Tapsoba revient sur son départ du Standard : “Je veux prouver que j’ai bien le niveau pour jouer en Europe”
L’attaquant burkinabé de 21 ans vient de qualifier son pays pour la CAN. Il revient sur ses derniers mois au Standard.
- Publié le 30-03-2023 à 08h01
En inscrivant l’unique but de la rencontre face au Togo la semaine dernière, l’ancien Rouche Abdoul Fessal Tapsoba a largement contribué à la qualification du Burkina Fasso (entérinée mardi soir après un partage 1-1 face à ce même Togo) à ce qui sera sa 13e CAN. Prêté avec option d’achat (2 M €) l’hiver dernier au Sheriff Tiraspol, champion de Moldavie en titre, l’attaquant burkinabé de 21 ans a retrouvé la forme. Il revient sur les circonstances de son départ et sa nouvelle vie à plus de 2 000 km de Liège.
Abdoul Fessal, comment cela se passe-t-il pour vous en Moldavie ?
”Je ne vais pas vous mentir, cela a été difficile à mon arrivée. Je suis seul, sans famille et ami ici et j’ai rapidement été confronté à la barrière de la langue, ce que je ne connaissais pas au Standard. Débarquer en milieu de saison n’est jamais simple pour un joueur, mais j’ai tout de même réussi à me faire ma place et à prendre du temps de jeu. Heureusement, il y a beaucoup d’Africains au club, dont deux Burkinabés qui m’ont bien aidé à m’intégrer. En dehors du foot, il n’y a pas grand-chose à faire. À vrai dire, après les entraînements, mon quotidien se résume à rentrer à mon appartement. Mais je ne vais pas me plaindre, je sais ce que je dois faire : me montrer pour pouvoir rebondir par la suite.”
Sportivement, vous comptez six titularisations en sept rencontres et un but inscrit en Conference League face à Nice.
”Sur ce plan-là, cela se passe bien pour quelqu’un qui n’a pratiquement plus joué pendant six mois (NdlR : il comptait douze apparitions avec le Standard et le SL16 FC pour 565 minutes et deux buts en U23). À chaque match, je monte en puissance. Ceux qui ont suivi notre parcours en Conference League (élimination en huitièmes de finale), ont pu s’en rendre compte. À mes débuts, physiquement, j’ai un peu accusé le coup, mais ensuite, j’ai trouvé le bon tempo en modifiant mon rythme d’entraînement et de soins pour être performant le plus rapidement possible. J’ai également fait pas mal de renforcement musculaire pour ne plus connaître de blessure comme durant la préparation estivale avec le Standard (déchirure aux ischios).”
En Conference League, vous vous êtes fait remarquer face à Nice avec notamment un 7/10 dans le quotidien L’Équipe.
”C’était pas mal, les dirigeants de Nice ont salué ma performance tout comme ceux du Partizan Belgrade au tour précédent. C’est positif pour moi, car avec le Sheriff Tiraspol, je voulais prouver que j’ai bien le niveau pour évoluer et réussir en Europe. Avec ces quatre rencontres européennes, j’ai pu montrer ce que j’avais dans les jambes et j’entends bien poursuivre de la sorte en championnat et en Coupe.”
Le coach italien, Roberto Bordin, vous accorde sa confiance ?
”Oui et il me donne pas mal de liberté dans le jeu. En général, j’évolue sur les deux flancs et je passe dans l’axe lorsqu’il faut apporter de la vitesse et de la puissance. Lorsque je suis arrivé, il m’a dit que le but était de remporter le titre et de disputer les barrages de la Ligue des Champions. La Coupe est également importante pour le club.”
Parlez-nous du niveau de jeu en Moldavie.
”Au niveau technique, ce n’est pas ce qui se fait de mieux, il faut être honnête. Mais au niveau des duels et de l’intensité physique, c’est très compliqué. D’ailleurs, mes chevilles peuvent en attester. Je ne vous cache pas que j’ai parfois peur d’être blessé tant il y a de l’intensité dans chaque duel. Je suis davantage ciblé ici qu’en Pro League, mais encore une fois, je n’ai pas le choix, je dois m’adapter.”
Voyez-vous votre avenir du côté de Tiraspol ?
”Je laisse ça à mes agents et je me concentre sur mon foot et mes statistiques pour trouver une porte de sortie qui sera meilleure pour moi. Comme je l’ai déjà dit, je veux performer en Europe.”
Vous avez été décisif avec le Burkina Fasso face au Togo. Un départ du Standard était aussi souhaitable pour votre sélectionneur, Hubert Velud ?
”Il m’a beaucoup parlé et aidé durant ma période compliquée à Liège. Même s’il m’a dit qu’il me faisait confiance, il m’a fait comprendre qu’il était dans mon intérêt de trouver un nouveau port d’attache pour avoir du temps de jeu. Au pays, il y a beaucoup de critiques quant aux choix des joueurs sélectionnés. Reprendre un joueur qui ne joue pas dans son club, cela fait tache. Le sélectionneur a d’ailleurs été partie prenante dans mon passage au Sheriff Tiraspol puisque les dirigeants du club l’ont contacté pour prendre des renseignements à mon sujet. On a alors parlé de cette porte de sortie moldave et il m’a conseillé de rejoindre cette formation. Il était venu à Liège pour me voir lors d’un match des U23, mais je n’étais monté au jeu que dans les derniers instants.”
