zeno Debast, âgé de 19 ans. Un statut de cadet qu’il partage avec le portugais António Silva.
Du côté de l’attaque, les Belges héritent de la quatrième place, avec 27,1 ans en moyenne. Le Croatie – dernier adversaire des Diables rouges – a l’attaque la plus âgée (30,6 ans). Elle est suivie par l’Argentine (28,1) et la France (27,8). La moyenne des dix équipes analysées étant, elle, de 26,55 ans.
À 37 ans, Cristiano Ronaldo (Portugal) est l’attaquant le plus âgé, juste devant le Français Olivier Giroud (36 ans) et nos compatriotes Dries Mertens (35 ans) et Eden Hazard (31 ans). C’est en Allemagne que l’on trouve l’attaquant le plus jeune : Youssoufa Moukoko, qui fêtait ses 18 ans le jour du début de la compétition, le 20 novembre 2022. Il s’agit par ailleurs du joueur le plus jeune de la compétition.
Des vainqueurs de plus en plus jeunes ?
Le Dr Robert Butler, chercheur en économie du sport à la Cork University Business School et éditeur du blog “Sport Economics”, s’est intéressé en 2014 à l’âge moyen des équipes ayant remporté une coupe du monde. Dans un billet de blog, il analyse l’âge moyen des équipes gagnantes ainsi que l’âge moyen des 11 joueurs alignés au coup de sifflet marquant le début de la finale.
“À l’exception des Italiens victorieux (2006), les effectifs et les équipes sont généralement de plus en plus jeunes”, remarque le chercheur. Une tendance qui s’est poursuivie puisque l’Allemagne et la France avaient, en 2014 et 2018, une sélection âgée en moyenne de 26,2 ans et 26 ans.
On peut également mettre en évidence une autre particularité dans les données analysées par Robert Butler : l’âge moyen du 11 de base pour la finale est systématiquement plus élevé que celui de la sélection (27,7 ans contre 26,7).
Des chiffres bien loin de la moyenne d’âge du onze de base aligné lors des deux premiers matchs de la Belgique, qui était de 29,9 ans. Cela témoigne du choix de Roberto Martinez de laisser les jeunes sur le banc pour mettre des joueurs plus expérimentés sur le terrain, fait qui lui est souvent reproché.
Le football ne se limite pas à des chiffres dans des tableurs, et encore moins à l’âge des joueurs. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte, comme les blessures, l’hygiène de vie, l’âge du joueur lors de ses débuts à haut niveau, le nombre de matchs joués au niveau professionnel, la mentalité, la stratégie du coach et la cohésion de l’équipe.