Fabio Silva: "Si Wolverhampton me veut, c’est que j’ai fait du bon boulot ici"
Fábio Silva est déterminé à aider Anderlecht à remonter la pente, à commencer par le match de Coupe à Genk. Du moins, si son club anglais ne le rappelle pas en janvier.
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- Publié le 19-12-2022 à 21h24
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Hormis Zeno Debast, Fábio Silva (20 ans) est le joueur de champ d’Anderlecht à avoir reçu le plus de temps de jeu cette saison, ce qui est rare pour un attaquant. On peut donc comprendre la panique des supporters quand un éventuel retour prématuré à Wolverhampton a été évoqué ou quand il a quitté le terrain en larmes après une collision avec le gardien des U23 du Japon avec le Portugal.
Mais Silva, auteur de dix buts, dont six en championnat, est encore à Anderlecht et son genou est rétabli. " On est prêts pour affronter Genk." Interview.
Vous pouvez rassurer les supporters et affirmer que vous terminerez la saison à Anderlecht ?
"Non, car je ne le sais pas. Maintenant, mon focus est sur le match de Coupe à Genk. Le mercato s’ouvre en janvier. Je suis joueur, je ne contrôle pas cette situation. Si les Wolves me veulent, cela me rendrait heureux, parce que cela signifierait que j’ai fait de l’excellent travail à Anderlecht."
Wolverhampton est dernier au classement avec seulement huit buts marqués en quinze matchs. L’entraîneur portugais Lage a été remplacé par l’Espagnol Lopetegui. Il vous a déjà appelé ?
"Non, mais le club est en contact permanent avec moi. Ils demandent comment je me sens et si j’ai besoin de quelque chose, ils étaient notamment à West Ham - Anderlecht pour parler avec moi. Mais tant que je suis à Anderlecht, je me donne à fond ici. Anderlecht m’a donné l’opportunité de jouer, de prendre confiance et de marquer des buts. Je veux lui rendre plus que ce que je lui ai déjà donné jusqu’à présent."
Et votre genou est intact. Vous avez craint le pire.
"Oui, j’ai eu peur. Au moment du choc avec le gardien du Japon, je ne sentais plus de force dans mon genou et dans ma jambe. Mais dans le vestiaire, le médecin m’a fait faire quelques tests, qui étaient rassurants. Trois jours plus tard, après avoir mis beaucoup de glace, j’étais rétabli."
Vous êtes à dix buts et quatre assists, toutes compétitions confondues. Cela vous satisfait ?
"Si vous m’aviez dit cela avant le début du championnat, j’aurais signé des deux mains. Si Anderlecht avait été en tête du classement, j’aurais marqué plus que dix fois."
Vous avez marqué cinq buts lors de vos six premiers matchs. Votre papa avait dit que ce n’était pas réaliste de maintenir cette moyenne.
"Les gens pensaient que je marquerais chaque semaine. Dans les médias, on aurait dit que j’étais le meilleur au monde. Et puis, quand je n’ai pas marqué pendant quatre matchs, on a commencé à dire du mal sur moi. Je comprends que certaines personnes n’ont rien d’autre à faire. Voilà pourquoi je ne lis pas la presse. Si je le faisais, je risquerais d’être perturbé. Alors que je peux aussi être important sans marquer de buts."
Vous avez joué 2 235 minutes avec Anderlecht depuis le début de saison. On vous sentait moins affûté dans la deuxième partie du premier tour.
"La saison passée, avec Wolverhampton, j’avais dû me contenter de montées au jeu de cinq minutes en fin de matchs. À 19 ans, on veut jouer, et je suis donc venu à Anderlecht. Ici, j’ai tellement joué, que j’avais une petite douleur à gauche ou à droite. Je ne suis parfois pas à 100 %, mais mon corps s’habitue à jouer un match tous les trois jours."
Donc pas de regrets d’avoir opté pour Anderlecht, malgré la 11e place ?
"Non ! Je veux m’amuser chaque jour en compagnie de mes coéquipiers. Parfois, je leur dis en rigolant : savourez-moi (‘Enjoy me’) tant que je suis ici. Je dis surtout cela à Rafa, qui est devenu un bon ami. Je sens l’amour de tous les joueurs. Ils veulent que je sois avec eux. Je veux partager mes expériences avec eux. Je n’ai que 20 ans mais j’ai déjà joué en Premier League. Je donne des conseils aux jeunes. J’ai vraiment envie qu’Anderlecht remonte la pente. C’est impensable que le Sporting reste 11e. Ce club a sa place en haut du tableau. Croyez-moi, cette situation ne plaît à personne dans le vestiaire."
Le match à Genk est le match de la saison ?
"C’est un des matchs les plus importants, oui. Il faut être réaliste : même si on n’abandonne pas, ce sera difficile de remporter le titre. Le focus est sur la Coupe. Genk a une des meilleures équipes de Belgique. Mais un match de Coupe est spécial. On est prêts. Je sens des signes positifs à l’entraînement."
Riemer a changé tellement que ça ? On ne l’a pas vu dans le match amical contre Rakow Czestochowa.
"Ce n’était qu’un amical. Le coach a testé certaines choses et a donné du temps de jeu à plusieurs joueurs. Beaucoup de choses ont changé depuis le départ de Felice Mazzù. On a un coach qui vient de la Premier League, qui aime qu’on aille plus au duel. Quand on perd le ballon, on doit directement réagir. On veut plus de possession du ballon. Mais je ne dis pas du mal au sujet de Mazzù. Je lui ai envoyé un message de remerciement après son départ et on s’est parlé. La saison passée, je n’ai pas eu de chance à Wolverhampton. Felice m’a rendu important et j’ai retrouvé la confiance grâce à lui. Ce sera spécial de jouer contre lui, le 26 décembre."
