Authenticité, simplicité, charisme et culture du travail : voici comment Deila a redressé le Standard
Chant à sa gloire et calicot géant à son effigie, le Norvégien a conquis tout le monde. Immersion dans la méthodologie d’un T1 qui fait l’unanimité.
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Publié le 11-03-2023 à 09h48
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Cet été, les fans rouches ont vu débarquer un T1 nordique en provenance de New-York. Une simple recherche sur le net leur permettait de se faire une idée sur le personnage. Avant même d’avoir mis un pied en bord de Meuse, Ronny Deila s’était déjà attiré la sympathie des gens. Un constat renforcé, décuplé même à son arrivée. Aujourd’hui, le Standard tient enfin un coach qui colle parfaitement à son image : bouillant, mais toujours dans le respect des limites, passionné, entraînant et surtout inspirant. En un peu moins de 9 mois, la Deila mania s’est emparée de Sclessin à tel point que le coach a désormais sa propre chanson, du jamais vu avant lui. Coup d’œil, en six points, sur la méthodologie du T1 norvégien qui permet aux Rouches de croire au top 4 avant le choc de dimanche à Bruges.
1. Avec lui, le foot, c’est simple
Ce sont les mots d’Arnaud Bodart lancés juste avant le dernier Clasico à Anderlecht. Lorsqu’on lui demandait quelle était la force principale de son coach, la réponse était aussi simple que rapide. “Il a amené de la simplicité dans un sport qu’on a tendance à rendre complexe. Avec lui, le foot, c’est simple. Il ajoute à cela une gestion humaine parfaite. C’est génial de bosser avec lui, tout le monde est souriant en semaine.” Lorsque vous posez la même question à Sclessin ou sur les hauteurs de l’Académie, tous vous répondront comme le portier rouche. Ronny Deila n’intellectualise pas le foot. Pour obtenir des résultats, il faut être au top et pour y parvenir, il faut définit un certain style de vie et d’hygiène tournés en permanence vers la performance.
À 47 ans, Deila sait aussi vivre avec son temps même si le foot business ne lui plaît pas forcément. “Aujourd’hui, on voit des joueurs quitter leur club pour des sommes astronomiques alors qu’ils n’ont encore rien prouvé”, précisait-il durant le mercato. “Il a pour coutume de dire que lui et les membres de son staff sont des professeurs et des éducateurs qui s’occupent de jeunes qui sont souvent amenés à avoir rapidement beaucoup d’argent à gérer. De nos jours, les jeunes peuvent plus vite tomber dans la facilité et cela n’amène pas à la performance. C’est pourquoi il répète sans cesse ses fondements : le travail et l’équilibre dans la vie”, nous précise-t-on dans son entourage.
2. Il procède par étapes et sait s’adapter
Ces dernières années, nombreux sont les T1 qui se sont cassé les dents à vouloir tout révolutionner dans un club qui partait à la dérive sur bien des terrains. Ronny Deila a, lui, apporté son expertise mais aussi et surtout son expérience de divers championnats. Comme les autres, il a rapidement vu qu’il fallait changer les choses. “J’aimerais que mon équipe ait une identité de jeu bien ancrée. C’est à cela qu’on reconnaît les grandes équipes”, précisait-il à ses débuts. Ce discours initial a en réalité été le fil rouge du Norvégien tout au long de la saison. “Mais il a fait les choses dans l’ordre, sans se précipiter”, assure-t-on au club. Autrement dit, Deila a procédé par étapes. Il savait où il voulait en venir mais il n’a pas souhaité aller plus vite que la musique. C’est ainsi qu’avec une équipe qui ressemble fortement à celle de la saison dernière, il est parvenu, aujourd’hui, à disputer un match à Bruges qui pourrait ouvrir les portes du top 4 au club liégeois. Une éventualité totalement impensable il y a encore quelques mois. Deila a le goût du travail et il ne se plaint pour ainsi dire quasiment jamais dans les médias. Ce qu’il n’a pas, en termes de joueur, il ne va pas l’inventer, il s’adapte et trouve des solutions. C’est ainsi qu’il a su contourner pas mal d’obstacles comme les cas Raskin et Amallah. Il a d’abord dû composer sans le Marocain et ensuite, sans le Diablotin. Pareil en janvier dernier avec le départ de Dragus, dont plus personne ne parle à Sclessin, ou encore le dossier délicat de la non-prolongation et du transfert avorté de Noë Dussenne. Tous ces écueils n’ont pas mis à mal la cohésion de groupe qu’il a créée.

3. Il inculque une culture du travail
Franc, direct et honnête, Ronny Deila n’aime pas les situations qui pourrissent lentement mais sûrement son vestiaire. C’est pourquoi il s’est agacé de la lenteur du dossier de Nicolas Raskin. Durant le stage hivernal, il a senti que cette situation mettait à mal l’équilibre de son noyau. Il a donc rapidement cherché à crever l’abcès avec le joueur avant sa mise à l’écart. “Il n’est pas du genre à laisser traîner les choses. Il dit rapidement les choses, va au contact, ne laisse pas moisir une situation. Il n’y a pas de problème qui reste insoluble avec lui”, peut-on entendre en interne.
"Avec lui, il n'y a aucun problème qui reste insoluble."
Le dialogue est un des fondements de la recette Deila. Toutes les semaines, l’ancien patron de New-York organise une réunion staff au sens large à laquelle assistent ses assistants, le médical, le team management, Fergal Harkin, Quentin Gilbert ainsi que le service communication. Avec le groupe, en plus des meetings collectifs, il enchaîne les rendez-vous individuels ou alors par position : les attaquants ensemble, les défenseurs, etc.
