Antonietta, future épouse de Noë Dussenne, a reboosté le défenseur: "Si quelqu’un doit partir, ce n’est pas toi"
C’est par ces mots qu’Antonietta, la future épouse de Noë Dussenne, a reboosté le Standardman lorsque ce dernier était mis à l’écart.
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Publié le 19-11-2021 à 19h57 - Mis à jour le 20-11-2021 à 09h13
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Le 7 août 2019 fera date dans la carrière de Noë Dussenne. Le Mouscronnois réalise un de ses rêves : signer au Standard. Le 16 octobre 2021, soit 801 jours après avoir apposé sa signature au bas de son contrat, le défenseur central dispute son premier match en tant que titulaire à Sclessin face à son public. En deux ans, le central droit a tout connu : la rupture des ligaments croisés du genou quelques jours après ses grands débuts, le Covid, à son retour de blessure, qui l’aura cloué au lit durant 15 jours, lui faisant perdre cinq kilos. Mais également la mise à l’écart, durant de nombreux mois, sous la direction de Mbaye Leye.
Durant toutes ces étapes compliquées de la vie d’un footballeur, le Standardman a pu compter sur le soutien indéfectible de sa future femme, Antonietta. Cette dernière revient sur les moments clés des derniers mois de la carrière de son futur mari et père de son enfant.
Sa mise à l’écart : "Tu n’abandonneras pas après tous tes sacrifices"
Le moins qu'on puisse écrire, c'est que les derniers mois ont été difficiles à vivre pour le défenseur des Rouches. "Depuis que je connais Noë, je ne l'avais jamais vu euphorique après une belle prestation au point de ne plus toucher le sol et, à l'inverse, je n'ai pas souvenir de l'avoir vu partir au travail avec la boule au ventre. Là, c'était devenu le cas", précise celle qui partage sa vie. "C'était une situation totalement différente de celle qu'on avait vécue en 2019 avec sa blessure. À l'époque, il avait accusé le coup mais une fois la blessure acceptée et le premier jour de revalidation passé, il était configuré à revenir dans le coup. Ici, il se battait contre un mur."
La mise à l'écart, qui débutera réellement après la défaite à Zulte Waregem (le 21 février) et ce, même s'il sera encore titularisé une fois par la suite (à Ostende), est alors difficile à vivre. Elle l'est d'autant plus cet été lorsqu'à la reprise, Mbaye Leye assène ces mots à son joueur : "Cette saison, tu joueras moins que la précédente." Le ton était donné, Dussenne n'allait plus jouer.
Les mots d'Antonietta vont alors être déterminants pour la suite de la carrière de son futur époux. "J'essayais d'avoir les bons mots pour le remotiver, le rebooster. Je lui ai rappelé tous les sacrifices consentis pour arriver ici, au Standard, pour réaliser l'un de ses rêves. Je lui ai dit qu'il n'avait pas le droit d'abandonner."
Le point de non-retour est atteint un jour de juillet. Le 24, au lendemain du premier match de championnat face à Genk pour lequel Dussenne n'était pas repris, le Standard affronte le Fortuna Sittard en amical. Une rencontre destinée à donner du temps de jeu à ceux qui n'en ont pas eu. Noë Dussenne restera sur le banc. "Il l'a pris comme un manque de respect" , se souvient sa future femme.
À cet instant, Noë Dussenne, qui est toujours très posé et réfléchi dans ses choix, rencontre le doute. "Avant cela, il n'avait jamais émi le désir de partir; il n'y avait même pas songé un instant. Il lui restait encore deux ans de contrat et on sait qu'en foot, tout peut aller très vite. Mais là, il se sentait impuissant, face à un mur. Il n'avait pas le sentiment d'être encore maître de son destin. Comme il n'y avait aucune solution, la seule échappatoire, c'était le départ. On en a alors discuté tous les deux et c'est là que j'ai vu Noë dans le doute; c'était même la seule fois."
Antonietta ne doit alors pas palabrer longtemps pour chasser le doute de l'esprit de son homme. "Je lui ai à nouveau dit qu'il méritait d'être là, qu'il portait à merveille les couleurs du club et ses valeurs. Il n'avait jamais rien eu à se reprocher. Je lui ai dit : 'On ne va pas fuir une situation qu'on ne maîtrise pas. Ce n'est pas à toi de partir.' Il a alors changé d'état d'esprit et s'est dit que si quelqu'un devait partir, ce n'était pas lui et il a bien fait (rires)."