Charleroi - Anderlecht se joue en pleine période de Noël.
"Noël est très important au Portugal. On se réunit à une vingtaine dans une maison. Noël vous rend l’énergie quand vous êtes à bout de souffle. Je m’étais dit que je pourrais enfin célébrer Noël dans mon pays, après avoir connu deux fois le Boxing Day en Angleterre. Jusqu’au moment où j’ai appris la date de Charleroi - Anderlecht (rires)."
Vous avez aussi connu le revers de la médaille. Il y a notamment eu une photo sur Instagram de vous avec Nainggolan et Esposito après un resto à Anvers à un moment où Anderlecht avait perdu plusieurs fois.
"Seba m’a montré cette photo. Radja est un ami de Seba et je l’ai accompagné. On est rentrés tôt. Où est le problème ? Je pourrais même aller manger avec un joueur du Club Bruges. Ce n’est pas important. Si je veux aller manger chaque jour avec Radja, je le fais. C’est ma vie privée. Les gens doivent se focaliser sur ce que je fais sur le terrain. Ce que je fais hors du terrain, c’est mon affaire. Je sais qu’Anderlecht traversait une période difficile et certains médias ont profité de cette photo pour nous enfoncer encore plus. Ne vous inquiétez pas : je sais ce que je peux faire hors du terrain et je connais les règles que je dois respecter. J’ai toujours été un exemple."
Selon votre papa, vous êtes trop maniaque, notamment au niveau de la nourriture.
"En effet. Parfois, il me dit de manger quelque chose de moins sain, juste pour profiter un peu. Mais même en vacances, je n’y parviens pas. C’est une question mentale. Je veux rester focalisé sur le football. Mais cela ne signifie pas que je dois toujours rester enfermé dans ma maison."
Vous avez aussi reçu des critiques parce que vous n’avez pas fêté le but de Stroeykens à Malines.
"Je sais que les gens pensaient que je n’étais pas content pour l’équipe ou pour Mario. C’est faux. Les gens qui travaillent quotidiennement avec moi le savent. Et surtout Mario. Il est un des jeunes avec qui je parle le plus, même hors du vestiaire. Il est un terrible joueur qui peut aller très loin dans sa carrière. Si je me suis comporté ainsi à Malines, c’est par rapport à moi, et cela n’a rien à voir avec Mario. J’étais déçu parce que mes tentatives avaient été repoussées à deux reprises. Je pensais marquer et cela n’a pas été le cas."
Au Lierse, vous avez provoqué le public après avoir converti un penalty.
"Ce n’était pas de la provocation. Avant de frapper un penalty, on ressent une montée d’adrénaline dans son corps. J’aime ce sentiment. Le public du Lierse me sifflait avant que je ne frappe et les gens derrière le but faisaient certaines choses. Quand j’ai marqué, j’ai réagi en mettant les mains derrière les oreilles, c’est vrai. J’ai suivi mon intuition, mais cela n’avait rien à voir avec de la provocation. Sans public, le football n’est rien du tout. Je respecte notre public mais aussi le public adverse."
Tant qu’on y est, on vous confronte avec une autre critique : vous voulez être partout sur le terrain, et vous n’êtes donc pas au bon endroit pour marquer.
"Parfois, je me dis que je peux aider l’équipe avec des courses diagonales ou avec des assists, quand il y a trop peu de mouvement en attaque. Je sais que cela signifie parfois qu’il n’y a personne d’autre devant le but. Sauf si on joue avec deux attaquants."
Vous préférez jouer à deux devant ? Cette saison, on vous a souvent vu seul sur une île. Votre ami Esposito était sur le banc.
"On a commencé la saison avec deux attaquants. Maintenant, je joue seul. Je fais ce que le coach me demande de faire. C’est vrai que Sebastiano et moi n’avons joué que trois fois ensemble. Contre Seraing, on a été très bons à deux devant. On a des profils différents et on se comprend. Je sais d’avance ce qu’il va faire. On a souvent parlé de notre amitié dans les médias. On en a parfois rigolé : si on avait parlé moins de nous, on aurait peut-être joué plus ensemble."
Vous aimeriez qu’il revienne dans le noyau A ?
"Oui, Seba est un de mes meilleurs amis. Je suis encore en contact avec lui. J’essaie de comprendre sa situation. Je comprends sa frustration. Il est venu ici pour jouer chaque match. Moi, je sais qu’il a beaucoup de qualités. Sa technique est incroyable. Il a marqué un but magnifique à Westerlo. Mais parfois, dans le foot, les choses ne se déroulent pas comme prévu. J’ai eu la même blague à Wolverhampton avec l’entraîneur Bruno Lage. J’avais eu son frère comme coach à Benfica, mais finalement je n’ai pas joué à Wolverhampton. Esposito avait un lien italien avec Felice Mazzù, mais il ne l’a pas utilisé. Je suis convaincu qu’il montrera ses qualités dans le futur. Que ce soit ici ou ailleurs."
Terminons en parlant de l’équipe nationale du Portugal. Cela a été un choc de voir Ronaldo relégué sur le banc ?
"Ce n’était pas seulement un choc pour moi et pour le Portugal, mais pour le monde entier. Et vu que Cristiano est mon idole depuis que je suis jeune, je ne suis pas bien placé pour donner une réponse objective à son sujet (rires)."
Votre coach fédéral a démissionné. On parle de José Mourinho comme son successeur.
"J’ai entendu parler de cela. Il me connaît parce qu’on s’est parlé après un Wolverhampton - Tottenham (NdlR : 1-1 en décembre 2020, il avait joué les 90 minutes). Croyez-moi, il n’est pas du tout le personnage arrogant pour lequel on le fait passer à la télé."