Ses débuts, son positionnement ou sa médiatisation soudaine: Wasinski, la pépite de Charleroi, se découvre pour la première fois
Charleroi Six mois après son éclosion inattendue au sein du noyau pro du Sporting, Martin Wasinski (17 ans) s’est exprimé pour la première fois.
Publié le 19-01-2022 à 07h27 - Mis à jour le 19-01-2022 à 07h28
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Il a fallu augmenter le niveau du dictaphone au maximum pour saisir les paroles de Martin Wasinski, dans le lobby de l’hôtel des Zèbres, la semaine dernière lors du stage en Turquie. Le cadet de l’effectif carolo y a livré sa première interview.
Ses débuts inattendus: "Je ne suis pas stressé"
Le 22 août dernier, à Zulte-Waregem, personne, pas même le principal intéressé, ne s'attendait à sa première titularisation en D1A, à 17 ans, 4 mois et 15 jours. Pas plus que pour les suivantes, face au Beerschot et à Gand. "L'été dernier, je pensais juste m'entraîner de temps en temps avec l'équipe A. Mais tout est allé très vite, commente timidement Wasinski. J'ai eu ma chance grâce au coach lors de la blessure d'Andreou."
Il l'a saisie, avec des notes de 6, 8 et 6,5 dans nos colonnes pour ses trois premiers matchs dans le trio défensif carolo. Sa particularité : une sérénité étonnante pour son âge. "Non, je ne suis pas stressé, sourit-il. À 17 ans ou 35 ans, je crois que ce sera la même chose. Mais c'est vrai, quand on avait encaissé à Zulte, quand le public avait exulté ou mettait la pression, c'était fort. Il faut vite s'y habituer."
Le match suivant, contre le Club Bruges, il n'était plus titulaire. Edward Still voulait-il le protéger ? "Je l'ignore. Je ne sais pas si on peut dire que j'ai un nouveau statut ; j'ai encore beaucoup de choses à apprendre." Ses deux autres titularisations, à l'Union et contre OHL l'ont confirmé. Mais le potentiel est là.
Sa polyvalence: Découvrir puis se fixer
Formé à Limont puis surtout à Waremme comme milieu de terrain, Wasinski apparaît aujourd'hui davantage comme un défenseur central. Il ose déjà jouer dur sur l'homme et dispose d'une relance appréciable en plus de son volume de jeu. Cela comble partiellement son manque de vitesse pure et son inexpérience. "Courir, ce n'est pas un problème, confirme l'endurant n° 31. Le coach a augmenté la charge de travail durant le stage pour qu'on soit prêts pour la deuxième partie de saison et qu'on se sente bien jusque dans les fins de match."
Lors de l'amical disputé en Turquie, en l'absence de Zorgane et d'Ilaimaharitra, Wasinski a évolué dans l'entrejeu à côté de Morioka. "J'apprécie de jouer dans un système défensif à trois, mais aussi dans le milieu parce que cela me permet de toucher plus de ballons."
Actuellement, il entrevoit plus sa polyvalence comme un atout. "Cette saison, je ne suis pas encore titulaire et c'est normal. Donc, me faire jouer à différentes positions peut être utile pour mon développement et pour savoir où je peux aider l'équipe. Il sera encore temps de me fixer à une place la saison prochaine." Un discours lucide pour ce fan de Sergio Ramos, version Real Madrid, "et surtout de l'intelligence de jeu de Kevin De Bruyne".
Sa gestion de l’école: Priorité à la réussite de sa rhéto
En parallèle à son début de carrière de joueur pro, Martin Wasinski doit surtout gérer sa dernière année de secondaire à l'athénée Vauban. Ce qui le prive de certains entraînements avec le groupe. Une gymnastique pas évidente. "C'est très frustrant, reconnaît-il. Je dois me donner à 100 % sur le terrain puis vite filer à l'école sans avoir beaucoup de temps de repos. C'est dur mais je m'y fais petit à petit."
Plusieurs jours par semaine, il enchaîne la séance avec les pros le matin puis les cours l'après-midi. Le mercredi, il a droit à du spécifique à Louvain-la-Neuve avec Jacques Borlée. Un rythme lourd qui peut en partie expliquer les quelques échecs scolaires en début d'année ou les légers passages à vide sur le terrain. Mais le jeune Donceelois, remotivé, s'est bien repris. "Mes branches préférées ? Les langues. Le but est de réussir mon année du premier coup pour pouvoir, dès l'année prochaine, me concentrer exclusivement sur le football." D'ici là, il aura appréhendé le passage de l'internat du foot-étude à sa colocation en appartement avec le troisième gardien Matteo Chiacig.
Sa médiatisation soudaine: "Le regard des autres n’a pas changé"
Un jeune garçon qui intègre si soudainement l'équipe A d'un club de D1A, cela suscite forcément l'intérêt des médias, locaux ou nationaux. Une esquisse de notoriété à absorber. Dans un premier temps, ces derniers mois, le club a d'ailleurs préféré refuser les demandes d'interview. "Le coach ne voulait pas trop", confirme Wasinski.
"On veut que nos jeunes découvrent doucement cet aspect du métier, précise Pierre-Yves Hendrickx, secrétaire général du Sporting. Le cadre et le timing du stage étaient sans doute les plus propices."
Et Wasinski d'ajouter : "Avec les autres jeunes, on se raconte parfois les questions qui nous sont posées. Mais au quotidien, à l'école par exemple, je ne sens pas que le regard des autres a changé. Ni même dans ma famille. Mes proches sont juste heureux et fiers, même si maman est un peu impressionnée que je joue déjà avec des adultes (sourire)."