Jackson Tchatchoua, le super sprinteur, dresse son portrait technique : "J'ai atteint la vitesse de 36,6 km/h"
Jackson Tchatchoua réalise son propre screening marqué par sa vitesse qui pourrait servir ce samedi à Courtrai.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/6b3f4cc1-6e64-425f-81fc-bbccc545339b.png)
Publié le 04-03-2023 à 09h49
:focal(1620x1088.5:1630x1078.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/3CBLNLKPONEVFL5KXK7BR7ZFPI.jpg)
Dans la salle de presse du Mambourg, le calme se fait ressentir à deux jours du match ultra-important à Courtrai. Ponctuel, Jackson Tchatchoua se présente à l’heure. Quoi de plus normal que de ne pas être en retard quand l’on court aussi vite ?
Immédiatement, le premier sujet porte sur sa capacité à sprinter très vite. Le piston est l’un des joueurs les plus rapides du championnat. N’est-il pas lassé qu’on le lui rabâche en permanence ? “Non, ça ne m’énerve pas car c’est le cas. Je suis conscient que je possède d'autres qualités mais ma rapidité est une réalité que j’assume pleinement.”
Très vite, l’élément de 21 ans a su que sa vitesse pourrait le différencier des autres. “Je n’ai jamais fait d’athlétisme. Elle est innée chez moi. J’allais déjà très vite quand j’étais petit mais je n’étais pas puissant à cause de mon frêle gabarit.”
Avec les années, celui qui a vu le jour à Ixelles s’est développé mais la vitesse est restée sa marque de fabrique. Au jeu des comparaisons, est-il plus rapide qu’Isaac Mbenza, son coéquipier, flashé à 36 km/h la saison dernière face à Mata ? “Franchement, je l’ignore. On devrait faire une course pour le savoir. J’avais atteint 36,6 km/h lors des tests de vitesse”, glisse-t-il malicieusement.
”Il sait très bien que je suis plus rapide que lui”, se marre Mbenza, également présent en salle de presse. Samedi, les deux hommes se disputeront le strapontin laissé vacant par Joris Kayembe, absent durant deux semaines à cause d’une élongation à l’arrière de la cuisse.
En attendant de savoir s’il regoûtera à une place de titulaire depuis le 12 novembre dernier, Jackson Tchatchoua s’est livré à un screening pour dévoiler ses qualités de super sprinteur.
Les cuisses: ”Si je me muscle avec des charges conséquentes, ça m’alourdit”
”Bien évidemment, les cuisses et surtout les ischios représentent la partie la plus importante de mon corps au vu de ma vitesse. Le principal inconvénient quand on va vite, c’est que les ischios peuvent péter rapidement. Je dois réaliser énormément d’exercices de préventions sur cette partie du corps pour éviter tout problème. Au niveau de la musculation de mes cuisses, je ne travaille pas beaucoup avec des poids contrairement à ce qu’on pourrait penser. Si je me muscle avec des charges conséquentes, ça m’alourdit. Or, tu peux avoir des grosses cuisses mais ne pas être rapide. En tant que wingback, j’ai besoin d’être explosif. Je me muscle donc avec le poids de mon corps en faisant beaucoup de squats. Je travaille également avec des sauts à l’arrêt ou au dessus d’une haie et je complète toute cela avec des exercices sur trampoline.”
Les pectoraux: ”Le but n’est pas de devenir bodybuilder”
”Quand j’étais petit, j’étais agile mais fort élancé. À l’âge de 15 ans, j’ai voulu me muscler. Je voyais les plus anciens faire des pompes et des abdos dans leur chambre donc je les ai imités. C’est comme ça que je me suis créé une base musculaire. En U17, une séance de musculation par semaine était au programme. J’ai commencé à cibler le travail. Quand je vois les photos de l’époque, je me dis que je me suis bien développé. Le but n’est pas de devenir bodybuilder mais de développer ma puissance. Quand tu vois des joueurs comme Benzema ou Vinicius, ils travaillent tous en salle.”

Les abdominaux: ”Ils sont importants pour sprinter mais aussi dans les duels aériens”
”Il ne faut pas lésiner sur le gainage. Si tu veux rester sur tes appuis, tu dois être bien gainé. Les abdominaux sont importants pour sprinter mais aussi pour être présent dans les duels aériens et résister aux charges des adversaires. J’ai vite senti lors de mes premiers matchs en pro que j’étais prêt à répondre au défi athlétique des adversaires. Ceux qui me mettent en difficultés, ce sont les profils agiles comme Sergio Gomez ou Nikola Storm. Je sais que je vais plus vite qu’eux mais ils sont imprévisibles. En modèle, je m’inspire beaucoup de Reece James. Il collecte les statistiques, ce qui me manque actuellement. Est-ce que je pourrais évoluer au poste d’ailier ? Je ne pense pas car dans le football actuel, ils doivent utiliser leur technique à l’arrêt. Dans un système à quatre défenseurs, je préférerais évoluer au poste de latéral droit pour apporter le surnombre avec ma vitesse.”
Les pieds: ”Je dois trouver le bon dosage entre ma vitesse et le geste juste”
”Je sais qu’on me reproche parfois la qualité de mes centres. Comme je vais très vite, je dois pouvoir ralentir et garder mon sang-froid pour réaliser la passe idéale. J’arrive avec beaucoup de puissance et mon cerveau n’a pas toujours le temps de se dire qu’il faut que je ralentisse mon geste sinon le ballon ira trop loin. Je dois trouver le bon dosage entre ma vitesse et le geste juste. Pour y arriver, l’entraînement incarne la solution la plus simple. Dans son livre, Kobe Bryant disait qu’il shootait systématiquement après les séances collectives pour enregistrer la mécanique du shoot. En match, son cerveau reproduisait inconsciemment le bon dosage face au panier.”
La tête: ”Quand il y a une crise, certains en profitent. D’autres non”
”Depuis que je suis jeune, j’ai tout été cherché par moi-même. On ne m'a rien donné. L’an dernier, on ne s’attendait pas à mon éclosion ? C’est grâce au… Covid et à ma mentalité. Avant la crise sanitaire, je stagnais en U21. J’étais partagé entre le fait de tenter ma chance au RFC Liège qui me voulait ou persévérer. Et puis le monde s’est arrêté. Il n’y avait plus de championnat. J’ai continué à courir et à faire de la muscu alors que la majorité des personnes ne faisait plus rien. Je me suis offert une possibilité de percer si quelqu’un croyait en moi et Edward Still est arrivé. Quand il y a une crise, certains en profitent pour rebondir. D’autres non. En ce moment, je vis une période plus compliquée mais personne n’a un graphique où la ligne tend systématiquement vers le haut. C’est une phase qui me permet de travailler mon mental. Bien sûr que je ne suis pas heureux mais je le prends comme un défi.”