Le directeur sportif du Standard sur le départ de Ronny Deila à Bruges : “Ce que cela me fait humainement ? Je ne préfère pas en parler…”
Fergal Harkin en avait gros sur le cœur au moment d’évoquer le départ de son ami à Bruges. “On était venu pour trois ans, pas pour partir au bout de la première année.”
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Publié le 25-05-2023 à 20h27 - Mis à jour le 26-05-2023 à 08h37
Samedi dernier à Westerlo, avant le coup d’envoi du match, Ronny Deila assurait à ses joueurs qu’il prendrait une décision quant à son avenir dans le courant de la semaine prochaine. Un discours qu’il a répété, dans l’intimité du vestiaire, après la cuisante défaite et ce, quelques minutes avant de préciser en conférence de presse n’avoir eu aucun contact direct avec le Club de Bruges. “Qui croyez-vous, eux ou moi ?” nous avait-il même rétorqué lorsqu’on lui demandait s’il était proche d’un accord.
Après des semaines de discussions et négociations, Ronny Deila a pris sa décision et a donc opté pour le projet brugeois. C’est sur le coup de 9 heures, ce jeudi, qu’il l’a annoncé à son groupe avant de quitter définitivement le Standard. Même si cette annonce était latente, elle a tout de même plombé l’atmosphère du vestiaire où on s’est dit : “Tout est à refaire.” C’est que les joueurs entretenaient une relation forte avec le Norvégien qui axait tout sur l’humain. Son type de management, comme le fait d’accorder plus de congés, était apprécié par le vestiaire. “Avant l’entraînement, j’ai tout de même vu des gars déterminés à poursuivre le projet lancé il y a 10 mois”, assurait Fergal Harkin en conférence de presse. Mais une chose est certaine, à Sclessin, tout le monde l’a mauvaise.
Fergal Harkin touché mais déterminé
Après avoir annulé le point presse habituel d’avant match programmé à 12h45, le Standard a convié les médias à une conférence de presse plus tard dans l’après-midi. Pierre Locht et Fergal Harkin y ont exposé leur vision du départ du technicien norvégien. Là où le CEO semblait plus terre à terre, le directeur sportif n’a pu cacher son émotion et sa tristesse. Comme s’il se sentait trahi par son ami de toujours. “Ce que me fait le départ de Ronny sur le plan personnel ? Je ne préfère pas en parler.” Tout était dit. Le directeur sportif des Rouches a tout fait pour convaincre son ami de rester à bord. “Jusqu’à mercredi soir, j’étais encore persuadé de pouvoir le convaincre. Sur le plan professionnel, c’est difficile à vivre. Est-ce que je comprends sa décision ? Non, clairement pas. Il était dans le meilleur club de Belgique avec un superbe projet devant lui. Il devait rester plus longtemps. Je lui ai d’ailleurs dit. On était venu pour un projet de trois ans, pas pour qu’il s’arrête au bout d’une année.”

L’émotion était perceptible dans la voix du patron sportif des Rouches mais elle a vite fait place à la détermination. “Cela fait mal, mais c’est le foot. Les joueurs et les entraîneurs partent. Lorsque je suis arrivé, j’avais déclaré que Ronny Deila était le coach idéal pour ce projet. Mais le Standard est une institution qui va fêter ses 125 ans, Ronny Deila, avec tout ce qu’il a apporté de bien, n’y est resté que 10 mois. On poursuit donc notre projet et je ne vois pas pourquoi les joueurs n’auraient plus envie de rejoindre notre club uniquement parce que Ronny n’est plus notre coach.”
"Le Standard est une institution de 125 ans, Ronny n'y est resté que 10 mois..."
Cela faisait 9 mois que Bruges courtisait Deila !
Malgré les démentis de Ronny Deila, les discussions et pourparlers étaient entamés depuis de nombreuses semaines avec le Club Bruges. “Suis-je surpris par les procédés du Club ? Vous devriez leur demander directement.” Fergal Harkin cachait difficilement son amertume quant à la façon dont les choses se sont déroulées. “Ronny nous avait mis au courant, il y a quelques semaines, des discussions avec Bruges. Il avait un choix à poser et il sait que ce n’est pas anodin de quitter un grand club pour un autre du même pays. On est déçu de ce choix et on a tout fait pour le convaincre de rester”, a embrayé Pierre Locht.

Ils ne le diront pas, mais ce qui énerve la direction liégeoise, c’est de savoir que le Club Bruges ne courtise pas Ronny Deila depuis quelques semaines mais bien depuis près de neuf mois durant lesquels des contacts auraient bien été noués avec son entourage.
La clause qui a précipité le départ du Norvégien
En juin 2022, Ronny Deila n’a pas hésité à quitter New York City en plein championnat pour rallier Sclessin. Quitter un club durant la saison ne lui a jamais fait peur et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a fait inclure une clause libératoire de 2M € lors de la première année et de 1M € la seconde dans son contrat. “C’est clair que c’est un T1 qui n’a pas été facile à attirer”, reconnaît Pierre Locht. “Dans les discussions, il a demandé de prévoir des conditions de sortie au cas où il pouvait franchir un cap dans sa carrière. Je suppose que par ce choix (Bruges), il considère que c’est le cas”, ajoute le CEO.
"Il avait demandé d'insérer une clause au cas où il pouvait franchir un cap dans sa carrière, il a sans doute estimé que c'était le cas."

Les supporters, eux, ne comprennent pas pourquoi cette clause a été incluse. “Un entraîneur a une liberté légale de démissionner. Cela reste un choix personnel avant tout”, poursuit Locht. “Je connais peu de coachs qui n’ont pas de clause dans leur contrat. Je ne regrette pas de l’avoir incluse mais je ne m’attendais certainement pas à ce qu’elle soit activée aussi tôt”, conclut Fergal Harkin.