Frankie Vercauteren évoque sa nouvelle vie dans le pays de son épouse: "Ne vous inquiétez pas pour moi, ici, en Russie"
Après 17 mois sans job, Frankie Vercauteren a enfin rompu le silence depuis le pays de sa femme, où il pourrait s’installer pour de bon.
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Publié le 22-10-2022 à 07h17 - Mis à jour le 23-10-2022 à 23h15
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Depuis le 1-0 avec l’Antwerp contre Anderlecht avec un but de Lamkel Ze en mai 2021, Frankie Vercauteren (65 ans) semble avoir disparu des radars. Plus de 500 jours plus tard, il a accepté de rompre le silence via une interview par téléphone depuis la Russie, où il habite dans la ville de Khimki avec sa femme russe et leur petite fille.
Frankie pèse clairement ses mots quand on lui parle du conflit avec l’Ukraine, mais il n’a pas changé en évoquant son propre avenir et le football belge. Une chose semble sûre : on n’est pas prêt de le revoir au bord d’un des terrains de notre Jupiler Pro League.
Comment est la vie en Russie depuis le conflit, Frankie ?
"Je ne vais pas trop en parler. Il y a des tensions, c’est clair. Mais cette tension existe aussi en Europe. Tout le monde se pose des questions, mais pour le reste, on n’a pas de commentaires à faire. On n’en parle pas beaucoup. Ni entre nous, ni avec d’autres habitants."
Vous sentez-vous encore en sécurité ?
"Ça oui. Ne vous inquiétez pas pour moi. Je rentre bientôt en Belgique pour faire une demande pour l’obtention d’un nouveau visa pour la Russie. Ma fille doit aller à l’école l’année prochaine, on veut vivre à un endroit fixe pour ne pas qu’elle doive changer d’environnement chaque année. Le domaine où on réside à Khimki est à 50 mètres de la frontière avec Moscou. En 2021, on a déménagé de Samara à Khimki. Les régions ne sont pas comparables."
Vous vous débrouillez déjà en russe ?
"Je sais lire le russe et je le parle un peu, mais pas assez couramment. Et je ne comprends pas tout."
Revenir en Belgique ne fait donc pas partie de vos projets.
"Des agents m’ont contacté au nom de certains clubs belges, mais je leur ai dit que cela ne m’intéressait pas. Et donc, les clubs n’ont pas insisté. Certaines choses que j’ai faites dans le passé, je ne les referai plus. Ce ne sont plus des défis. J’ai d’autres priorités."
Vous suivez encore le football belge ?
"De loin. Je ne regarde que les moments forts des matchs sur Eleven online. Je ne regarde presque pas de matchs complets. Sauf un match du RWDM, pour avoir une idée de la façon dont joue l’équipe de Vincent Euvrard avec qui j’ai travaillé (NdlR : au Cercle, à Al Batin et à OHL). Je n’ai même pas regardé West Ham - RSCA. J’ai vu les matchs de Bruges en Ligue des champions. Pas parce que c’est Bruges, mais parce que c’est la Ligue des champions."
Vous allez regarder Standard - Anderlecht ?
"Non ! Je n’ai pas regardé Anderlecht - Bruges non plus. Ce ne sont pas des priorités par rapport aux autres choses que je dois faire ici. La Ligue des champions, par contre, c’est une priorité."
Dans quels pays aimeriez-vous travailler, alors ?
"J’en cite quelques-uns qui pourraient m’intéresser : la Turquie et les Émirats arabes unis répondent à plusieurs critères, dont l’aspect familial. Il ne faut pas de visa, je pourrais faire des allers et retours vers la Russie quand je veux, ces pays sont encore joignables depuis la Russie. Je suis aussi ouvert à l’Arabie saoudite, mais j’ai refusé un club saoudien. J’y ai travaillé pendant quelques mois (NdlR : à Al Batin en 2018), il y a certains endroits où je n’irai pas."
Combien de clubs avez-vous refusé en un an et demi ?
"Une vingtaine, de tous les coins du monde. D’Afrique, de Singapour, de Chypre… J’ai dit non parce que ces propositions ne correspondaient pas à mes désirs au niveau familial, sportif ou financier. Si je veux travailler, j’ai du travail, ce n’est pas un problème. À la fin de l’année, il faudra que je prenne une décision. J’examine plusieurs choses en ce moment, c’est une de mes occupations principales."
Vous voulez rester entraîneur ?
"C'est ma priorité, mais je ne le ferai donc pas n'importe où. À la fin décembre, il faudra peut-être que je dise : ' Je suis out depuis un an et demi, il faut changer ton fusil d'épaule et faire autre chose.' Et ma carrière d'entraîneur pourrait donc être terminée."
Vous envisagez de vous relancer hors du football ?
"Non, ce sera toujours lié au football."
Vous approchez des 66 ans. Ne serait-ce pas le moment de penser à prendre votre pension ?
