Preud’homme connaît bien Benfica et le Club de Bruges: “Parker cherche une stabilité défensive
Michel Preud’homme porte un regard bienveillant sur le Club Bruges, explique la réussite de la formation lisboète et justifie sa passion pour la compétition. Entretien.
Publié le 15-02-2023 à 08h13 - Mis à jour le 15-02-2023 à 11h01
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Depuis un parcours de golf à Tenerife, Michel Preud’homme (64 ans) a accepté de parler de différentes thématiques au micro de Marc Delire (Proximus Pickx) avant le duel entre deux de ses anciens clubs : l’un comme joueur, Benfica, et l’autre comme entraîneur, le Club Bruges. Ceux-là mêmes qui s’affrontent ce mercredi en huitième de finale aller de la Ligue des champions. L’ancien meilleur gardien du monde évoque aussi sur son esprit de compétition et le culte de la victoire.
Benfica et le Club Bruges
Benfica est le club européen qui rentabilise le mieux sa formation des jeunes. Si c’est possible pour un club portugais, pourquoi pas en Belgique ?
”Attention, on ne travaille pas mal en Belgique ! J’ai eu l’occasion de m’en rendre compte et je sais que les clubs prospectent et forment énormément aussi chez nous. En fait, je crois que c’est une question de vivier. Les deux pays ont plus ou moins le même nombre d’habitants (10,3 millions au Portugal pour environ 11,5 en Belgique). Au Portugal, 60 % de la population est pour Benfica. Cela représente quasiment 6 à 7 millions. Tous les gosses rêvent d’y jouer. Donc si un jour Benfica vient frapper à la porte, ils y vont en courant. Imaginez-vous le potentiel national pour ce club ! Et puis la formation y est extrêmement bonne aussi. Un autre facteur réside dans les caractéristiques du pays. Le Portugal est un pays formidable pour les Sud-Américains par exemple. L’adaptation au niveau du climat et de la mentalité est beaucoup plus proche de ce qu’ils connaissent chez eux, en comparaison avec la Belgique, le Danemark, la Norvège ou les Pays-Bas par exemple. Bref, pour un tas de joueurs avec du potentiel, le Portugal est une bonne transition avant un grand championnat comme l’Espagne ou ailleurs en Europe.”
La direction croyait vraiment en Carl Hoefkens.
Depuis votre départ de Bruges en 2017, le choix de Vincent Mannaert et Bart Verhaeghe concernant les coachs était un sans-faute avec Leko, Clement et Schreuder. Et puis il y a eu Carl Hoefkens, et désormais Scott Parker. On a le sentiment que la direction est un peu dans le bouillon…
”Après avoir gagné beaucoup de titres, Bruges a osé donner sa chance à un jeune entraîneur qui débutait, Carl Hoefkens. Je pense que c’était une bonne idée. Ils croyaient vraiment en lui, et à juste titre. La direction était persuadée que c’était le bon choix parmi les 1 000 entraîneurs qui voulaient venir à Bruges à ce moment-là. Au niveau européen, c’est évidemment formidable d’être sorti des poules de la Ligue des champions. C’est un peu moins bien au niveau belge.”
Que s’est-il passé ?
”Pourquoi cette rupture ? Je ne sais pas. Je ne connais pas bien Scott Parker mais, de ce que je vois de l’extérieur, il est en train d’essayer de remettre en place une stabilité défensive. En tout cas, il la cherche. Parce qu’au fur et à mesure, ça s’est effrité. J’ai remarqué que Bruges donnait trop d’occasions à l’adversaire. C’est bien d’être offensif et dominant, c’est ce qu’on veut à Bruges, mais au niveau de la structure défensive et de l’organisation, ce qu’ils parvenaient à faire en Coupe d’Europe, ils ne le faisaient plus correctement en championnat. Ça ne date pas d’aujourd’hui. On l’avait déjà parfois observé sous Philippe Clement ou Alfred Schreuder. Mais Bruges était tellement fort qualitativement, que l’équipe parvenait quand même à gagner en championnat malgré ce manque d’organisation. Parker essaie de résoudre ce problème. Mais Bruges doit avoir les deux armes : la domination offensive et l’organisation défensive. Ce n’est pas si simple de changer les choses si vite en tant qu’entraîneur.”
Mais les résultats en D1A cette saison ne sont pas terribles au vu du noyau à disposition.
”Bien sûr, il y a énormément de qualités, mais il faut faire prendre la sauce et ce n’est parfois pas évident. Il faut laisser du temps à Parker, au moins jusqu’au terme de la saison. L’objectif est de se qualifier pour les Champions playoffs. Ensuite, les dirigeants feront leur devoir et verront si le bilan en fin de saison est positif ou pas.”
Sa passion pour le golf et l’esprit de compétition
Tenerife, c’est votre nouveau “chez vous” ?
”J’ai encore quelques obligations en Belgique, donc j’y passe une partie de ma vie. Mais comme je suis passionné de golf, je suis souvent dans cette région, c’est vrai.”
Avec toujours la même passion dans tout, aussi dans le golf. Et ce culte de la victoire…
”Il m’a surtout habité au niveau professionnel. Je l’avais en étant joueur évidemment, et puis j’ai essayé de l’inculquer lorsque j’étais entraîneur. À mes joueurs, mais aussi à tout un club. La culture de la victoire, ça doit vivre dans toutes les sphères d’un club. Au niveau du golf, j’ai toujours cette envie de bien faire les choses. Gagner un petit tournoi ou une petite compétition entre amis, c’est aussi fort important, il ne faut pas l’oublier, et tout le monde est très motivé (rires). Mais l’important à mes yeux, c’est de bien faire les choses. Quand je vais jouer au golf, ce n’est pas pour me balader. Sinon, je fais une simple promenade. C’est pour chaque fois viser le coup parfait. Et quand on en réussit un sur un parcours, on rentre heureux.”
Je me suis toujours dit que s’il y avait une récompense au bout, cela valait la peine de faire des sacrifices.
Vous resterez compétiteur jusqu’au bout de votre vie, non ?
”Je crois que c’est inné, que je suis tombé dedans étant petit. Ou alors non, peut-être que c’est venu petit à petit. Je ne sais pas, en fait. Dans le football, on nous forme à devenir des machines à gagner. Mais c’est devenu une deuxième nature au fil de l’évolution de ma vie, et de ma carrière surtout.”
Plus vous gagnez, plus vous avez envie de gagner. Et vous avez commencé à gagner très jeune…
”Je ne vais pas dire que j’ai le meilleur palmarès. J’étais souvent dans de bonnes équipes mais pas dans les meilleures de chaque pays, à la base. Je me suis toujours dit que s’il y avait une récompense au bout, cela valait la peine de faire des sacrifices.”

Les Diables rouges
Avez-vous été contacté pour reprendre les Diables rouges ?
”La Fédération a été extrêmement correcte me concernant. Je suis reconnaissant de la manière avec laquelle ils m’ont abordé. Parce que oui ils m’ont abordé. Le fait que je ne sois pas présent à la Fédération, quel que soit le rôle, c’est uniquement ma décision. Je ne suis plus près à faire certaines choses aujourd’hui.”