Voici pourquoi les footballeurs espagnols ne viennent pas à Anderlecht
Anderlecht a recruté peu de joueurs espagnols car ils ont du mal à percer en Belgique et parce qu’ils ne veulent pas venir.
Publié le 15-03-2023 à 08h36 - Mis à jour le 15-03-2023 à 14h03
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La présence de joueurs espagnols dans les noyaux de Pro League reste marginale. Ceux qui y réussissent se comptent sur les doigts d’une main. Cette saison, ils sont sept, mais seuls Gonzalez (OHL), Jutgla (Club Bruges) et Puertas (Union) peuvent être considérés comme des valeurs sûres de notre championnat.
Anderlecht ne fait pas exception à la règle. Seuls quatre Espagnols sont passés au Parc Astrid au 21e siècle. Au moment d’affronter Villarreal, la question méritait d’être posée : pourquoi les Espagnols ne viennent pas ou ne réussissent-ils pas à Anderlecht ?
La Liga largement prioritaire
Les deux dernières grandes réussites espagnoles en Belgique se nomment Alejandro Pozuelo (Genk) et Sergio Gomez (Anderlecht). Deux trajectoires largement différentes mais avec un point commun : les deux joueurs sont arrivés de championnats étrangers. L’Angleterre pour le Genkois et l’Allemagne pour l’Anderlechtois.
“Passer directement de l’Espagne à la Belgique est vu comme un échec par un Espagnol”, nous confie un ancien membre des hautes sphères d’Anderlecht. “Il y a une bonne dizaine d’années, l’Espagne était au sommet du football mondial. Ils ont gagné la Coupe du monde, l’Euro et leur compétition a pris du galon. En faire sortir des joueurs était devenu très compliqué.”
Une période concomitante à l’arrivée des Argentins à Anderlecht. Les Frutos, Pareja et Biglia avaient des profils talentueux et proches de ce qu’on peut trouver en Espagne. “À une différence près : ils arrivaient en Belgique avec le couteau entre les dents, car notre championnat était leur porte vers l’Espagne. C’était un bond en avant. Comme pour un joueur qui débarque du championnat de Norvège ou de Slovénie. Pour un Espagnol, c’est un pas en arrière. J’avais presque l’impression qu’ils avaient un complexe de supériorité.”
Anderlecht avait un scout en Espagne mais ça n’a pas fonctionné
Le RSCA a exploré la piste espagnole. Le club avait investi dans un recruteur pour principalement sonder la Segunda Liga (D2), ainsi que les équipes B des grandes formations. Sans jamais réussir à trouver un jeune talent capable de percer à Anderlecht. La seule tentative a mené à Fede Vico. Il n’a jamais réussi au Sporting.
La mentalité ne colle pas à la Belgique
L’ailier est le meilleur exemple de ce qui a freiné le RSCA dans son envie de cibler ce marché. L’adaptation d’un Espagnol en Belgique est souvent difficile. Déjà au niveau de la météo. Pour beaucoup, le froid et le peu de soleil pèsent mentalement. “Et c’est même plus global, explique un ancien employé du club. C’est une autre culture, un autre rythme de vie et une autre mentalité.”
On nous la décrit comme plus “communautaire” pour les joueurs du sud du pays comme Vico. L’exemple ne fait pas la règle, mais Anderlecht a été confronté à ce genre de personne ne se sentant pas heureuse en dehors des frontières de son pays. “Courage à celui qui veut sortir un Espagnol d’Espagne”, sourit un ancien employé du Sporting.
Seuls ceux qui acceptent le duel peuvent réussir
Si le problème venait souvent de l’extra-sportif, le terrain mettait en valeur un autre blocage. “J’ai parfois côtoyé des talents fous venus d’Espagne, mais leur style ne correspond pas totalement à la Belgique, explique un ancien employé important du RSCA. Ils peuvent réussir dans de grands clubs où ils peuvent laisser parler leurs qualités. En Belgique, ce n’est pas toujours le cas. Il faut une grosse mentalité pour accepter de jouer un football moins brillant mais plus physique.”
Les Espagnols coûtent cher
Dernier obstacle auquel a souvent été confronté Anderlecht : l’argent. Les clubs espagnols considèrent avoir, de par le niveau de leur compétition, un certain standing et réclament de gros prix pour leurs joueurs. Notamment en incluant d’énormes clauses de revente dans leurs contrats.
“Un jeune de 18 ou 19 ans peut parfois être déjà mieux payé qu’un joueur du RSCA, nous dit un ancien serviteur historique du club. Un joueur argentin c’est tout le contraire. Ils ont de petits salaires au pays et ne sont pas toujours payés à temps.”
Les Mauves ont donc souvent dû approcher des joueurs espagnols inscrits sur la liste de prêts (et souvent sans option d’achat) ou en difficulté dans leur club. “Et encore, si un club français ou néerlandais entre en concurrence avec un belge, tu n’as aucune chance de l’emporter.”