"Je suis déjà pensionné (rires). Mais je ne suis pas du genre à ne rien faire. Par contre, je ne suis plus le même qu’avant au niveau physique. Participer à des petits matchs à l’entraînement, par exemple, c’est fini. Mais je peux encore apporter l’une ou l’autre chose. Tant que j’ai l’impression de pouvoir être utile, l’âge de 66 ans m’importe peu. Je vois des entraîneurs de 70 ans qui sont encore actifs au plus haut niveau…"
Anderlecht vous a invité à West Ham - Anderlecht, vu que vous faisiez partie de l’équipe qui a gagné la finale de 1976 contre les Anglais. Vous n’êtes pas venu.
"Pour deux raisons. La première est que je ne viens en Belgique que pour des choses essentielles. Et la seconde raison - la plus importante - est d’ordre personnel, que je tiens donc pour moi. En d’autres mots : si j’avais été en Belgique, je ne serais pas venu non plus."
"Laissez Mazzù faire son travail !"
Même s’il ne suit plus le football belge de près, on a quand même abordé le sujet Clasico avec Vercauteren, vu le timing de l’interview. En effet, le Standard est l’équipe que Frankie a le plus souvent affrontée, aussi bien en tant que joueur qu’entraîneur.
Le Clasico de dimanche
"Je ne sais pas juger les deux équipes, je les ai trop peu vues à l’œuvre. J’ai vu 15 à 20 minutes contre Seraing, parce que j’ai travaillé avec José Jeunechamps. Et ce n’était pas le meilleur match du Standard. Mais le club a clairement pris un nouvel élan qui va de pair avec de l’efficacité. Tant mieux pour le Standard."
Et l'Anderlecht actuel, qui connaît une crise sans précédent ? "Je n'aime pas parler de cela parce que je ne connais pas la situation actuelle. Mais c'est toujours la même chose. Après quatre ou cinq matchs, Mazzù était le meilleur entraîneur possible. Et maintenant, c'est le plus mauvais. Laissez cet homme faire son travail, les responsabilités sont partagées. Les joueurs en font partie parce qu'ils sont sur le terrain, l'entraîneur certainement. Mais on oublie peut-être certaines personnes. C'est dommage pour Anderlecht que les Bruxellois ne soient pas classés à la position qui devrait être la leur."
Son bilan à Sclessin
"Mon nombre de victoires comme coach dans des matchs au Standard ? Pas trop. Avec Anderlecht, je ne me souviens pas avoir gagné à Sclessin."
La bonne réponse : une victoire (avec Genk) en dix matchs. Avec Anderlecht, il a perdu deux fois et obtenu deux nuls. "C'était toujours spécial et difficile au Standard. Mais je dois être honnête : j'aimais coacher un match à Sclessin ! Je n'ai jamais eu de problèmes, même en tant que coach d'Anderlecht, qui n'était pourtant pas très aimé. J'ai toujours ressenti le respect du Standard et de ses fans. Ils sont contre l'équipe et contre vous, mais ça s'arrête là. Qui ne veut pas jouer ou coacher dans un tel stade avec une si grosse ambiance ?"
Et de ses 12 matchs comme joueur à Sclessin, avec Anderlecht, combien en aurait-il gagné ? "Euh… Quatre ou cinq ?"
La bonne réponse est trois. Vercauteren a marqué deux fois : sur coup franc lors d'un 2-2 et sur penalty lors d'un 2-3. Sa plus lourde défaite était un 5-2 en 1979-1980. "Les défaites, je les ai oubliées (rires)."
Ses flirts avec le Standard
Ces dernières années, le nom de Vercauteren a circulé quelques fois dans les travées de Sclessin. "Je me souviens d'une discussion avec Lucien d'Onofrio, mais j'ai oublié l'année, dit Vercauteren. C'était plus du 'au cas où', mais l'opportunité ne s'est finalement pas présentée."
Et en 2020, pour remplacer Philippe Montanier ? "Ça, c'était plus concret. On a même parlé de chiffres. J'ai décidé d'aller ailleurs (à l'Antwerp)."
Mais le fait d'être considéré comme un Anderlechtois n'a pas influencé son choix. "Je ne vois pas le problème, malgré l'étiquette que je porte. Michel Preud'homme avait aussi une étiquette (de Standardman) et il a quand même entraîné un autre grand club belge (Club Bruges). Donc, pourquoi pas ? Le club, l'ambiance, les supporters, le stade, le centre d'entraînement du Standard : tout cela m'aurait tenté. Mais il faut que toutes les pièces correspondent au bon moment et cela n'a jamais été le cas."
Et en tant que joueur, est-ce que le président Roger Petit n'a jamais essayé de le chiper à Constant Vanden Stock ? "Non. Mais après mon aventure à Nantes (en 1990), il y a eu des contacts avec le Standard via des intermédiaires. Or, c'était très superficiel et le Standard devait encore désigner un nouvel entraîneur qui n'est finalement pas venu."
Du coup, Vercauteren avait signé au RWDM…