Les explications de Mbaye Leye : "De l’injustice et de l’indifférence"
À plusieurs reprises, Noë Dussenne a tenté d'obtenir des explications de la part de son coach. "Il l'a toujours fait dans le respect des valeurs qui lui ont été inculquées par ses parents. Noë n'est pas du genre à faire des vagues même s'il sait se faire respecter. La seule réponse qu'il obtenait, c'était qu'il était devancé par les autres dans la hiérarchie. Que pouvait-il répondre à cela ? Il a redoublé d'efforts mais il voyait que cela ne servait à rien, que son travail ne payerait pas. C'était un sentiment incroyable de frustration qui tranchait évidemment avec ce qu'on avait vécu durant sa rééducation. À l'époque, il était surmotivé. Ici, il faisait connaissance avec une nouvelle facette de son métier : l'injustice et l'indifférence. Cette fois, la blessure était d'ordre psychologique."
Que ce soit à Mouscron ou encore au début au Standard, Mbaye Leye et Noë Dussenne entretenaient de bonnes relations. "C'était d'autant plus incompréhensible qu'ils s'entendaient très bien. Il n'y a jamais rien eu de personnel entre eux, du moins à notre connaissance. C'était indéfinissable. Une personne peut facilement changer avec la notoriété."
De nature joviale, Noë Dussenne perd un peu de sa joie de vivre mais il tient à ne pas ramener les problèmes à la maison d'autant que le couple traversait une période délicate. "À ce moment-là, on rencontrait des moments compliqués en étant obligés de recourir à la PMA (procréation médicalement assistée) pour notre bébé que nous désirions plus que tout au monde. Ce n'était pas simple à gérer et Noë devait gérer ces deux situations de front. Je le soutenais pour sa mauvaise passe au foot et lui en faisait de même avec moi pour les problèmes que nous rencontrions. On s'est soutenus et on a remonté la pente ensemble."

L’annonce du changement de coach : "Cela a été un soulagement"
Après la défaite 3-1 à Malines, Noë Dussenne et sa compagne apprennent le départ du staff sportif. "C'est triste à dire, mais on était contents, c'était un soulagement", assure Antonietta. "On s'est dit : 'Voilà, c'est fini, on va pouvoir repartir d'une page blanche', sans avoir aucune garantie car le nouveau coach aurait également pu se passer de Noë."
Dès les premiers contacts avec Luka Elsner, le courant passe et le Rouche retrouve des couleurs. "Lorsqu'il rentrait, il m'expliquait comment cela se passait avec le nouveau T1, que l'humain était revenu au centre du projet. Il était à nouveau lui, content et souriant. Il m'a même ramené plusieurs fois des fleurs (rires)."
Le 16 octobre dernier, Dussenne est titularisé contre OHL et tient 83 minutes. "J'étais tellement heureuse de le revoir sur le terrain, et fière de lui. Après la rencontre, il est revenu à la maison avec un double sentiment : celui de la satisfaction d'avoir rejoué mais aussi celui de la frustration des deux points perdus après avoir mené 2-0."
Son match parfait à Bruges : "Sur le penalty, j’ai cru que j’allais accoucher"
Il y a 15 jours, à Bruges, l’ancien joueur de Mouscron a livré une partition parfaite. Buteur sur penalty, il a également été intransigeant dans l’autre rectangle.
"C'était un grand match", assure celle à qui il passera la bague au doigt. "Avec le papa de Noë, nous sommes très complices. On s'est envoyé des messages tout le match."
Les smartphones ont alors surchauffé au moment du penalty botté par le défenseur. "Je savais qu'il allait le tirer car il me l'avait dit la veille. Le problème avec Noë, c'est qu'on ne sait jamais réellement s'il est sérieux ou non. Là, il l'était. Quand je l'ai vu, ballon à la main aux côtés de l'arbitre, j'ai dit à mon beau-père : 'ce n'est pas possible, je vais accoucher' (rires). Une fois de plus, il ne nous a pas déçus. Après le but, il a eu un petit geste pour notre fils dans sa célébration. Auparavant, lorsqu'il marquait, ses célébrations m'étaient toujours destinées. Maintenant, cela va changer et cela me va (sourire)."
Son futur : "Il a envie de rester ici sur le long terme"
À 29 ans, alors qu'il est déjà dans sa troisième saison en bord de Meuse, Noë Dussenne ne compte encore que 39 matchs en Rouche. "Je pense qu'il a envie de rester ici, à moyen voire même à long terme. Il se sent bien à Liège. C'était son objectif de jouer au Standard et maintenant, le prochain sera d'accumuler les matchs après avoir connu les montagnes russes."
Le prochain objectif du droitier d'un mètre 92 sera surtout d'ordre privé avec la venue de son fils, programmée pour le mois de février. "Je ne doute pas un seul instant du fait qu'il fera un père formidable. Il y pense de plus en plus, il en rêve quasiment toutes les nuits (rires)."