Ce qui plaît beaucoup aux joueurs, c’est aussi le fait qu’il a ramené les séances d’entraînement à une par jour. Deila trouvant ainsi que le temps entre deux séances n’était pas productif, sauf en période de stage. Aussi, il a instauré un système de séances complémentaires à la demande qui sont souvent orchestrées par ses adjoints Efrain Juarez ou l’Écossais Frazer Robertson. Lorsque les joueurs bénéficient, comme ce fut le cas après le succès à l’Union, de trois jours de congé, certains reviennent au club après un jour pour obtenir du travail complémentaire. C’est le cas des joueurs revenant de blessure ou ceux qui n’ont pas beaucoup de temps de jeu comme Melegoni ou Davida par exemple. Ronny Deila inculque à ses troupes une culture du travail en les responsabilisant. Il tient souvent ce discours à ses joueurs : “où veux-tu arriver dans ta carrière ? Qu’est-ce que tu comptes mettre en œuvre pour y parvenir ? Sois franc, dis les choses car nous (le staff), on est là pour t’aider à atteindre tes objectifs. Veux-tu progresser ou souhaites-tu stagner ?” Ce n’est pas un hasard si certains joueurs sont transfigurés sous ses ordres à l’instar de Dönnum ou encore Balikwisha qui n’avait encore jamais réussi à percer. Ronny Deila est assurément un coach challengeant “Ronny arrive à tirer le maximum de chaque joueur en leur faisant croire qu’ils sont les meilleurs”, nous assurait, il y a peu, Ole Martin Arst.
"Ronny est un coach challengeant pour ses joueurs."
4. Il dégage une aura, un charisme puissant
Il a souvent été reproché au vestiaire liégeois d’imposer sa loi. Combien de coachs en ont fait les frais auparavant ? Aujourd’hui, le rapport de force s’est inversé. Par sa stature, son discours et ses attitudes, Ronny Deila en impose et plus que jamais, c’est lui, le boss. Entraînant et inspirant, il arrive à prendre tout le monde dans son sillage. “Son phrasé, parfois cru, captive son assemblée. Il a une capacité à attirer l’attention et à créer la tension dans ses propos. Il est investi, brut de décoffrage, authentique”, assène-t-on au club.
Du coup, c’est du pain béni pour la communication du club qui a lancé, cette saison, les fameux épisodes Inside qui plongent dans l’intimité du vestiaire avant, pendant et après les matchs. “Quand les résultats sont là et qu’on a un personnage comme Ronny Deila qui, par son naturel et sa spontanéité, sert totalement le produit, c’est bien plus facile. Il faut d’ailleurs ici mettre en avant l’accessibilité du coach, ce qui n’a pas toujours été le cas avec certains de ses prédécesseurs”, nous précisait Olivier Smeets, directeur de la communication du club durant le stage à Marbella.
5. Il prend la lumière
Cette saison au Standard, tout est nouveau, ou presque. Nouvelle direction générale, sportive, nouveau staff. Mais pourtant, si vous demandez aux supporters ou aux observateurs dont nous faisons partie qui incarne le mieux le renouveau du Matricule 16, tous vous répondront : Ronny Deila. “Le fait qu’il prenne la lumière, dans les bons comme dans les mauvais moments, permet aux autres membres du club de travailler plus sereinement. ” Après avoir été intronisé CEO DU Football Group de 777 Partners, Don Dransfield avait précisé à Pierre Locht, lors de sa première visite à Sclessin en parlant de Ronny Deila : “je le connais bien, crois-moi, c’est le top au niveau de la personnalité. C’est quelqu’un dont vous allez devoir profiter. ”
Don Dransfield à Pierre Locht: "Vous devez profiter de la présence de Ronny Deila."
Aujourd’hui, Deila est la coqueluche du public. Face à Westerlo, alors que cela n’était encore jamais arrivé, la T3, reprise par tout le stade, a commencé à entonner une chanson à son nom lors du tour d’honneur toujours ponctué par son fameux Ronny Roar en cas de victoire. En tribune, on a même pu voir un calicot géant représentant sa tête. Cette Deila mania était également perceptible lors du dernier entraînement ouvert où il était le premier à l’applaudimètre, et de loin.

Cette frénésie autour du T1 liégeois a même poussé même le club à développer un produit merchandising à son effigie et qui sortira dans les prochains jours.
6. Populaire partout en Belgique… et ailleurs
Dans l’histoire récente ou même plus ancienne, rares sont les coachs du Standard qui ont fait l’unanimité en dehors des frontières de la principauté de Liège. Gentleman, Deila semble plaire à tout le monde si bien qu’il lui arrive souvent de poser avec des fans adverses ou de signer des autographes lorsqu’il se rend lui-même dans les stades de Pro League pour visionner les adversaires. Le technicien aime d’ailleurs souvent se renseigner sur les stades qu’il ne connaît pas encore. Comme c’était le cas à l’Union. Il voulait savoir dans quel cadre allait évoluer son équipe, si le stade allait être full, si l’ambiance y était bonne. La couverture médiatique tant autour du club que du Norvégien s’en fait également ressentir. Aujourd’hui, il intéresse davantage la Flandre, qui a pris du plaisir à voir Deila s'amuser lors de la soirée du Soulier d'or fin janvier dernier.Blagueur, détendu et accessible, le T1 rouche, qui a soigné ce soir-là sa réputation de bon vivant, avait marqué des points au nord du pays.
Au club, on a conscience de détenir en la personne de Ronny Deila une personnalité et un coach de qualité. “Pour la première fois depuis longtemps, on se dit en interne qu’un jour, notre T1 quittera le club pour un niveau supérieur en Europe. “