Fan de data, premier de classe et flexibilité : qui est Domenico Tedesco, le nouveau favori pour entraîner les Diables rouges ?
Comme annoncé ce lundi soir, Tedesco est le favori pour le poste de sélectionneur fédéral des Diables rouges. Portrait.
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Publié le 31-01-2023 à 08h04 - Mis à jour le 31-01-2023 à 09h54
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La nouvelle en a étonné plus d’un : Domenico Tedesco fait partie des favoris pour prendre la succession de Roberto Martinez. Clairement, on est bien loin des trois noms cités précédemment avec Joachim Löw, André Villas Boas et Mauricio Pochettino. Du moins, en terme d’expérience. Pour le grand public du pays, le Germano-Italien est un illustre inconnu. Pas pour ceux qui suivent les championnats étrangers. Malgré ses 37 printemps, l’homme a déjà un CV bien rempli et a connu plusieurs expériences en Europe.
Premier de sa promo devant… Nagelsmann
Pour les entraîneurs, la mode est à la jeunesse en Allemagne. Ces dernières années, plusieurs clubs d’envergure ont confié les rênes de leur équipe première à des novices aux dents longues. Le porte-drapeau de cette génération talentueuse est indéniablement Julian Nagelsmann. Tedesco fait partie de cette même caste. Et les deux coachs se connaissent bien. Très bien.
En effet, ils étaient dans la même promo au moment d’étudier le difficile métier d’entraîneur. Sauf que Tedesco a terminé… premier de sa classe juste devant son homologue allemand ! “Il était déjà entraîneur d’Hoffenheim et il a eu moins de temps que moi pour apprendre les examens”, expliquera-t-il pour Sky Sports.
S’il reste modeste, Tedesco est souvent considéré comme un surdoué. Diplômé comme ingénieur à l’université, il a commencé à travailler avec les jeunes de l’académie de Stuttgart à seulement 22 ans. Il a ensuite enchaîné avec une expérience du côté de Hoffenheim toujours au centre de formation. Dix ans plus tard, il était diplômé à la prestigieuse pépinière d’entraîneurs allemands, la Hennes Weisweiler Akademie.
Ambitieux, il a connu son premier banc au FC Erzgebirge Aue. Pourtant dernier en division 2, il est parvenu à sauver le club grâce à un miraculeux 20 sur 30. De quoi se faire repérer par Schalke 04 qu’il emmène en Ligue des champions en plaçant son club en seconde position derrière le Bayern Munich. Viré après plusieurs grosses claques (dont un 7-0 contre City), il s’envole en Russie, au Spartak Moscou, pour apprendre et voir autre chose. Là-bas, il se fait un nom jusqu’à être ovationné par tout un stade pour son jeu chatoyant. De retour en Allemagne en 2021, il poursuit sa route à Leipzig où il effectue une folle remontée au classement. Onzième, il finit finalement dans les places de la Ligue des champions. Après des mauvais résultats en début de saison, il est limogé et est désormais sans club.
Domenico Tedesco | début | fin | matchs | moyenne |
---|---|---|---|---|
Leipzig | Décembre 2021 | Septembre 2022 | 38 | 1,84 |
Spartak Moscou | Octobre 2019 | Mai 2021 | 54 | 1,69 |
Schalke O4 | Juillet 2017 | Mars 2019 | 75 | 1,57 |
FC Erzgebirge Aue | Mars 2017 | Juin 2017 | 11 | 1,82 |
Data et flexibilité : les maîtres mots
C’est le premier terme lorsque l’on effectue des recherches sur l’entraîneur : Tedesco est un fan de data et de Football Manager. Mais pas question pour lui d’obliger son équipe à jouer comme lui le veut. L’homme, né en Italie du côté de Rossano, s’adapte à son équipe et à l’adversaire. Les datas lui permettent surtout de compléter ses analyses. “Mon idée du football est qu’il faut s’adapter au type de joueurs que l’on a et aux forces que l’on a dans l’équipe”, expliquait-il pour Sky l’an dernier.
Généralement, les entraîneurs de cette génération ne sont pas pragmatiques. Tout le contraire de Tedesco qui veut adapter sa philosophie au groupe qu’il possède. Preuve de cet état de fait : il jouait la contre-attaque avec Schalke 04 car il disposait d’une équipe plus physique que technique. “Et nous sommes arrivés seconds cette année-là avec cette tactique. Lors de nombreux matchs, nous avons défendu de manière très compacte. Offensivement, nous avons joué beaucoup de contre-attaques et marqué beaucoup de buts avec des corners ou des coups francs.”
Tout le contraire au Spartak Moscou. “J’avais une équipe complètement différente. Nous avions l’équipe la plus jeune de Russie avec de très bons gars qui étaient techniquement forts avec le ballon. Nous avions 70 % de possession de balle à chaque match. Je dois être flexible en tant qu’entraîneur, je dois m’adapter”, se justifiait-il en 2022.
Multiculturel comme les Diables
Comme de nombreux Diables rouges, Domenico Tedesco est multiculturel. Un attribut pas si anodin pour notre équipe nationale. Polyglotte, il pourra par exemple converser avec Romelu Lukaku dans plusieurs langues (Allemand, Espagnol, Italien, Anglais, Russe, Français). Roberto Martinez avait déjà évoqué ce point important de notre pays avec ce mélange de cultures qui permet à cette génération de s’adapter à plusieurs situations.
Indéniablement, ses racines italiennes et son enfance en Allemagne ont un impact sur son coaching. Il a été baigné dans la nouvelle génération de la Mannschaft et le pressing. Mais il a gardé comme modèles des entraîneurs de la Botte comme Capello ou Lippi.
Tedesco est également obsédé par l’inclusion de tous les éléments du groupe. Par exemple, lorsqu’il entraînait Leipzig, il donnait ses entraînements en Anglais alors qu’il parle la langue germanique. “Je veux que tout mon groupe soit impliqué”, justifiait-il à l’époque. “Il est important de comprendre les joueurs et d’avoir des réunions dans d’autres langues. Nous sommes un club allemand donc je veux que tout le monde parle allemand mais ce n’est pas si facile. Parfois, il est utile de parler français avec les Français ou italien avec André Silva.” Nouvelle preuve que l’entraîneur s’adaptera à sa future équipe.
Proche des joueurs
Jeune dans son approche analytique du terrain, il n’oublie pas pour autant l’humain qu’il place au centre de sa philosophie. Comme lorsqu’il débarque à Leipzig alors que le club est onzième en Bundesliga. “Quand vous arrivez dans un nouveau club, vous devez connaître l’équipe”, assurait-il après son intronisation. “Vous devez parler beaucoup aux joueurs expérimentés. Le but est de trouver ce qui ne collait pas dans le passé. Tout le staff a beaucoup communiqué avec les joueurs et nous avons changé de système avec un peu plus de possession.” Résultat des courses : une folle remontée articulée autour d’un pressing et la possession.
On peut donc penser que Domenico Tedesco n’essayera pas de partir d’une page blanche. Il évoluera dans la continuité de Roberto Martinez. Tout le monde sait que plusieurs joueurs, comme Lukaku, Openda ou Alderweireld, avaient plaidé la cause de Thierry Henry pour reprendre le flambeau du Catalan. Dans un sens, Tedesco représente un peu cet esprit. Mais il amènera des nouvelles idées qui peuvent aussi faire évoluer un groupe qui a certainement besoin de changement. De quoi contenter ceux qui voulaient un changement radical avec les plus conservateurs.