"Mon sélectionneur m'a fait comprendre que je devais partir pour garder ma place en sélection."
Même si on se doute que la Moldavie ne faisait pas partie de votre plan de carrière, vous ne regrettez pas votre choix ?
”Non, car pour un joueur, l’essentiel, c’est de jouer. Un joueur qui ne joue plus n’est pas un homme heureux et c’est ce que j’étais devenu au Standard. Cela ne servait à rien de s’entêter. Alors, même si le niveau est inférieur ici, j’entends bien montrer à tout le monde que j’ai le niveau pour l’Europe et que je mérite ma place en équipe nationale.”
Comment avez-vous vécu votre départ du Standard ?
”Je ne vais pas vous cacher que c’était difficile à vivre. Il y avait d’autres possibilités. Seraing ? Oui, c’en était une. Mais à chaque fois, cela bloquait par rapport à mon salaire ou à l’option demandée par le Standard (2 M €). C’est tout de même une grosse somme pour un joueur qui ne joue plus.”
Ces derniers mois, vous n’étiez plus vraiment vous-même ?
” Non, je ne ressentais plus d’émotion. J’étais là sans être là. Mais j’essayais toujours d’être professionnel. C’est d’ailleurs pour ça que Ronny Deila m’a repris face à Eupen le 27 janvier. Mais mentalement, j’étais cassé.”
Pourtant, l’été dernier tout se passe bien avec cette prolongation de contrat (jusqu’en 2025). Et ensuite, c’est la douche froide après cette blessure en préparation…
”Je crois vraiment que ce coup d’arrêt a constitué un tournant dans ma saison. Je venais de prolonger, le coach m’avait dit qu’il comptait sur moi. J’ai travaillé pour revenir, je monte à Westerlo et je marque, la semaine suivante je suis titulaire contre OHL et j’inscris un nouveau but, malheureusement annulé et ensuite, plus rien.”
"Je n'étais plus heureux, je n'avais plus le sourire. Ce n'était agréable ni pour moi ni pour le club."
Et on vous fait comprendre que vous pouvez partir.
”On a appelé mon agent pour lui dire qu’il fallait que je sois prêté pour avoir du temps de jeu, car un autre attaquant arrivait (Stipe Perica). Dès le lendemain, Courtrai s’est manifesté. Mais rapidement, on nous a dit que je ne pouvais plus bouger. Ce n’est qu’à une semaine de la fin du mercato qu’on m’a à nouveau précisé que je pouvais partir en prêt.”
Vous êtes alors reversé en U23.
” Pour un jeune, qui a déjà goûté aux pros, joué l’Europa League, c’était dur à accepter. Je n’avais plus le sourire le matin en allant à l’entraînement, je n’avais jamais connu pareille situation. C’était désagréable pour moi et, il faut bien le dire, cela a dû l’être aussi pour le club, car je n’étais plus moi-même.”
Un retour au Standard vous semble impossible ?
”Pour le moment, j’ai du mal à l’imaginer, surtout vu comment cela s’est passé pour moi là-bas ces derniers mois. Après, si je dois revenir, je peux assurer que je me donnerai à fond pour obtenir ma chance et si je la reçois, je la saisirai, car j’ai envie de procurer du plaisir aux supporters du Standard.”
Le Standard restera tout de même le club qui vous a lancé en Europe.
”Je ne cracherai pas sur le club, c’est certain, car il m’a beaucoup donné, tout comme ses incroyables supporters. C’est pour eux que j’ai voulu rester, car quand je mettais un pied au stade, j’étais transporté par leur ferveur. C’est dommage que je n’aie pas été en mesure de leur apporter plus, mais qui sait ce que l’avenir nous réserve.”
"Si je dois revenir et qu'on me donne ma chance, je la saisirai."
Aujourd’hui, le Standard peine à trouver son buteur, qu’est-ce que cela vous inspire ?
”Je ne suis pas dans le jugement. Je sais que, cette saison, j’avais la volonté farouche de prouver que je pouvais devenir un atout majeur pour l’équipe. Cela n’a pas été possible, tant pis. Je dois maintenant me concentrer sur moi. Une chose est certaine, cet épisode de ma jeune carrière va me forger un caractère. Cela m’a permis de prendre en maturité. Je souhaite évidemment le meilleur au Standard où j’ai encore beaucoup d’amis comme Bope Bokadi ou encore William Balikwisha. Je n’ai aucune rancune.”
”Je suis heureux pour lui, car il le mérite vraiment. C’est un top gars. C’est vrai qu’il a connu pas mal de coups durs et maintenant, il a réussi à s’affirmer. J’espère qu’on se reverra sur ou en dehors du terrain.”
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